Le Canada dispose-t-il d’une stratégie nationale de recherche et d’innovation?

Auteur:

Dre Janet Rossant

La Fondation Gairdner

Président et directeur scientifique

Enfants malades

Chercheur émérite senior

Avertissement : La version française de ce texte a été traduite automatiquement et n'a pas été approuvée par l'auteur.

La recherche et l’innovation sont essentielles pour apporter des solutions aux grands problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui, notamment le changement climatique, l’énergie et les ressources durables, la préparation aux pandémies et les changements démographiques mondiaux. Les pays qui veulent que leurs économies soient prêtes à affronter un monde en mutation doivent investir dans les technologies de l’avenir et ne pas s’appuyer sur leurs racines industrielles traditionnelles. Investir dans des usines de batteries pour véhicules électriques peut créer des emplois aujourd’hui, mais ne nous positionne pas comme leaders dans la découverte et la mise en œuvre de la prochaine solution énergétique durable. Si nous ne soutenons pas et n’investissons pas dans l’ensemble du processus d’innovation, de la découverte à l’application, nous serons toujours en retard sur nos homologues des autres pays.

Le Canada est pratiquement le seul pays de l’OCDE à connaître une tendance à la baisse de ses investissements en recherche et développement. Cette situation s’explique généralement par la faiblesse des investissements des entreprises en recherche et développement, et non par la faiblesse des investissements publics dans la recherche universitaire et les laboratoires nationaux. Quelle que soit la réponse, il existe clairement un décalage entre les deux moitiés de l’équation de la recherche et du développement. Les gouvernements doivent continuer d’investir dans les plateformes de découverte scientifique et technologique sous-jacentes, qui constituent le fondement essentiel d’une économie fondée sur le savoir. Mais comment les gouvernements peuvent-ils collaborer avec les entreprises pour favoriser l’innovation dans notre secteur industriel et combler le fossé entre la découverte et l’application ?

En 1994 déjà, le vérificateur général du Canada signalait qu’une « stratégie nationale efficace et très ciblée en matière de sciences et de technologie est essentielle à la survie et à la croissance dans l’environnement économique actuel de haute technologie ». Ce message résonne encore plus fort aujourd’hui. Pourtant, il est difficile de discerner une vision stratégique claire et coordonnée pour l’écosystème de recherche et d’innovation du Canada. Le Canada a besoin d’une stratégie nationale de R-D qui définisse les domaines où il existe un véritable besoin mondial, où le Canada possède une expertise reconnue et peut jouer un rôle de leader international et où toutes les étapes du processus d’innovation peuvent être soutenues. Il ne suffit pas de déclarer des priorités comme le changement climatique, l’IA et l’énergie durable – ces priorités sont ou devraient être celles de tous les pays. Le Canada ne peut pas être un chef de file dans tous les domaines et doit faire des choix difficiles s’il veut réussir dans l’économie de demain.

Nous devons non seulement créer de nouvelles connaissances, mais aussi les mobiliser et veiller à ce que les idées puissent être mises en œuvre dans l’économie réelle. Cela nécessite une approche organisée et interdisciplinaire pour définir les objectifs clés, réunir les bons acteurs pour développer de nouvelles idées, les technologies pour les mettre en œuvre à grande échelle et la communauté réceptrice pour les concrétiser au Canada et dans le monde entier. Le gouvernement du Canada peut et doit jouer un rôle de rassembleur majeur et fournir un financement approprié aux points clés du processus. Malheureusement, lorsque nous examinons les mécanismes de financement de la recherche universitaire et du développement industriel, nous constatons un système fragmenté composé de multiples organismes dont la pléthore d’acronymes ne sert qu’à semer la confusion, et non à donner une orientation stratégique.

Lors des discussions du Comité consultatif sur le système fédéral de soutien à la recherche, aussi appelé Rapport Bouchard 2023, nous nous sommes concentrés sur la fragmentation du financement de la recherche au Canada. Nous avons proposé un certain nombre de mécanismes pour rationaliser les mécanismes actuels de soutien à la recherche et pour élaborer une nouvelle approche centralisée du financement de la recherche interdisciplinaire axée sur la mission.

D'après le rapport : Le gouvernement du Canada devrait créer une nouvelle organisation, la Fondation canadienne pour le savoir et la science (FCSS); elle s'occuperait des concours de recherche interdisciplinaire, de la collaboration internationale et de la recherche axée sur des missions. Elle travaillerait avec les conseils subventionnaires, sans toutefois les remplacer, et avec la nouvelle Agence canadienne pour l'innovation et l'investissement (à vocation commerciale), afin de mieux traduire la recherche universitaire en innovation. Son conseil d'administration fournirait des conseils stratégiques généraux au gouvernement sur les priorités futures en matière de recherche et d'innovation.

En un seul paragraphe, ce document décrit une voie à suivre pour l’écosystème de R-D du Canada qui pourrait éliminer les obstacles, relier les composantes du système dispersé actuel et fournir un mécanisme pour définir les priorités stratégiques actuelles et futures du Canada. Le budget de 2024 a appuyé les recommandations générales du rapport Bouchard, a rebaptisé le CKSF « agence de synthèse » et a lancé un processus de consultation ouvert sur la mise en œuvre du rapport. Cependant, il y a une omission flagrante dans la proposition actuelle : l’intégration d’un volet d’innovation orienté vers les entreprises dans la vision globale. Ce qui est appelé l’Agence canadienne d’innovation et d’investissement dans le rapport Bouchard est maintenant rebaptisé la Société canadienne d’innovation. Elle a été annoncée dans le budget de 2022, mais n’a pas encore été mise en œuvre. Les échéanciers actuels indiquent une activation en 2026-7, ce qui fait manquer l’occasion d’élaborer une stratégie d’innovation véritablement intégrée pour le Canada.

De nombreux autres éléments sont encore nécessaires pour une stratégie d’innovation réussie. Les approches interdisciplinaires incluant les sciences sociales et humaines sont essentielles au développement de nouvelles technologies éthiquement appropriées qui répondent réellement aux facteurs socio-économiques sous-jacents. L’adoption réussie de nouvelles technologies nécessite l’intégration des sciences du comportement, des modes de connaissance autochtones et de l’engagement communautaire dans tout plan de mise en œuvre. Construire un excellent gadget qui sauvera l’humanité ne sert à rien si les destinataires du gadget ne font pas confiance à la science, au gouvernement ou à l’entreprise qui le fournit. La montée de l’hésitation à se faire vacciner après la COVID-19 en est un bon exemple.

Les collaborations internationales sont également importantes. Pour résoudre de grands problèmes, les Canadiens doivent travailler en synergie avec l’expertise mondiale. L’adhésion à Horizon Europe est une bonne première étape pour promouvoir le Canada en tant que partenaire précieux dans le domaine de la recherche et de l’innovation.

À l’avenir, le financement gouvernemental devra être déployé dans les domaines où le Canada possède un avantage comparatif à l’échelle internationale. Les universités, les collèges et les instituts devront éliminer les obstacles internes à la commercialisation de la recherche universitaire, et les entreprises devront accroître leurs propres investissements en R&D pour améliorer le pipeline d’innovation.


  1. https://ised-isde.canada.ca/site/panel-federal-research-support/en/report-advisory-panel-federal-research-support-system