Il est temps pour le Canada de capitaliser sur son potentiel en sciences de la vie

Publié le: octobre 2024Catégories: Stratégie d'innovation du Canada 2024, Éditoriaux
Clause de non-responsabilité : La version française de cet éditorial a été auto-traduite et n’a pas été approuvée par l’auteur.
Brigitte Nolet

Brigitte Nolet

Présidente et cheffe de la direction

Roche Canada Pharma

Le secteur des sciences de la vie est en pleine effervescence dans le monde entier. La convergence sans précédent des connaissances médicales et scientifiques, ainsi que la collaboration entre la technologie et la science des données, révolutionnent la façon dont nous diagnostiquons, traitons et prévenons les maladies. Des innovations révolutionnaires qui semblaient relever de la science-fiction il y a seulement cinq ans font désormais partie des conversations quotidiennes.

Le Canada a la possibilité de mener ces innovations et se trouve à un moment crucial pour devenir un chef de file mondial dans le domaine des sciences de la vie. Le Canada dispose déjà de plusieurs atouts : une main-d’œuvre hautement qualifiée, des établissements d’enseignement et de recherche de calibre mondial et des pôles d’innovation clés. Le secteur pharmaceutique y est également très présent et contribue de manière significative à la recherche et à l’économie canadiennes. Statistique Canada données, montre que le secteur a investi près de 3 milliards de dollars en recherche et développement (R&D), soutenu plus de 102,000 16 emplois de grande valeur et généré 2021 milliards de dollars en activité économique totale en 500. Avec environ XNUMX nouveaux produits en développement au Canada, ainsi que des avancées dans la collecte de données et l'intelligence artificielle, l'avenir de l'innovation en soins de santé est prometteur.

Cependant, l'industrie des sciences de la vie est présente partout dans le monde et, par conséquent, le Canada doit rivaliser avec d'autres pays pour l'innovation et les investissements. Alors que d'autres pays deviennent plus agiles dans leur environnement commercial et politique pour obtenir un avantage concurrentiel, le Canada doit agir rapidement pour maximiser son potentiel dans les sciences de la vie. Cela permettrait non seulement d'améliorer nos systèmes de santé et la vie des Canadiens grâce à de meilleures options de prévention, de diagnostic et de traitement, mais cela contribuerait également à attirer plus d'emplois et d'investissements en R-D pour renforcer l'économie. Pour y parvenir, les gouvernements doivent se concentrer sur trois objectifs : reconnaître la valeur globale des innovations en santé, améliorer l'infrastructure des données et continuer de collaborer avec des partenaires par le biais de diverses stratégies dans le domaine des sciences de la vie pour faire croître le secteur.

La valeur de l’innovation

Le Canada a l’occasion d’envoyer un message fort à l’échelle internationale, à savoir qu’il reconnaît la valeur considérable des innovations en santé afin d’attirer encore plus d’innovations. La valeur des innovations en santé va bien au-delà de l’amélioration des résultats pour les patients et comprend des effets positifs sur les systèmes de santé et l’économie. Les innovations en santé peuvent libérer des ressources précieuses au sein des systèmes de santé, aider les services de santé à réduire les coûts globaux par patient et garantir que les patients retournent au travail et à leur famille plus rapidement. Le Canada peut démontrer qu’il valorise les innovations en santé en réduisant les délais et les inégalités dans l’accès aux nouveaux traitements. Bien que des changements positifs aient été apportés pour mieux refléter la valeur de l’innovation, comme le fait que nos organismes d’évaluation des technologies de la santé permettent désormais de prendre en compte les mesures sociétales dans les évaluations, une approche cohérente est nécessaire sur l’ensemble du continuum d’accès – des essais cliniques accélérés à l’accès public durable – pour que nous puissions suivre le rythme des autres pays.

À l’heure actuelle, le processus d’accès aux nouveaux traitements au Canada est long, séquentiel et implique plusieurs gouvernements et organismes fédéraux, provinciaux et territoriaux différents. Selon le Conference Board du Canada (ici) , il faut en moyenne plus de deux ans aux Canadiens pour avoir accès aux nouveaux médicaments approuvés par Santé Canada par l’intermédiaire des régimes publics d’assurance-médicaments. C’est le double du délai moyen dans les pays comparables de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) comme les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie et le Japon. 

L’accès aux essais cliniques et aux nouveaux médicaments varie également considérablement selon le lieu de résidence des patients. Pour assurer un accès plus rapide aux patients, les gouvernements peuvent simplifier les processus afin de respecter les délais fixés, s’appuyer sur les collaborations internationales existantes pour mener des évaluations conjointes de médicaments, accroître la rétroaction des patients et des cliniciens à tous les niveaux de l’évaluation et offrir un soutien aux patients qui doivent se déplacer pour recevoir des traitements. En s’attaquant aux délais et aux inégalités en matière d’accès, le Canada signalerait au monde qu’il valorise et accueille favorablement l’innovation, ce qui contribuerait à attirer davantage d’essais cliniques et d’innovations au profit de tous les Canadiens.

Une meilleure infrastructure de données

Les données de santé sont un outil puissant pour éclairer les décisions en matière de soins de santé et améliorer les résultats de santé. En 2022 enquête Selon une enquête menée par des médecins, des infirmières et d’autres professionnels de la santé au Canada, environ 90 % des répondants ont indiqué qu’un meilleur partage des renseignements sur les patients entre les différents milieux de soins améliorerait l’expérience des patients, augmenterait la productivité, améliorerait la qualité des soins et renforcerait la collaboration entre les prestataires de soins de santé. Pourtant, les données sur la santé au Canada demeurent cloisonnées et il existe des incohérences dans tous les systèmes de santé quant à la manière dont les données sont collectées, stockées et partagées. Il est urgent de normaliser les données sur la santé et de mettre en place une infrastructure qui contribuera à l’autonomisation des patients, à la collaboration entre les prestataires de soins de santé et à l’amélioration de l’efficacité des systèmes de santé.

Les gouvernements prennent déjà des mesures pour remédier à ce problème. Plus tôt cet été, le gouvernement fédéral a annoncé la Loi sur les soins connectés pour les Canadiens, L’objectif est de permettre aux Canadiens d’accéder en toute sécurité à leurs propres données de santé. Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux travaillent également à la mise en œuvre de la Feuille de route pancanadienne pour l’interopérabilité partagée, qui fournit des orientations sur la normalisation des renseignements sur la santé afin qu’ils soient accessibles partout où les patients se rendent pour obtenir des soins, tout en les gardant sécurisés. Les secteurs public et privé doivent passer rapidement de la stratégie à l’action pour transformer les soins aux patients. La collaboration entre les deux secteurs sera essentielle, car les partenaires de l’industrie peuvent fournir des informations précieuses et des cas d’utilisation concrets qui reflètent les besoins les plus urgents du système canadien de données sur la santé.

Des données de haute qualité sont également essentielles à l’adoption des innovations futures. Les données probantes du monde réel (DMR) dérivées des données de santé peuvent être une source de données précieuse, en particulier lorsque les besoins des patients ne sont pas satisfaits et que les données probantes existantes sont limitées. Cela est particulièrement pertinent dans des domaines tels que les maladies rares et certains types de cancer, où la production de données probantes solides dans le cadre d’essais cliniques peut être difficile en raison de la petite taille des populations de patients, ou dans les maladies chroniques où la validation à long terme du profil risque-bénéfice est essentielle. Plusieurs autres pays, dont le Danemark, la Belgique et la Finlande, disposent déjà de systèmes qui soutiennent la collecte, l’intégration et l’utilisation de données de santé pour générer des DMR afin d’appuyer la réglementation, l’accès et la prise de décisions cliniques. Le Canada doit adopter des approches similaires s’il veut rester compétitif.

Faire avancer les stratégies des sciences de la vie

La stratégie canadienne en matière de biofabrication et de sciences de la vie, ainsi que plusieurs autres initiatives provinciales, ont constitué des premières étapes importantes pour encourager un secteur des sciences de la vie fort. La récente pandémie nous a rappelé qu'aucune personne, entreprise ou industrie ne possède à elle seule les solutions aux problèmes de santé complexes, et que les stratégies en matière de sciences de la vie constituent une base essentielle sur laquelle s'appuyer. (ici) Le rapport du Forum des politiques publiques souligne que « la meilleure préparation à la prochaine urgence de sécurité sanitaire est un secteur des sciences de la vie fort et durable au Canada ». 

Les gouvernements doivent continuer d’évoluer et d’accélérer la mise en œuvre des stratégies en sciences de la vie pour attirer les investissements, les emplois et la croissance nécessaires pour que le Canada devienne un véritable pôle d’innovation dans ce domaine. Ils doivent également soutenir les investissements dans les solutions de santé émergentes, comme la médecine de précision et les thérapies numériques, ainsi que dans l’intelligence artificielle pour fournir des solutions de santé plus rapidement, afin de fournir les meilleurs soins aux Canadiens, d’assurer la préparation aux futures menaces pour la santé et de positionner notre pays comme un pôle d’innovation future.

Le temps du Canada est venu

Il ne fait aucun doute que le Canada possède tous les éléments de base pour devenir un chef de file mondial dans le domaine des sciences de la vie. En appliquant les meilleures pratiques d’autres pays chefs de file, nous pouvons créer des solutions canadiennes qui apporteront des avantages significatifs aux patients, des systèmes de santé durables et une société dynamique pour les générations actuelles et futures. Et il faudra que nous travaillions tous ensemble à chaque étape du processus pour que cela devienne une réalité.