Le moment est venu pour le Canada : créer une initiative nationale de recherche sur le cerveau
Auteur:
Jennie Z. Young, Ph. D.
Stratégie canadienne de recherche sur le cerveau
Directrice exécutif
Brie Linkenhoker, Ph. D.
Studio Vision du Monde
Fondateur
Lindsay Borthwick, M. Sc.
Stratégie canadienne de recherche sur le cerveau
Responsable de la communication scientifique
Clause de non-responsabilité : La version française de cet éditorial a été auto-traduite et n’a pas été approuvée par l’auteur.
Une large coalition d’intervenants s’est unie derrière une vision d’une stratégie nationale de recherche sur le cerveau et la santé mentale.
Partout dans le monde, les nations reconnaissent que la compréhension des complexités du cerveau – dans la santé, le développement, la maladie et la résilience – est essentielle pour les sociétés prospères du XXIe siècle. Ce grand défi scientifique – peut-être le le plus grandiose — exige une réponse tout aussi grandiose et immédiate.
Les États-Unis, l’Union européenne, la Chine, le Japon et la Corée du Sud comptent parmi les puissances scientifiques et technologiques qui se mobilisent pour relever ce défi. Ces pays ont lancé des initiatives nationales sur le cerveau pour stimuler l’innovation, relever les défis cruciaux de la santé publique et renforcer leur position économique et technologique. Ces initiatives, qui s’étalent sur une décennie, ont permis d’injecter plus de 9.45 milliards de dollars (7 milliards de dollars américains) dans les sciences du cerveau, repoussant les limites de la biologie humaine d’une manière qui profitera à la science et à la société pendant des décennies.
En tant que chef de file mondial en neurosciences, comment le Canada devrait-il réagir?
Apprendre des initiatives mondiales, tracer notre voie
Les premières initiatives nationales sur le cerveau ont commencé il y a plus d'une décennie. En 2013, l'Union européenne a introduit le Human Brain Project (HBP) et les États-Unis ont suivi avec le Recherche sur le cerveau par le biais de l'initiative BRAIN (Neurotechnologies innovantes)Peu de temps après, le Japon a lancé Cartographie cérébrale par neurotechnologies intégrées pour l'étude des maladies (Cerveau/ESPRIT).
Ces initiatives, principalement axées sur la recherche fondamentale, sont adaptées aux atouts et aux priorités scientifiques spécifiques des pays qui les dirigent. Par exemple, l'initiative américaine BRAIN s'est concentrée sur le développement d'outils de recherche innovants, tandis que l'effort de l'UE s'est concentré sur la construction de modèles informatiques du cerveau. Des chercheurs financés par le programme japonais Brain/MINDS étudient des primates non humains pour mieux comprendre le fonctionnement du cerveau humain.
Ces efforts ambitieux ont permis à des milliers de scientifiques de se perfectionner, de développer des outils de pointe et de générer des quantités inestimables de données, jetant ainsi les bases solides des futures percées en neurosciences. Le moment est venu pour le Canada de poursuivre sur cette lancée mondiale et de créer son propre programme national de recherche sur le cerveau. Mais il doit tracer sa propre voie, en s’appuyant sur ses atouts scientifiques et ses priorités nationales.
Mettre à profit les atouts du Canada
Depuis trois ans et demi, le Stratégie canadienne de recherche sur le cerveau (CBRS) a créé une vision pour une initiative nationale de recherche sur le cerveau à partir de zéro. Le CBRS a mené l'un des processus de consultation les plus complets, en engageant un groupe de parties prenantes plus large et plus diversifié que dans d'autres pays, notamment des chercheurs en début de carrière aux scientifiques confirmés, Peuples autochtones, personnes ayant une expérience vécue, organismes de bienfaisance en matière de santé, chefs de file de l'industrie, bailleurs de fonds de la recherche et des experts internationaux. Studio Vision du Monde, qui a fait ses preuves en matière de facilitation de la planification stratégique d’initiatives mondiales, notamment en neurosciences, a contribué à façonner le processus de consultation du CBRS.
Cette approche délibérée et populaire, axée sur une écoute attentive de la communauté, a permis d’identifier les forces qui favoriseront la réussite du Canada : collaboration, ouverture et la transdisciplinarité. Ces qualités sont les fondements sur lesquels le Canada peut bâtir une initiative nationale véritablement efficace. En exploitant ces atouts, nous pouvons faire évoluer les efforts de recherche du pays et transformer les découvertes en innovations concrètes qui profiteront aux Canadiens.
Voici ce que nous avons appris et priorisé grâce à nos consultations :
Une portée nationale : Pour réussir, une initiative canadienne de recherche sur le cerveau doit être véritablement inclusive et tirer parti des atouts uniques des institutions, des régions et des collectivités de tout le pays. Elle doit également s’appuyer sur l’expertise diversifiée des scientifiques talentueux du Canada en neurologie, en neurosciences, en psychiatrie, en psychologie, en systèmes de santé, en santé de la population, en sciences sociales et en savoir autochtone pour faire progresser le domaine. Pour y parvenir, nous devons créer l’infrastructure qui permettra une collaboration harmonieuse dans tout le pays, facilitera le partage des données et garantira un accès généralisé à de nouveaux outils, comme l’IA, qui peuvent accélérer les progrès. Grâce à ce cadre, nous pouvons nous assurer que les découvertes profitent à tous les Canadiens et reflètent la diversité du pays.
Collaboration transdisciplinaire pour un impact : La culture collaborative du Canada est un atout puissant, mais pour accélérer les progrès de la recherche sur le cerveau et la santé mentale, nous devons nous efforcer de renforcer les liens dans tout le spectre de la recherche, de la science fondamentale à l’application clinique et à l’innovation. Une initiative nationale de recherche sur le cerveau devrait se concentrer sur l’établissement de ces liens essentiels entre les disciplines, en reliant les scientifiques, les chefs de file de l’industrie, les cliniciens, les personnes ayant une expérience vécue et les détenteurs de connaissances autochtones. La formation transdisciplinaire peut y parvenir. Plus précisément, en intégrant la collaboration et l’échange de connaissances interdisciplinaires dans les programmes de formation, l’initiative peut former des chefs de file de la recherche sur le cerveau capables de tirer parti des dernières innovations. De cette façon, le Canada s’assurera que les avantages des investissements d’aujourd’hui se poursuivront pendant des décennies, produisant des résultats à la fois sur le plan de la santé et de l’économie.
Une vision holistique de la santé cérébrale:Le Canada doit adopter une approche plus holistique de la recherche sur le cerveau qui reconnaisse les interconnexions profondes entre les troubles mentaux et neurologiques et élargit la définition de la santé cérébrale au-delà de l’absence de maladie. Historiquement, la séparation de la recherche mentale et neurologique a entravé les progrès de la recherche et des soins cliniques. Les connaissances autochtones offrent des perspectives riches et holistiques qui peuvent améliorer notre compréhension de la santé cérébrale et améliorer l’efficacité de la recherche. Une initiative nationale devrait démanteler les cloisonnements traditionnels et, en plus du traitement des maladies, donner la priorité au bien-être mental, à la neurodiversité et à l’épanouissement comme éléments essentiels de la santé cérébrale.
La nécessité d’une stratégie coordonnée
Le Canada se trouve aujourd’hui à un moment crucial, une occasion unique de transformer la recherche sur le cerveau et la santé. Une initiative nationale, mettant fortement l’accent sur la coordination, peut favoriser cette transformation en harmonisant et en tirant parti des efforts de recherche à travers le pays. Elle s’appuierait sur les investissements existants et permettrait au Canada de prendre une longueur d’avance sur les pays où la recherche sur le cerveau reste fragmentée et déconnectée, ce qui limite son impact plus large.
Le CBRS a élaboré une stratégie nationale spécialement adaptée aux forces et aux besoins des Canadiens. L'accent mis sur le talent et l'infrastructure pour favoriser la collaboration, le partage des données et la science ouverte créera les conditions nécessaires à des découvertes transformatrices dans la recherche sur le cerveau et garantira que chaque établissement, quelle que soit sa taille ou son emplacement, puisse apporter sa contribution. La stratégie préparera également la prochaine génération de chercheurs à travailler au sein d'équipes transdisciplinaires, leur permettant ainsi de relever les défis complexes de la santé cérébrale de l'avenir.
Le moment est venu pour le Canada de prendre les devants. Avec les investissements et la coordination appropriés, l'initiative canadienne de recherche sur le cerveau peut servir de modèle au reste du monde et apporter un nouvel espoir à des millions de Canadiens et d'autres personnes dans le monde.