Étude de cas sur la déréglementation des réseaux politiques pour expliquer les enjeux canadiens actuels
Auteur:
Michael Turtz

Clause de non-responsabilité : La version française de cet éditorial a été auto-traduite et n’a pas été approuvée par l’auteur.
À mesure que les pratiques en matière de politiques publiques ont changé à partir des années 1980, le champ théorique des politiques publiques et les cadres qui y sont associés ont évolué. Les cadres de politique publique continuent de changer pour s'adapter aux pratiques politiques actuelles. Au Canada, le cadre des réseaux politiques peut expliquer certaines des mesures récentes visant à éviter une récession.
Les changements intervenus dans les pratiques politiques depuis les années 1980 ont rendu difficile aux théories des politiques publiques de simplifier un monde complexe (Sabatier, 2007). Premièrement, il y a davantage d’acteurs issus de la législature canadienne, des groupes d’intérêt, de la bureaucratie et des médias. Deuxièmement, la plupart des cycles politiques durent une décennie ou plus. Troisièmement, il y a eu des différends et des débats techniques entre acteurs qui impliquent « des valeurs et des intérêts profondément ancrés » (Sabatier, 2007, p. 4). Selon Sabatier, « au cours des vingt dernières années, un certain nombre de nouveaux cadres théoriques du processus politique ont été soit développés, soit considérablement modifiés » (Sabatier, 2007, p.7).
Les quatre critères de Sabatier pour les cadres de politiques publiques analysent et expliquent avec succès les liens avec les pratiques de politiques publiques depuis les années 1980. Les cinq cadres théoriques doivent tout d’abord identifier les facteurs causals, répondre aux critères d’une théorie scientifique et avoir une portée large. Deuxièmement, chaque cadre doit faire l’objet d’un développement conceptuel et/ou de tests empiriques ; « un certain nombre de spécialistes des politiques actuellement actifs doivent le considérer comme un moyen viable de comprendre le processus politique » (Sabatier, 2007, p. 8). Troisièmement, chaque théorie doit expliquer l’essentiel du processus politique et contenir des éléments normatifs. Quatrièmement, chaque théorie doit examiner les grands aspects de l’élaboration des politiques publiques qui ont été essentiels, tels que les conflits d’intérêts et de valeurs, les flux d’informations et les variations de l’environnement socio-économique (Sabatier, 2007).
Études de cas canadiennes
Les origines des réseaux politiques ont commencé avec les triangles de fer et les réseaux thématiques. Les tendances à la simplification et à la négociation du triangle de fer entre le congrès, la bureaucratie et les groupes d’intérêt ont conduit à la création de « réseaux de questions ». Heclo (1978) a transformé ces échanges informels en lieux où les valeurs politiques, le discours intellectuel et les sentiments humains pouvaient s’exprimer » (Miller & Demir, 2007, p.139). Plus d'une décennie plus tard, dans les années 1990, des réseaux politiques ont émergé sur la base de cinq caractéristiques : 1) implication à plusieurs niveaux, 2) conception du réseau, 3) gouvernance appropriée, 4) construction et maintien de la légitimité et 5) stabilité (Provan et Lemaire, 2012). Les sous-systèmes spécifiques à un domaine politique sont le lieu où se déroule l'élaboration des politiques. De nombreux acteurs font partie de ces sous-systèmes politiques et travaillent sur des politiques spécifiques. L'interaction entre les acteurs publics et privés dicte les processus politiques et les acteurs dépendent des ressources les uns des autres (Adam et Kriesi, 2007). Plus récemment, des communautés politiques ont émergé, se concentrant principalement sur des projets de résolution de problèmes (Miller et Demir, 2007).
Howlett (2002) a examiné si les structures des réseaux « affectent l'articulation des idées et des intérêts dans l'élaboration des politiques publiques » (Howlett, 2002, p. 237). Les études de cas portaient sur quatre secteurs fédéraux au Canada qui ont été principalement impliqués dans l'élaboration des politiques de 1990 à 2000 : 1) Transports (déréglementation du transport aérien), 2) Commerce (libre-échange continental), 3) Éducation (financement postsecondaire) et 4) Banque (déréglementation bancaire). Dans les transports, le sous-système est passé de 68 membres à 55 membres. Dans le commerce, le nombre de membres est passé de 85 à 46. Dans le domaine de l'éducation, le nombre de membres est passé de 22 à 102. Enfin, dans le secteur bancaire, le nombre de membres est passé de 11 à 137.
Les changements de politique ont été définis soit par les objectifs politiques, soit par les spécifications du programme, soit par le type d'instrument et ses composants. Il n'y avait pas d'objectifs politiques ni de spécifications de programme pour les transports et le commerce, cependant, l'éducation en avait deux et le secteur bancaire trois. Alternativement, il y a eu quinze changements dans les types d’instruments et composants dans le sous-système de transport et cinq dans le commerce. Le sous-système éducatif a connu neuf changements et le secteur bancaire, six. Les secteurs qui ont connu une diminution de la taille de leur sous-système ont changé en termes de types d'instruments et de composants. Cependant, les secteurs qui ont connu une augmentation de la taille de leur sous-système ont modifié leurs objectifs politiques et les spécifications de leurs programmes. Howlett a conclu que « la structure des sous-systèmes était corrélée à des types spécifiques de changement de politique » (Howlett, 2002, p. 359).
Dans l’exemple de l’étude de cas canadienne, il y avait une causalité, l’utilisation de preuves empiriques, une explication plus approfondie du processus politique et des intérêts concurrents. Howlett a expliqué la causalité entre des sujets qui étaient importants à l'époque, tels que la déréglementation bancaire, et l'augmentation du réseau et les objectifs politiques/spécifications des programmes. Il a également utilisé des preuves empiriques provenant de sources de données secondaires sur l’appartenance au sous-système et les changements de production. Howlett a également expliqué différents aspects du processus politique en déclarant : « un modèle qui explique le changement politique comme dépendant des effets de l'articulation des idées et des intérêts dans les processus de politique publique » (Howlett, 2002, p. 237). Ces idées et intérêts concurrents étaient représentés dans les différents sous-systèmes.
Conclusion
Les pratiques politiques ont récemment changé au Canada en raison de la COVID-19, où des problèmes sont survenus allant du manque de logements abordables à l'immobilier, à la hausse des loyers et à l'inflation. Les réseaux politiques peuvent aider à expliquer les pratiques politiques actuelles en identifiant les facteurs causals, en effectuant un développement conceptuel et/ou des tests empiriques, en expliquant la plupart du processus politique et en contenant des éléments normatifs et en examinant les grands aspects de l'élaboration des politiques publiques qui ont été essentiels.
Références:
Adam, S. et Kriesi, H. (2007) L'approche réseau. Dans : Sabatier, PA, éd., Théories du processus politique, West Press, Colorado.
Héclo, H. (1978). "Réseaux thématiques et pouvoir exécutif. Pp. 87-124
Howlett, M. (2002). Les réseaux sont-ils importants ? Relier la structure du réseau politique aux résultats politiques : données probantes provenant de quatre secteurs politiques canadiens 1990-2000. Revue canadienne de science politique, 35(2), p.235-267.
Miller, HT et Demir, T. (2007). Communautés politiques. Dans Fischer, F., Manuel d'analyse des politiques publiques. Routledge.
Provan, KG et Lemaire, R. (2012). Concepts de base et idées clés pour comprendre les réseaux organisationnels du secteur public : utiliser la recherche pour éclairer la recherche et la pratique. Examen de l'administration publique, septembre/octobre, p.638-648.
Sabatier, PA (2007). Théories du processus politique. Presse Westview.