Politique scientifique pour l'avenir du Canada

Auteur:
Dr Donna Strickland
Université de Waterloo
Professeur, Département de physique et d'astronomie
Prix Nobel de physique 2018
Avertissement : La version française de ce texte a été traduite automatiquement et n'a pas été approuvée par l'auteur.
Le Canada doit donner la priorité à son engagement en faveur du progrès scientifique, sinon il risque de voir sa productivité, sa sécurité nationale et son mode de vie s’en ressentir de manière permanente. De nombreux pays comparables au nôtre disposent de politiques scientifiques fédérales et semblent mieux préparés que le Canada à un avenir incertain.
L’annonce faite dans le budget 2024 selon laquelle le gouvernement du Canada nommera un conseil consultatif sur la science et l’innovation est un pas encourageant dans la bonne direction. Composé de dirigeants du milieu universitaire, de l’industrie et d’organismes sans but lucratif, ce groupe sera chargé d’élaborer une stratégie nationale sur la science et l’innovation. Je salue cette initiative et j’attends avec impatience la création de ce conseil. Sa première tâche devrait être d’élaborer une politique scientifique globale.
Une politique scientifique fédérale va au-delà d’une série de lignes directrices et de règles. C’est même plus qu’une déclaration selon laquelle, en tant que pays, nous accordons une grande importance à la valeur de la recherche, de la découverte et de l’innovation et que nous ne comptons pas sur l’industrie pour en faire la majeure partie. Il ne s’agit pas seulement d’un engagement gouvernemental à planifier l’intelligence artificielle avancée, à soutenir notre population vieillissante, à financer des solutions pour sauver notre planète d’un changement climatique irréversible ou à protéger nos infrastructures essentielles contre les cyberattaques. Une politique scientifique fédérale est un investissement pour continuer à être l’une des nations les plus prospères du G7 et l’un des meilleurs endroits au monde où vivre.
Le dernier budget fédéral comprenait des investissements importants dans l’écosystème de recherche du Canada. Il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Un examen de la part du PIB que le Canada a consacrée à la R-D au cours de ce siècle par rapport aux autres pays de l’OCDE dresse un tableau décevant et franchement honteux. En 2002, le Canada dépensait un peu moins que la moyenne de l’OCDE. Aujourd’hui, nous dépensons encore moins d’argent qu’il y a vingt ans, alors que la moyenne de l’OCDE est en hausse. Le Canada va dans la mauvaise direction. Les États-Unis et le Royaume-Uni ont augmenté le pourcentage de leur PIB consacré à la R-D, la trajectoire du Royaume-Uni ayant fortement augmenté en 2013 après être restée à peu près la même au cours de la décennie précédente. C’est comme si le Royaume-Uni avait eu une révélation. Le Canada aurait dû avoir sa propre révélation.
J'ai récemment présenté un exposé au Comité permanent de la science et de la recherche de la Chambre des communes, plaidant en faveur d'une politique scientifique fédérale. La science transcende la politique. De par sa nature même, la science a un horizon temporel à long terme et ne s'inscrit pas dans le cadre des mandats relativement courts des gouvernements en place et des élus, et encore moins dans les périodes de rapport trimestriel ou annuel de l'industrie. Nos dirigeants devraient reconnaître et approuver ce que tant de leurs pairs ont déjà appris sur le rôle crucial que jouent la recherche et la découverte scientifiques dans les économies fortes, la sécurité nationale, la productivité et la santé publique.
L’Agence américaine pour les projets de recherche avancée en matière de défense (DARPA) est née de la volonté de mener des avancées technologiques, et non pas de les observer ou, pire, d’en être les victimes. Son objectif est d’identifier et de financer les avancées en recherche fondamentale et appliquée, en ayant à l’esprit la sécurité nationale et la supériorité de son armée. Son budget pour 2024 était de plus de 4 milliards de dollars. Il y a plus de dix ans, la DARPA a été l’un des premiers à soutenir la recherche sur les vaccins chez Moderna. Vous savez comment cela s’est terminé. Le Canada a dû attendre que les vaccins contre la COVID-20 soient disponibles pour les premiers à servir leurs citoyens. Nous n’avons pas suffisamment soutenu notre propre recherche en biotechnologie. Il n’y a aucune raison pour que le Canada ne puisse pas avoir une agence similaire ici, où les dépenses consacrées à la défense ont des avantages que nous ne pouvons imaginer. Nous avons été critiqués par nos partenaires de l’OTAN pour avoir consacré moins de XNUMX % des dépenses militaires à la recherche et au développement. Nous devons avoir le courage et la prévoyance d’investir dans notre avenir.
La Corée du Sud consacre près de 5 % de son PIB à la recherche et au développement. Entre 2002 et 2022, les dépenses consacrées à la recherche et au développement ont augmenté tous les ans, sauf deux. Le pays dispose d’un système de soutien à la recherche interdépendant dans lequel le gouvernement, le monde universitaire et l’industrie jouent un rôle égal et tirent des bénéfices proportionnels de leur participation. Lorsque j’ai visité l’Université nationale de Séoul il y a plus de dix ans, j’ai vu le laboratoire d’optique d’un collègue dans le bâtiment Samsung à plusieurs étages du campus. Samsung a commencé comme une épicerie avant que le gouvernement n’investisse des fonds et n’accorde des incitations fiscales à l’entreprise pour qu’elle se lance dans la recherche technologique.
Le Canada devrait s’inspirer des pratiques exemplaires des autres pays et encourager le gouvernement, l’industrie et le milieu universitaire du Canada à travailler ensemble pour permettre aux trois de bénéficier de la recherche. Bien que le gouvernement fournisse un soutien financier généreux, notamment dans les domaines de l’informatique quantique et de l’intelligence artificielle, il doit trouver un moyen de tirer parti des fonds de l’industrie. Le Danemark a des lois fiscales qui obligent les entreprises détenues par des fondations à mener des recherches. J’ai donné une conférence publique à l’Université de Copenhague juste après que la Fondation Novo Nordisk ait annoncé un programme d’informatique quantique doté d’un financement d’environ 200 millions de dollars. Le Danemark ne représente qu’un quart du PIB du Canada, mais l’année dernière, il a généré l’équivalent de 68,000 55,000 dollars de PIB par habitant, contre XNUMX XNUMX dollars pour le Canada.
L'OCDE a élaboré le Manuel de Frascati afin que les pays puissent déterminer les dépenses en R-D de la même manière. Il classe la recherche dans les catégories suivantes : recherche fondamentale, recherche appliquée et développement expérimental. Une politique scientifique canadienne doit valoriser ces trois domaines.
Les développements expérimentaux conduisent directement à de nouveaux produits et services, mais le développement ne peut se poursuivre sans de nouvelles idées issues de la recherche fondamentale et de la recherche appliquée. La science pure a de nombreuses applications remarquables à offrir. Nous n'aurions pas les systèmes GPS sur lesquels nous comptons tous aujourd'hui (recherches également soutenues par la DARPA) si nous n'avions pas l'équation d'Einstein pour la relativité générale, par exemple. Le World Wide Web a été créé pour que les nombreux utilisateurs de l'accélérateur de particules du CERN puissent communiquer en permanence, même s'ils sont partout dans le monde. C'est plus de 40 ans après les équations d'Einstein pour le laser que nous avons eu un laser fonctionnel. C'est 25 ans plus tard que j'ai développé l'amplification d'impulsions chirppées en tant que doctorant. Et c'est des années plus tard que l'invention destinée à nous dire comment la lumière de haute intensité interagit avec la matière a conduit au développement de la chirurgie oculaire au laser. En tant que société, nous ne devons pas juger la science sur son impact immédiat, ni la financer sur la base de ses éventuelles applications futures. Demandez-vous plutôt si la recherche proposée a la possibilité de découvrir quelque chose de nouveau sur nous-mêmes, sur le monde ou sur l’univers. Laissez ces nouvelles découvertes évoluer vers de nouvelles applications et de nouveaux appareils.
Le conseil consultatif sur la science et l'innovation annoncé devrait être apolitique et rester en place quel que soit le parti au pouvoir. Il devrait s'agir d'une institution protégée qui nous guide en tant que nation. Le président américain Joe Biden a mis en place un conseil consultatif présidentiel sur la science et la technologie composé de 30 des meilleurs chercheurs du pays. L'une des questions clés auxquelles le président leur a demandé de répondre est de savoir comment assurer la santé à long terme de la science et de la technologie dans ce pays. Cette question est également importante pour le Canada.
Bien que l’augmentation des investissements dans l’innovation et la recherche soit une évolution positive, une politique nationale sur les sciences contribuerait à assurer un financement et un soutien continus et soutenus à la découverte scientifique au Canada. Un pays qui investit dans l’innovation scientifique à long terme est plus susceptible de conserver ses meilleurs talents et de soutenir le développement de leurs idées pour l’amélioration de la société canadienne. Le Canada serait également en mesure d’aider le monde au lieu d’attendre que d’autres pays nous aident. Les partenariats en matière de défense sont plus souhaitables avec un pays qui investit massivement dans les avancées technologiques, surtout si cet engagement envers l’avancement des sciences est ancré dans notre mode de vie et garanti pour les générations futures.
Le Canada a besoin d’une politique scientifique qui oriente la recherche fondamentale vers le développement de produits. Nous avons besoin d’une politique scientifique qui permette à la science de contribuer à la recherche de solutions aux problèmes et aux menaces de la société, et d’une politique qui comprenne que nous devons faire de la science aujourd’hui, de la science pure jusqu’au développement, afin d’être prêts à l’avenir à trouver de nouvelles solutions à de nouveaux problèmes.
Le Conseil consultatif sur la science et l’innovation aura fort à faire. Il ferait mieux de s’y mettre.