Améliorer la performance du Canada en matière d'innovation
Clause de non-responsabilité : La version française de cet éditorial a été auto-traduite et n’a pas été approuvée par l’auteur.

Indranil Mukherjee
Fondateur et président
Laboratoires Emozo, Inc.
La définition classique de l’innovation est l’amélioration de produits, de processus, de services et de modèles commerciaux ou organisationnels existants ou la création de produits, de processus, de services et de modèles commerciaux ou organisationnels entièrement nouveaux. McKinsey l’a définie comme la pratique systématique de développement et de commercialisation de produits et de services révolutionnaires destinés à être adoptés par les clients. En termes simples, l’innovation consiste à créer une nouvelle valeur pour le monde. Ou, comme le dit l’évangéliste de l’innovation John Kao, l’innovation fait référence à la transformation de conditions existantes en conditions souhaitées.
Le Canada a-t-il un problème d’« innovation » ? Selon le rapport 2023 sur l’Indice mondial de l’innovation, nous nous classons au 15e rang sur 132 pays participant à l’étude. C’est plutôt bien, n’est-ce pas ? Les classements de l’OMPI au cours des quatre dernières années indiquent que le Canada a conservé sa position assez impressionnante, mais ne s’est pas vraiment amélioré sur aucun des axes. Pas mal, non ?
Le véritable problème et la véritable raison derrière la nécessité d’une conversation nationale sur l’innovation se trouvent peut-être ailleurs. La croissance de notre PIB est à la traîne par rapport à celle de nos pairs. Selon les chiffres de septembre 2024 publiés par Statistique Canada (PIB, aux prix de base), la croissance de notre PIB oscille autour de 1 % depuis 2019. Plus important encore, il n’y a eu presque aucune croissance dans les secteurs clés que sont la fabrication, l’agriculture (et les domaines connexes), les ressources naturelles (et les domaines connexes) et l’énergie. Les technologies de l’information et les services professionnels et techniques sont les deux seuls à avoir enregistré un TCAC de 5 % ou presque.
L'innovation est essentielle car elle constitue la pierre angulaire de la croissance économique mondiale à long terme et de l'amélioration de la qualité et du niveau de vie. Selon le ministère américain du Commerce, en 2010, l'innovation technologique était associée à 75 % du taux de croissance américain depuis la Seconde Guerre mondiale. Une autre étude estime qu'environ 50 % de l'augmentation annuelle du produit intérieur brut (PIB) américain peut être attribuée à l'innovation. De même, une autre étude suggère que l'innovation a été responsable des deux tiers de la croissance de la productivité dans le secteur privé britannique entre 2000 et 2007.
Il est donc évident que l’innovation joue un rôle crucial dans l’économie mondiale. Pour exploiter pleinement le potentiel de l’innovation, deux conditions essentielles doivent être remplies : premièrement, des politiques efficaces doivent être mises en place pour optimiser la production d’innovation. Deuxièmement, le cadre économique et commercial mondial doit soutenir les industries axées sur l’innovation en facilitant l’accès à des marchés internationaux en expansion, en s’attaquant à la concurrence excessive hors marché et en garantissant une protection solide de la propriété intellectuelle (PI).
Notre PIB va-t-il continuer à progresser et à être stimulé si nous améliorons notre indice d'innovation ? Même si ce n'est peut-être pas le seul facteur, il ne fait aucun doute qu'il y contribuera grandement. Du moins, c'est ce que suggèrent l'intuition et les données empiriques.
Au cours des dernières décennies, de nombreuses mesures importantes (politiques et autres) ont été prises au Canada pour nous amener à la situation actuelle en matière d’innovation. Notre cadre de protection de la propriété intellectuelle, les crédits d’impôt collaboratifs (en Ontario) et la Patent Box (au Québec) sont de bons exemples de notre pensée progressiste passée. Cependant, ces mesures doivent être complétées par d’autres mesures opportunes à l’approche de 2025.
L’innovation en elle-même ne pourra pas produire l’effet escompté si nous ne créons pas un environnement propice à une commercialisation rapide et significative des idées. Cela signifie qu’il faut non seulement fournir une infrastructure pour la création, le développement et la protection des idées et des inventions, mais aussi offrir des avantages significatifs à la fin du parcours de commercialisation. À cette fin, voici une liste rapide de quelques mesures qui pourraient faire une grande différence.
Sur le plan plus tactique :
Création d'un réseau de business angels pour des solutions simples d'amorçage et de fonds de roulement
Bien qu’il existe déjà une multitude d’initiatives gouvernementales aux niveaux fédéral et provincial pour fournir des subventions, souvent sur une base non dilutive, aux PME de tous les secteurs, un meilleur partenariat public-privé pour mettre en place un accès plus facile aux solutions de capital d’amorçage et de fonds de roulement contribuera grandement à aider les inventeurs et les innovateurs à commercialiser leurs idées.
Faciliter la création et la fermeture d'entreprises
L’expérimentation et les échecs qui en découlent vont de pair avec le monde de l’innovation et de la commercialisation. Nous devons encourager les personnes désireuses d’expérimenter et de prendre des risques importants en facilitant la création et la fermeture d’entreprises. Les processus, en particulier ceux qui concernent la « fermeture », doivent être peu coûteux, rapides et impliquer un minimum de paperasserie.
Des mesures plus stratégiques peuvent inclure :
Des réglementations qui protègent mais ne créent pas d’obstacles
Les réglementations en matière de processus et de conformité ont un effet dissuasif sur de nombreux entrepreneurs potentiels. Aux niveaux fédéral et provincial, nous devons trouver de nouveaux moyens d’accélérer le processus, de réduire la paperasserie et d’encourager la prise de risques. Bien sûr, la nécessité de protéger les consommateurs sera toujours présente, et ce besoin peut être particulièrement élevé dans des secteurs comme la FinTech et les sciences de la vie. Cependant, les entrepreneurs ont également besoin de protection, d’incitations et d’accompagnement. Une approche plus équilibrée pourrait inciter beaucoup plus de personnes à franchir le pas et à essayer de faire quelque chose de leurs produits et idées novateurs.
Révision de nos politiques d’immigration
Les gens innovent et commercialisent leurs innovations. En tant que nation, nous attirons depuis des décennies un groupe important et diversifié d’immigrants. Alors que par le passé, nous nous concentrions sur l’accueil des jeunes, pouvons-nous désormais mettre davantage l’accent sur le niveau d’éducation, la formation et l’expertise des gens ? Si nous attirons les meilleurs, grâce à nos programmes d’enseignement supérieur et d’immigration, nous stimulerons l’innovation à terme, car ce sont ces gens qui auront les idées, l’expertise pour les poursuivre avec diligence et la discipline pour maintenir le cap sur le parcours de commercialisation. Bien sûr, la simple refonte des normes d’immigration ne suffira peut-être pas entièrement. Nous devons prendre des mesures adéquates pour aider les meilleurs et les plus brillants à s’intégrer rapidement et efficacement. Les légendes sur Internet selon lesquelles la région du Grand Toronto compte le plus grand nombre de chauffeurs Uber titulaires d’un doctorat sont probablement fausses, mais elles mettent en évidence le fait que les immigrants hautement qualifiés ont du mal à trouver le travail souhaité dans notre pays.
Faciliter la conservation des droits sur leurs travaux par les inventeurs et les innovateurs universitaires
Nos politiques doivent permettre aux créateurs et aux inventeurs associés aux institutions universitaires de conserver une part importante de la propriété de leur travail. De cette façon, ils pourront avoir de réelles possibilités de commercialiser leurs efforts d’innovation. Quelques universités accordent déjà cette flexibilité à leur personnel universitaire. Il faut que tous les établissements d’enseignement supérieur suivent cet exemple.
Alignement des incitations financières
Les bénéfices à la fin du parcours de commercialisation doivent être disproportionnés pour encourager l’entrepreneuriat. Notre régime fiscal ne doit pas freiner l’esprit d’entreprise. L’augmentation du taux d’imposition des plus-values de juin 2024 est un exemple de mesure susceptible de susciter de vives inquiétudes chez les entrepreneurs potentiels. Et cela ne peut jamais être bon pour l’innovation.
Enfin, aucun débat national sur l’innovation ne sera complet sans une discussion sur notre « problème de productivité », car notre objectif ultime est de faire croître notre économie. En termes de PIB par habitant, nous accusons un retard par rapport à de nombreux pays comparables. Bien que certains rapports indiquent que la taille moyenne des entreprises au Canada est le principal problème, il s’agit probablement d’un problème plus nuancé. La politique canadienne doit se concentrer sur l’augmentation de la productivité et le renforcement de la taille des entreprises. Nous devons également éliminer les obstacles réglementaires qui entravent le commerce et la concurrence.
Mais soyons clairs à ce sujet. L’augmentation de la productivité aura un impact positif sur le taux auquel la valeur ajoutée à notre économie sera ajoutée. Nous avons toujours besoin de ce vivier d’idées, de produits et de services et des politiques qui guident leur création, leur développement et leur commercialisation. C’est pourquoi ce débat national sur l’innovation est d’une importance capitale en ces temps difficiles.