Le Canada a besoin d’une stratégie innovante « Une seule santé » pour se préparer à la prochaine pandémie

Auteur:

Dr Shayan Sharif

Vice-présidente par intérim à la recherche et à l'innovation

Université de Guelph

Vice-président associé par intérim à la recherche (partenariat agroalimentaire)

Avertissement : La version française de ce texte a été traduite automatiquement et n'a pas été approuvée par l'auteur.

Alors que le monde sort de la pandémie dévastatrice de COVID-19, nous devons nous préparer au danger croissant posé par d’autres maladies zoonotiques transmises des animaux aux humains. La grippe aviaire est particulièrement préoccupante, car les niveaux sans précédent de contamination chez les oiseaux sauvages et les volailles domestiques au Canada ouvrent la voie à une future pandémie qui pourrait éclipser les effets de la COVID-19. Pour transformer notre capacité à anticiper les menaces zoonotiques émergentes comme la grippe aviaire, le Canada doit adopter une approche « Une seule santé » qui élimine les cloisonnements entre la santé humaine, animale et environnementale.

Une tempête parfaite se prépare : la menace de la grippe aviaire

Depuis que la souche hautement pathogène actuelle de la grippe aviaire, H5N1, a été signalée pour la première fois au Canada en 2021, plus de 420 éclosions de volailles domestiques ont été signalées dans les neuf provinces1, ce qui a entraîné l'abattage de plus de 11 millions d'oiseaux. L'impact sur la faune a été tout aussi dévastateur, avec des cas dans toutes les provinces et tous les territoires, touchant un large éventail d'espèces, notamment la sauvagine, les oiseaux de mer et les rapaces. Des mortalités massives ont été observées, ce qui indique une perturbation profonde de nos écosystèmes.

Mais la véritable gravité de la situation va au-delà de ces statistiques alarmantes. Ce qui est le plus inquiétant dans l’épidémie actuelle, c’est le niveau sans précédent d’activité virale et sa capacité à se propager à différentes espèces de mammifères, notamment les chiens et les chats, les ours, les renards et les phoques au Canada, ainsi que les vaches laitières aux États-Unis. Ces événements signalent la possibilité que le virus s’adapte à des hôtes mammifères et augmente le risque de transmission humaine. Si le virus acquiert la capacité de se transmettre efficacement entre humains, nous serons confrontés à une autre pandémie mondiale – avec des taux de mortalité très élevés.

Une stratégie « Une seule santé » est essentielle pour lutter contre les futures pandémies

Pour se préparer efficacement aux futures pandémies, le Canada doit adopter la stratégie Une seule santé, qui a fait ses preuves et qui intègre la santé humaine, animale et environnementale. Cette stratégie est bien éprouvée et met l’accent sur les relations interdépendantes entre ces trois piliers. Cette stratégie est à l’origine de bon nombre de nos plus grandes réussites dans la lutte contre les maladies infectieuses, notamment la gestion de la rage en contrôlant la maladie dans les environnements fauniques. En fusionnant de manière cohérente la recherche, la surveillance, les politiques et les pratiques en matière de santé humaine, animale et environnementale, nous pouvons développer une compréhension holistique des risques de maladies zoonotiques beaucoup plus tôt et coordonner les interventions pour réduire la propagation aux humains et la propagation ultérieure.

Une approche One Health sur l’épidémie de grippe aviaire révèle rapidement comment les différents aspects de l’interface homme-animal-environnement ont convergé pour créer une situation de poudrière. Le changement climatique bouleverse les schémas migratoires traditionnels des oiseaux sauvages, qui agissent comme des réservoirs de virus, augmentant les contacts entre les populations sauvages infectées et les élevages de volailles domestiques. Dans le même temps, la grippe aviaire subit rapidement des changements génétiques et se propage à de nouveaux hôtes mammifères, ce qui pourrait entraîner une plus grande transmissibilité humaine.

Parallèlement, le sous-investissement de longue date dans la recherche sur la santé animale laisse les industries de l’élevage et de la volaille mal équipées pour contenir les épidémies. Une fois que la grippe aviaire se propage dans les exploitations avicoles, les oiseaux doivent être abattus, ce qui représente un coût économique énorme. La pénurie et la hausse des prix des produits à base de volaille qui en résultent aggravent les problèmes plus vastes d’insécurité alimentaire, également alimentés par le changement climatique, les perturbations de la chaîne d’approvisionnement et les troubles politiques. Les répercussions sanitaires et économiques se répercutent rapidement sur les populations humaines.

Malgré les risques clairement interconnectés, nous restons coincés dans les réponses réactives et la pensée cloisonnée qui ont permis à la COVID-19 de se propager. La gouvernance fragmentée et le manque de financement durable font que la santé animale est considérablement sous-priorisée par rapport à la santé humaine. Pendant ce temps, les systèmes de surveillance des agents pathogènes émergents dans les secteurs de la santé humaine et animale restent déconnectés les uns des autres. Avec autant d’ingrédients biologiques, environnementaux et socio-économiques convergents, nous sommes confrontés aux risques d’une pandémie déclenchée par la grippe aviaire si nous ne prenons pas de mesures décisives maintenant.

Comment One Health peut garantir un succès à long terme

L’application d’une approche « Une seule santé » aux maladies zoonotiques permettrait de catalyser les innovations indispensables en matière de préparation aux pandémies. Des systèmes de surveillance interconnectés couvrant les humains, les animaux et l’environnement permettraient d’alerter plus tôt sur les évolutions inquiétantes des maladies zoonotiques émergentes comme la grippe aviaire. La recherche multidisciplinaire et le partage de données entre les domaines de la médecine humaine et vétérinaire, de l’écologie, de la biologie, de l’épidémiologie, des systèmes de connaissances autochtones et des sciences sociales permettraient de mieux comprendre et d’évaluer de manière plus globale les risques liés aux facteurs de maladies zoonotiques.

L’approche « Une seule santé » exige une coordination des politiques entre les domaines cloisonnés de la santé publique, de l’agriculture, des ressources naturelles, des transports, etc., qui façonnent tous les interactions entre l’homme, l’animal et l’environnement qui permettent aux virus de proliférer. Plutôt que de recourir à des réponses disparates de la part de chaque juridiction et de chaque secteur, une stratégie « Une seule santé » permettrait de concentrer les ressources au moyen d’un plan d’action unifié visant à atténuer les épidémies de maladies zoonotiques. De plus, en reconnaissant la valeur intrinsèque de la santé de la faune sauvage et des écosystèmes que nous partageons, nous pouvons forger des partenariats plus solides avec les communautés autochtones, dont les connaissances et les pratiques traditionnelles sont inestimables pour préserver la biodiversité et atténuer les menaces environnementales.

Pour répondre à la nécessité d’une approche « Une seule santé », nous avons proposé la création d’un Centre national d’excellence pour la préparation à la grippe et la biofabrication de vaccins. Ce centre d’excellence aurait pour mission 1) de prédire les éclosions virales de grippe, 2) de déterminer leur niveau de menace et 3) de développer des vaccins fabriqués au Canada et de compléter les efforts mondiaux de prévention des pandémies.

Il est temps d’agir. La pandémie de COVID-19 et les épidémies de grippe aviaire en cours nous rappellent avec force que notre monde est de plus en plus interconnecté et que la santé des humains, des animaux et de l’environnement sont inextricablement liées. En adoptant l’approche « Une seule santé », le Canada peut exploiter le pouvoir de l’innovation pour relever ce défi urgent et se positionner comme un chef de file mondial en matière de préparation et d’intervention en cas de pandémie.