Pourquoi la recherche sur le cerveau et la santé mentale peut être le prochain moteur d’innovation du Canada
Auteur:
Dr Michael D. Hill, M. Sc., FRCPC
Département de neurosciences cliniques et Institut du cerveau Hotchkiss, École de médecine Cumming, Université de Calgary et Centre médical Foothills
Professeur
Fondation canadienne des sciences neurologiques
Président
Cédric Bisson, docteur en médecine et docteur en droit
Teralys Capital
Partenaire
Lindsay Borthwick, M. Sc.
Stratégie canadienne de recherche sur le cerveau
Responsable des communications scientifiques
Clause de non-responsabilité : La version française de cet éditorial a été auto-traduite et n’a pas été approuvée par l’auteur.
Il est urgent et essentiel de tracer la voie vers un avenir où le cerveau sera en bonne santé. Ces conditions sont idéales pour une innovation audacieuse et un changement de politique.
Alors que la célèbre neuropsychologue Brenda Milner célébrait son 106e anniversaire à Montréal, de nouveaux médicaments contre la maladie d’Alzheimer qui combattent la perte de mémoire et le déclin cognitif arrivaient enfin sur le marché.
La découverte de Milner selon laquelle des régions cérébrales spécialisées dans la mémoire et la cognition font désormais partie des manuels scientifiques, transformant notre compréhension de la façon dont les souvenirs se forment et façonnent l'identité. S'appuyant sur les travaux révolutionnaires de Milner, les scientifiques d'aujourd'hui font des progrès sans précédent dans la compréhension et le traitement des troubles de la mémoire. Les chercheurs peuvent désormais identifier les molécules et les cellules impliquées dans les processus de mémoire, observer la formation des souvenirs en temps réel et même ralentir le déclin cognitif.
Un seuil a été franchi : les avancées dans la recherche sur le cerveau sont devenues des innovations qui changent profondément la vie des gens. Les médecins peuvent enfin modifier la trajectoire de la maladie d'Alzheimer, et d'autres avancées améliorent les résultats pour les personnes atteintes d'accident vasculaire cérébral, de sclérose en plaques, d'épilepsie et de dépression.
Le Canada est bien placé pour ouvrir la voie à cette nouvelle frontière de la science, grâce à l'héritage de pionniers comme Milner et aux générations d'innovateurs qu'ils ont inspirées. Si nous saisissons cette occasion, la recherche sur le cerveau et la santé mentale pourrait devenir une pierre angulaire de l'économie de l'innovation au Canada, améliorant la santé et le bien-être des Canadiens et créant un effet d'entraînement dans toute la société.
Leadership du Canada en neurosciences :
- Le Canada excelle dans la recherche en neurosciences et en santé mentale, se classant parmi les cinq premiers au monde.
- Les Canadiens se spécialisent en neurosciences plus que dans tout autre domaine de recherche, surpassant tous les autres pays du G7.
- Les découvertes canadiennes et les innovations en matière de traitement ont eu un impact mondial.
L’essor mondial de l’innovation dans le domaine de la santé cérébrale
L’essor mondial des innovations dans le domaine de la santé cérébrale transforme notre façon de comprendre et de traiter les troubles neurologiques et de santé mentale. Cette innovation englobe les avancées dans les outils de diagnostic, les produits pharmaceutiques, les thérapies cognitives et les neurotechnologies (des appareils qui interagissent avec le système nerveux pour surveiller, moduler ou améliorer l’activité cérébrale).
Plusieurs facteurs expliquent cet essor : des décennies de recherche sur le fonctionnement du cerveau dans le domaine de la santé et de la maladie, des investissements publics et privés accrus, de nouvelles technologies performantes pour étudier le cerveau et l’essor de l’intelligence artificielle (IA), qui permet d’analyser des données cérébrales complexes. Le vieillissement de la population et la demande croissante de traitements efficaces pour des maladies comme la démence contribuent également à cet essor.
Pour un Canadien sur cinq qui recevra un diagnostic de maladie cérébrale ou de santé mentale au cours de sa vie, l’avenir s’annonce plus prometteur. Même si les remèdes contre de nombreuses maladies neurologiques et psychiatriques demeurent difficiles à trouver, les traitements se multiplient et deviennent plus efficaces.
Par exemple, le Canada affiche l’un des taux de sclérose en plaques (SEP) les plus élevés au monde. Aujourd’hui, de nombreux Canadiens atteints de SEP peuvent vivre sans handicap grâce au développement de médicaments ciblant le système immunitaire. Les chercheurs étudient des stratégies pour protéger les cellules nerveuses et restaurer la myéline perdue chez les patients atteints de SEP. Les experts prédisent une explosion des options de traitement au cours de la prochaine décennie. De même, de nouveaux médicaments contre une forme héréditaire de sclérose latérale amyotrophique, ou maladie de Lou Gehrig, peuvent stopper la progression de la maladie. En cas d’accident vasculaire cérébral, les médecins peuvent désormais rétablir rapidement la circulation sanguine, ce qui améliore les résultats des patients et réduit l’invalidité à long terme et la mortalité. Pour les personnes atteintes de lésions cérébrales et médullaires, il existe de nouvelles techniques et de nouveaux appareils de réadaptation qui stimulent le système nerveux pour restaurer les fonctions perdues.
Les scientifiques canadiens ont joué un rôle clé dans bon nombre de ces percées, ce qui témoigne de notre contribution de la nation à la recherche mondiale sur le cerveau et la santé mentale.
Au-delà de la santé publique
Les avantages de l’innovation en matière de santé cérébrale vont au-delà de la santé publique. La science du cerveau est un multiplicateur de forces qui favorise les avancées dans des domaines connexes comme l’IA, l’éducation et la technologie, alimentant davantage d’innovations et contribuant à la croissance économique. Les scientifiques canadiens ont été des pionniers dans le développement des réseaux neuronaux artificiels (RNA), qui sont devenus fondamentaux pour l’IA. Les RNA, modelés sur les neurones biologiques et les processus cérébraux, ont désormais le potentiel de révolutionner la recherche sur le cerveau. Les progrès de la science du cerveau amélioreront à leur tour les modèles d’IA dans un cercle vertueux.
La recherche sur le cerveau permet également de former une main-d’œuvre hautement qualifiée, composée notamment de chercheurs titulaires d’un doctorat, de cliniciens, de professionnels de la santé et d’autres personnes des secteurs public et privé. Cette main-d’œuvre constitue le fondement d’un écosystème d’innovation florissant, essentiel pour transformer les idées en avantages sociétaux.
Transformer la vision en réalité
Pour concrétiser cette vision, le Canada doit miser gros sur la recherche sur le cerveau, comme il l’a fait dans l’intelligence artificielle, la science quantique et d’autres secteurs émergents. Oui, cela signifie investir davantage dans la recherche sur le cerveau et la santé mentale, notamment en augmentant le financement des gouvernements et du secteur privé. Cependant, le financement doit également être stable et à long terme, car comprendre le cerveau et traduire ces connaissances en produits et services est un défi complexe qui exige un engagement à long terme.
Au-delà du financement, le Canada doit bâtir un écosystème qui s'étend de la recherche fondamentale à la commercialisation. De nombreux éléments sont déjà en place : des universités et des instituts de recherche de calibre mondial, des installations de pointe, des ressources informatiques et de données, ainsi qu'une main-d'œuvre hautement qualifiée. Ce qui manque, c'est le transfert efficace des percées scientifiques vers des applications concrètes, ce qui nécessite davantage de collaboration interdisciplinaire, des partenariats entre le milieu universitaire et l'industrie, ainsi que des processus de recherche et de réglementation simplifiés.
Alors qu’une vague d’innovations en matière de santé cérébrale se profile à l’horizon, le Canada doit agir maintenant pour renforcer son écosystème de recherche sur le cerveau et la santé mentale et honorer l’héritage de pionnières comme Brenda Milner.
Cet éditorial reflète les idées clés et les perspectives diverses partagées au cours d'une Table ronde organisée par la Stratégie canadienne de recherche sur le cerveau, réunissant des experts en recherche sur le cerveau et en santé mentale. Le contenu est une synthèse de leurs contributions et opinions.