Le Canada doit repenser sa façon de former et de retenir les chercheurs spécialisés dans le domaine du cerveau

Auteur:

Caroline Ménard, Ph. D.

Département de psychiatrie et de neurosciences, Faculté de médecine et Centre de recherche sur le cerveau CERVO, Université Laval

Stratégie canadienne de recherche sur le cerveau

Responsable du groupe de chercheurs en début de carrière

Javeria Hashmi, Ph. D.

Département d'anesthésie, de gestion de la douleur et de médecine périopératoire, Université Dalhousie

Chaire de recherche du Canada de niveau II, professeure agrégée

Laboratoire de réseaux cérébraux et de neurophysiologie

Directeur

Lindsay Borthwick, M. Sc.

Stratégie canadienne de recherche sur le cerveau

Responsable des communications scientifiques

LABmedia

Fondateur et principal

Clause de non-responsabilité : La version française de cet éditorial a été auto-traduite et n’a pas été approuvée par l’auteur.

Pour être un chef de file en neurosciences et relever les défis urgents en matière de santé, le Canada doit investir dans une formation novatrice et créer des parcours de carrière variés et durables pour les jeunes scientifiques.

Le Canada possède une solide tradition de recherche de pointe sur le cerveau, et l’avenir est très prometteur pour les jeunes chercheurs d’aujourd’hui dans ce domaine. Ils sont sur le point de réaliser des percées dans des domaines comme la dépression et la démence, et sont à l’origine d’innovations qui amélioreront la vie d’innombrables personnes.

Toutefois, le leadership du Canada dans la recherche sur le cerveau est menacé. De nombreux jeunes chercheurs, confrontés à des perspectives de carrière incertaines, partent à l'étranger pour des opportunités ou abandonnent complètement la recherche universitaire. enquête récente des étudiants diplômés canadiens ont révélé que 64 % d’entre eux sont « susceptibles ou très susceptibles » de quitter le Canada après avoir obtenu leur diplôme, citant le manque de possibilités d’emploi, des salaires inadéquats et des infrastructures insuffisantes comme facteurs critiques.

Le Canada doit renforcer son écosystème de recherche sur le cerveau pour inverser cette tendance en fournissant aux jeunes scientifiques les outils, les possibilités et le soutien dont ils ont besoin pour s'épanouir. Des investissements stratégiques sont nécessaires pour améliorer la formation et la rétention et promouvoir recherche ouverte, collaborative et transdisciplinaireGrâce à ces investissements, le Canada peut maintenir son leadership scientifique et relever les défis nationaux urgents comme la santé mentale, la toxicomanie, le vieillissement et le coût économique des maladies cérébrales.

Dans un récent sondage, 64 % des étudiants diplômés canadiens ont indiqué qu’il était « probable ou très probable » qu’ils quittent le Canada après avoir obtenu leur diplôme.

L’avenir de la recherche sur le cerveau est transdisciplinaire

L’archétype du chercheur solitaire en blouse blanche qui observe au microscope est dépassé. Aujourd’hui, la recherche exige une équipe diversifiée d’informaticiens, de statisticiens, d’ingénieurs et de neuroscientifiques, une évolution qui reflète la nécessité d’une approche plus large et plus intégrée de l’étude du cerveau.

Une véritable formation transdisciplinaire ne se contente pas de fusionner les domaines, mais brise les frontières traditionnelles pour favoriser l'innovation et développer des solutions holistiques. La fusion entre les neurosciences et l'intelligence artificielle (IA), qui combine la recherche sur le cerveau avec les mathématiques et le calcul, illustre cette approche. Cette convergence conduit à de nouveaux modèles de cerveau et d'IA et technologies avancées, des outils et des connaissances cliniques. Cela crée également une opportunité d'intégrer davantage les sciences sociales et l'éthique et d'aligner les neurosciences et l'IA sur les diverses valeurs et besoins humains.

Malheureusement, l'écosystème actuel de la recherche sur le cerveau au Canada ne permet pas de soutenir un véritable travail transdisciplinaire. Il existe une diversité d'expertise considérable dans les établissements canadiens, grands et petits, d'un océan à l'autre. Pourtant, les chercheurs n'ont pas la formation et l'infrastructure nécessaires pour collaborer entre les établissements et les domaines, comme l'intégration des sciences physiques et de la vie, l'expérience clinique, expérience vécue, les savoirs autochtones et les sciences sociales. Cette lacune limite l’efficacité de la recherche sur le cerveau et entrave le développement de traitements complets pour les troubles neurologiques et psychiatriques.

La recherche sur le cerveau est une activité mondiale

La recherche sur le cerveau est un domaine de recherche essentiellement mondial, les scientifiques et les experts se déplaçant au-delà des frontières pour échanger des connaissances et collaborer. Si cette mobilité enrichit le domaine, elle crée également une concurrence pour attirer les meilleurs talents. Le Canada doit offrir des possibilités intéressantes pour attirer et retenir les chercheurs dans ce contexte concurrentiel.

Malgré les investissements passés visant à créer une main-d’œuvre de recherche et développement de calibre mondial, le Canada ne parvient pas à suivre le rythme de ses concurrents internationaux ni l’évolution rapide de la recherche sur le cerveau. La recherche mondiale s’oriente de plus en plus vers des collaborations ouvertes, intégrées et à plus grande échelle, comme le initiatives nationales de recherche sur le cerveau — Le Canada est bien placé pour apporter une contribution substantielle. Toutefois, les structures existantes du pays ne lui permettent pas de tirer parti des possibilités et de catalyser des avancées transformatrices.

Grâce aux progrès réalisés à l’échelle mondiale en matière de ressources informatiques, d’IA et d’approches transdisciplinaires, le paysage international de la recherche sur le cerveau évolue rapidement. Pour rester compétitif et assurer l’avancement continu de la recherche en neurosciences et en santé mentale, le Canada doit restructurer son approche en matière de formation et de perfectionnement, de partage des données et de collaboration. Ainsi, nos futurs chercheurs sur le cerveau seront bien équipés pour être à la pointe de ce domaine de plus en plus complexe et interconnecté.

Créer des parcours professionnels plus viables dans la recherche sur le cerveau

Il est essentiel de favoriser la stabilité de carrière et les possibilités de croissance pour les chercheurs en neurosciences afin de consolider le rôle du Canada dans le monde de la recherche. Notre écosystème actuel a permis des avancées scientifiques importantes, mais offre trop peu de cheminements de carrière viables pour les chercheurs en neurosciences. Les laboratoires universitaires de pointe ont été la voie privilégiée. Cependant, de nombreux chercheurs jouent d’autres rôles dans l’avancement de la science, comme le développement d’outils novateurs, la gestion d’infrastructures de données essentielles ou la communication de leurs résultats aux utilisateurs des connaissances et au grand public, contribuant souvent à des innovations indispensables dans le domaine de la santé cérébrale et des soins cliniques.

Il est essentiel d’attirer et de retenir du personnel spécialisé dans un domaine aussi complexe que la recherche sur le cerveau. Pourtant, le modèle de financement actuel, qui repose sur des subventions à court terme et spécifiques à un projet (de 1 à 5 ans), n’offre pas de possibilités viables ni de stabilité de carrière. La plupart des subventions ne suffisent pas à soutenir un personnel de recherche hautement qualifié et expérimenté. Par conséquent, lorsqu’il existe des emplois, ils sont souvent de courte durée, liés à la brève durée de vie d’une subvention, et offrent des salaires qui ne suffisent pas à assurer l’accession à la propriété et la subsistance d’une famille dans les villes canadiennes d’aujourd’hui. Par conséquent, la santé à long terme de l’écosystème de la recherche est en danger.

Pour faire progresser véritablement la santé du cerveau, une priorité nationale essentielle pour notre pays, le Canada doit mettre en œuvre des investissements ciblés et des réformes structurelles dans ses politiques de financement de la recherche, notamment des mécanismes de financement qui complètent les subventions de projet et offrent un soutien durable et à long terme à la formation et à l’innovation. De telles réformes stabiliseront les parcours professionnels et amélioreront l’efficacité globale de l’écosystème de la recherche.

Pour aller plus loin

Pour tirer pleinement parti des investissements du Canada dans la recherche sur le cerveau, nous devons veiller à ce que les scientifiques émergents soient soutenus et retenus. En améliorant la stabilité de carrière et en favorisant un environnement de recherche plus intégré et inclusif, nous pouvons garder les jeunes chercheurs talentueux dans le domaine du cerveau au Canada et les aider à prospérer. Ces investissements ne visent pas seulement à faire progresser la science, ils visent à façonner un avenir où le Canada sera un chef de file dans la résolution des problèmes liés à la santé du cerveau. Investir dans nos cerveaux les plus brillants aujourd'hui garantira un avenir plus sain et plus prospère à tous les Canadiens.

Cet éditorial reflète les idées clés et les perspectives diverses partagées au cours d'une Table ronde organisée par la Stratégie canadienne de recherche sur le cerveau, réunissant des experts en recherche sur le cerveau et en santé mentale. Le contenu est une synthèse de leurs contributions et de leurs discussions.