L’innovation canadienne doit échouer différemment

Publié le: octobre 2024Catégories: Stratégie d'innovation du Canada 2024, Éditoriaux
Clause de non-responsabilité : La version française de cet éditorial a été auto-traduite et n’a pas été approuvée par l’auteur.
Isha Datar

Isha Datar

Nouvelle récolte

Directrice Générale

Matt Labine

Matt Labine

Responsable du développement commercial

Recherche appliquée du NAIT

Yadira Tejeda Saldana Portrait

Yadira Tejeda-Saldana

Directrice de la recherche et de l'innovation responsables - Canada

Nouvelle récolte Canada

Malgré les efforts importants du gouvernement pour promouvoir l’innovation, le Canada accuse un retard en matière d’innovation, de productivité et de compétitivité, ce qui menace gravement l’économie canadienne.

De nombreux rapports ont documenté la faible performance du Canada en matière d’innovation, mais les raisons ne sont pas clairement établies (1). Plusieurs soulignent le manque de dépenses du secteur privé en recherche et développement, tandis que d’autres blâment le manque de traduction des résultats prometteurs de la recherche universitaire en innovations nationales et en résultats commerciaux. D’autres encore soulignent les difficultés à atteindre l’échelle. De nombreux rapports ont présenté des idées, des principes et des leviers politiques remarquables que le gouvernement canadien pourrait utiliser pour mieux soutenir l’innovation, mais ces pratiques n’ont pas été mises en œuvre ou ont tout simplement échoué.

C’est peut-être là que réside le problème. L’histoire du Canada s’est focalisée sur les initiatives descendantes, menées par l’industrie (à grande échelle), pour susciter le changement. Ce « leadership directif » ne fonctionne manifestement pas. À l’instar d’un véritable innovateur, le Canada devrait oser échouer différemment et tenter une autre approche : jouer un rôle de « leadership facilitateur » axé sur la création d’un écosystème d’innovation solide en donnant du pouvoir aux innovateurs et en cultivant les liens.

Un bon écosystème d’innovation devrait être comme une bonne fête : diversifié, accueillant, amusant et engageant. Il devrait inclure un mélange d’intervenants, des particuliers aux organisations de toutes tailles et de tous intérêts, favorisant des liens engageants qui donnent envie aux participants de rester, de participer et de se connecter. Tout le monde devrait être là parce qu’il ne veut être nulle part ailleurs. Alors, comment pouvons-nous créer cet écosystème d’innovation robuste au Canada?

Donner du pouvoir aux innovateurs

Comment se fait-il que les entreprises canadiennes se retrouvent dans l’une des deux catégories suivantes : celles qui ne reçoivent jamais de soutien gouvernemental et celles qui passent tout leur temps à le rechercher ? Naviguer dans le maquis sans fin des possibilités de financement gouvernemental et gérer la bureaucratie des programmes de financement gouvernementaux peut prendre du temps et distraire les innovateurs de leurs activités principales pour réussir. Il s’agit d’un travail administratif excessivement bureaucratique qui freine facilement les startups autrefois agiles. Le fardeau administratif des mécanismes de financement actuels ne favorise que les entreprises qui peuvent se le permettre : les grandes organisations bien établies, souvent des multinationales basées à l’étranger, pour lesquelles ce financement n’est ni une réussite ni une perte. Cela ne contribue guère à favoriser un écosystème local ou à donner du pouvoir aux PME nouvelles et émergentes – celles-là mêmes que nous espérons voir se développer en grandes réussites canadiennes.

L’aide gouvernementale idéale devrait permettre aux entreprises en démarrage de faire ce qu’elles sont censées faire. On entend trop souvent parler de demandes de financement qui « font vaciller les entreprises », limitant la flexibilité et la liberté dont les startups ont besoin pour réussir à se développer. De plus, le régime de « fonds de contrepartie », si répandu dans le financement de l’innovation pour les PME au Canada, ne fait qu’aggraver la charge administrative des innovateurs. Ce mécanisme de financement exige que le secteur privé et le gouvernement apportent un financement partiel pour exécuter un projet. Bien que cela réduise théoriquement les risques liés aux dépenses des contribuables en matière d’innovation, cela finit par subventionner les grandes multinationales qui peuvent facilement augmenter leur pourcentage, tout en forçant les innovateurs en devenir à entrer dans un système pyramidal de possibilités de financement, où le financement d’un programme devient un financement de contrepartie pour un autre.

Pour ces petites entreprises plus récentes et plus risquées, le meilleur moyen pour les gouvernements de donner plus de pouvoir aux innovateurs locaux est de s’inspirer de l’investissement privé en termes de processus, de rapidité, de profil de risque et de création de relations. Les innovateurs acquerraient ainsi une expérience utile en matière de collecte de fonds auprès d’organismes de financement, qu’ils pourraient ensuite transférer à la collecte de fonds « dans le monde réel » et seraient mieux équipés pour lever des fonds ailleurs.

La métascience – la science de la pratique scientifique – fait l’objet d’un débat de plus en plus intense parmi les bailleurs de fonds du monde entier qui osent se demander comment soutenir au mieux la science entrepreneuriale. Par exemple, la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) du gouvernement américain a été saluée comme étant un programme modèle (2) pour financer efficacement l’innovation, et ce modèle a été adopté dans d’autres pays, comme le Royaume-Uni qui a lancé l’Advanced Research & Invention Agency en 2023 (3). Il serait tout à fait logique que le Canada s’inspire directement et s’inspire des meilleures pratiques des principales agences de financement gouvernementales comme la DARPA, des organisations philanthropiques et des fonds de capital-risque pour soutenir l’innovation tout au long du parcours de la découverte à la commercialisation. Pourquoi réinventer la roue ? Pour les agences les plus efficaces, l’équation est assez simple : financer vite, financer souvent et confier la prise de décision à des gestionnaires de programme très engagés et soucieux de la science, embauchés sur la base de contrats de 3 à 5 ans et qui considèrent le financement de l’innovation comme un acte de service public.

Faciliter la connexion

L’accent mis sur la création d’un écosystème d’innovation robuste ne consiste pas seulement à disposer des bonnes pièces du puzzle, mais aussi à favoriser leur connexion. Comme l’ont bien indiqué Atkinson et Zhang (4) dans un récent rapport du Centre canadien pour l’innovation et la compétitivité : le Canada doit « aller au-delà de l’ingredientisme ». Le Canada est un chef de file dans divers indices de l’innovation. ingrédients de l'innovation : de bonnes universités, des travailleurs instruits, des ressources solides et un bon haut débit. Pourtant, ces éléments ne sont pas clairement réunis ni maintenus ensemble de manière productive.

Les gouvernements fédéral et provinciaux ont d’innombrables rôles à jouer pour faciliter les liens entre les pays par l’intermédiaire de délégués commerciaux et d’agents d’attraction des investissements. Mais un service de conciergerie similaire, basé sur les relations, pourrait faire des merveilles pour connecter les universités, les startups, les bailleurs de fonds et les ressources au sein des écosystèmes canadiens. Pour toute personne ayant postulé pour

une subvention gouvernementale, beaucoup conviendraient qu’il serait beaucoup plus productif d’interagir avec un bureaucrate chargé de connecter l’écosystème plutôt que de pinailler sur les reçus de dépenses.

StartupTNT, un organisme à but non lucratif indépendant, a joué un rôle déterminant dans la création d’environnements interconnectés pour les startups dans l’Ouest canadien en organisant des rencontres hebdomadaires, des sommets d’investissement réguliers (où les startups partagent leurs propositions de financement et les anciens lauréats partagent leurs mises à jour) et, ce qui est très important, en formant les Canadiens qui ont de l’argent à dépenser à devenir des investisseurs providentiels. Non seulement ils sont d’incroyables hôtes de fêtes d’écosystèmes d’innovation, mais ils accueillent de plus en plus de locaux dans la foule grâce à la formation des investisseurs et à la création efficace d’un réseau d’investisseurs locaux. C’est un modèle qui pourrait facilement être reproduit partout au Canada avec beaucoup d’efficacité, d’autant plus que les Canadiens fortunés, en général, ont tendance à être très conservateurs, regardant rarement au-delà des investissements fonciers et immobiliers pour investir dans des petites entreprises qui pourraient renforcer l’économie locale et, par conséquent, la croissance de la productivité et, par conséquent, le niveau de vie d’une économie.

Une troisième façon de faciliter les liens est de favoriser une culture qui célèbre l’innovation. En tant que pays, nous ne célébrons pas suffisamment nos inventeurs ou nos inventions, même si cette histoire constitue un excellent sujet pour les installations d’art public, l’engagement médiatique et le développement d’un sentiment général de fierté canadienne.

Enfin, faciliter les échanges est particulièrement difficile dans un pays de la taille du Canada. Dans de nombreux programmes de financement, sinon la plupart, les frais de déplacement ne sont pas admissibles au soutien financier. Pourquoi pas ? Étant donné que la distance est l’une des principales raisons pour lesquelles l’écosystème d’innovation du Canada est cloisonné, ce type de dépenses ne devrait-il pas être subventionné par le gouvernement pour renforcer la collaboration ? Dans le cadre de tout nouveau programme de financement, il serait évident que le gouvernement couvrirait les dépenses pour s’assurer que la cohorte de projets et d’innovateurs financés puisse se réunir en personne. Ces occasions en personne pour les innovateurs à des stades similaires de partager leurs préoccupations, leurs défis et leurs opportunités permettent de créer des effets de réseau cruciaux qui ne font que renforcer l’écosystème canadien.

Dans un monde en constante évolution, une économie stagnante signifie que l'on recule. En fin de compte, le succès de l'écosystème d'innovation du Canada dépend de notre capacité à nous adapter, à nous connecter et à nous responsabiliser rapidement. La direction descendante a échoué. En adoptant un rôle de leadership facilitateur, nous pouvons tisser un écosystème plus fort d'un océan à l'autre, en faisant contrepoids à cette tension nord-sud omniprésente.


Références

  1. Fraser Institute [Internet]. [consulté le 2024 octobre 7]. Innovation au Canada : une évaluation de l'expérience récente. Disponible à l'adresse : https://www.fraserinstitute.org/sites/default/files/innovation-in-canada_0.pdf
  1. Pourquoi la DARPA fonctionne-t-elle ? [Internet]. [cité le 2024 octobre 7]. Ben Reinhardt. Disponible sur : https://blog.benjaminreinhardt.com/wddw
  2. Huit scientifiques, un milliard de dollars et l'agence Moonshot tentent de rendre sa grandeur à la Grande-Bretagne. [Internet]. [consulté le 2024 octobre 8]. WIRED. Disponible sur : https://www.wired.com/story/aria-moonshot-darpa-uk-britain-great-again/
  3. Fondation pour les technologies de l'information et l'innovation [Internet]. [consulté le 2024 octobre 7]. Évaluation de l'innovation, de la productivité et de la compétitivité au Canada. Disponible à l'adresse : https://www2.itif.org/2024-canadian-competitiveness.pdf