Soutenir et sécuriser l’innovation canadienne dans les établissements postsecondaires
Clause de non-responsabilité : La version française de cet éditorial a été auto-traduite et n’a pas été approuvée par l’auteur.

Akshay Singh
Directeur, Sécurité de la recherche
UBC
Les chercheurs au Canada qui demandent un financement fédéral doivent désormais se familiariser avec les nouvelles normes de sécurité de la recherche ou les mises à jour lignes directrices et exigences conçu pour, entre autres, aider à protéger les connaissances et la propriété intellectuelle canadiennes contre toute utilisation abusive ou vol.
Dans un monde de plus en plus complexe, nous devons bien sûr nous adapter avec souplesse pour atténuer les risques de sécurité pour la recherche et nos chercheurs. Cela dit, à chaque niveau d’exigences supplémentaires, les établissements d’enseignement postsecondaire et les chercheurs sont confrontés à des fardeaux et des obstacles de plus en plus lourds, susceptibles de limiter l’innovation et les précieuses possibilités de développement et de commercialisation des connaissances.
Le Canada ne sera pas en mesure de soutenir pleinement la concurrence et d’innover à l’échelle mondiale s’il met en œuvre des exigences de sécurité sans une politique solide pour promouvoir – et un financement adéquat – des collaborations de recherche avec des partenaires de confiance dans les mêmes domaines de recherche technologique novateurs que nous cherchons à protéger.
L'argument en faveur des exigences de sécurité
Il est utile de disposer d’orientations et d’exigences claires et cohérentes sur les types de technologies et de connaissances qui préoccupent le gouvernement. Cela permet aux parties prenantes de mieux s’orienter dans un paysage de risques en évolution rapide et d’atténuer les problèmes potentiels de la manière la plus efficace. Les lignes directrices aident également les chercheurs à réduire le risque que leurs recherches soient détournées, volées ou utilisées de manière abusive par des acteurs à haut risque.
Contrairement à une croyance répandue, la question de la sécurité de la recherche n'est pas nouvelle. Les établissements d'enseignement supérieur et les chercheurs s'attaquent aux questions liées à ce sujet depuis un certain temps déjà. Ceux qui ont regardé le film de Christopher Nolan Oppenheimer, par exemple, on peut se souvenir d'un échange tendu entre le général Leslie Groves (joué par Matt Damon) et les chercheurs travaillant sur le projet Manhattan, le premier critiquant sévèrement les scientifiques pour ne pas être suffisamment discrets ou soucieux de la sécurité concernant ce projet hautement sensible.
Bien que la représentation hollywoodienne de cette question soit probablement trop dramatique, les scientifiques impliqués dans le projet ont effectivement lutter contre le cloisonnement forcé de connaissances au nom de la sécurité. Bien que la libre circulation des idées ait probablement aidé les personnes impliquées dans le projet à atteindre leurs objectifs, un manque de conscience de la sécurité a probablement aussi aidé l'Union soviétique à recueillir des connaissances précieuses sur le projet (par exemple, par le Dr Klaus Fuchs) et construire leur propre bombe atomique.
Impacts potentiels sur la compétitivité et l’innovation
De nouvelles directives s’ajoutent aux exigences existantes telles que celles liées à la gestion des marchandises contrôlées, contrôles d'exportation et les sanctionsLe gouvernement fédéral n’est pas le seul à mettre en œuvre des exigences en matière de sécurité de la recherche; Ontario et Alberta les gouvernements ont également leurs propres lignes directrices, tout comme la USAL’ Union européenne et le G7 ont également exprimé des inquiétudes sur le sujet.
Les exigences fédérales visant à renforcer la sécurité liée à la recherche générée par des subventions fédérales sont principalement dictées par les Lignes directrices sur la sécurité nationale pour les partenariats de recherche, mis en œuvre en 2021, et la Politique sur la recherche technologique sensible et les affiliations préoccupantes (STRAC), mis en œuvre en 2024Des organisations telles que la Conseil National de Recherche ainsi que Mitacs ont également mis en œuvre leurs propres plans.
Bien que la plupart des chercheurs puissent probablement comprendre que les technologies « à double usage » clairement identifiables (c'est-à-dire les technologies qui peuvent être utilisées dans des contextes civils et militaires) sont particulièrement préoccupantes, les types de technologies que le gouvernement fédéral considère désormais comme sensibles et qui les acteurs à haut risque ciblent s'est considérablement élargi.Domaines de recherche en technologie sensible« Les domaines d’intervention prioritaires (STRA) identifiés par le gouvernement fédéral comprennent, par exemple, des domaines liés au développement des piles à combustible, au traitement des minéraux critiques et aux processus de fabrication avancés.
Un examen attentif de la liste des STRA révèle, sans surprise, des domaines technologiques qui jouent un rôle important dans la compétitivité économique mondiale et représentent des domaines majeurs d'innovation et de croissance potentielles futures. Le « budget 2024 » du Canada, par exemple, Faits saillants Les secteurs de la fabrication, de l'énergie propre et des technologies propres, ainsi que des technologies de nouvelle génération telles que l'informatique quantique et l'intelligence artificielle, sont des domaines d'intérêt majeurs. La liste STRA couvre également ces domaines.
Bien que les lignes directrices et les exigences du Canada en matière de sécurité de la recherche soient fondamentalement indépendantes de chaque pays, elles exerceront invariablement une pression sur les établissements postsecondaires et les chercheurs pour qu'ils s'éloignent des partenariats potentiellement sensibles avec des établissements à haut risque basés en République populaire de Chine (RPC) ou étroitement liés à ce pays.
La politique sur STRAC spécifiquement Faits saillants 103 « organisations de recherche désignées » (NRO) qui posent des défis importants en matière de sécurité nationale. Quatre-vingt-cinq de ces organisations sont de la RPC et les chercheurs ne seront pas éligibles au financement fédéral s'ils souhaitent faire progresser une STRA avec l'aide d'une subvention et sont activement affiliés à ces NRO ou reçoivent un financement et un soutien en nature de leur part.
Les établissements d’enseignement postsecondaire et les chercheurs du Canada devront souvent regarder au-delà de la deuxième économie mondiale s’ils veulent recevoir des fonds fédéraux et être perçus par le gouvernement du Canada comme protégeant adéquatement leur innovation et leur savoir. Même si cette voie est peut-être justifiée, on ne peut nier que les établissements canadiens perdront des possibilités de collaboration et des talents qui pourraient contribuer à faire avancer notre économie et notre programme d’innovation.
Que pouvons-nous faire pour relever les défis ?
Si l’on veut parvenir à un consensus mondial sur le caractère sensible de certaines technologies innovantes et potentiellement rentables sur le plan économique et sur le fait que les partenariats avec des entités spécifiques sont trop risqués pour être poursuivis, nous devons donner la priorité aux collaborations sensibles avec des entités considérées comme à faible risque. Idéalement, les pays du monde entier devraient être en mesure d’établir et de maintenir une norme de sécurité commune en matière de sécurité de la recherche, similaire à celle qui existe ISO 9001 L’Université de Californie à San Francisco (UCSD) propose des certifications en matière de gestion de la qualité. Cependant, compte tenu du caractère nébuleux et de l’évolution rapide du domaine de la sécurité de la recherche, il est très peu probable qu’un consensus commun sur la sécurité de la recherche soit atteint prochainement.
Entre-temps, les gouvernements du Canada devraient établir un soutien financier dédié et chercher à promouvoir des cadres de co-investissement intergouvernementaux qui encouragent les institutions à repousser les obstacles à l’innovation dans des domaines sensibles d’une manière qui présente un risque de sécurité moindre. Un financement canadien supplémentaire pour la recherche dans des domaines sensibles permettra aux chercheurs de collaborer plus efficacement chez eux ou à proximité. Les possibilités d’investissement interprovinciales, par exemple, seraient les bienvenues, tout comme l’élargissement des possibilités telles que le Centres mondiaux de la National Science Foundation.
Le Canada devrait également chercher à tirer parti des cadres existants, comme son cadre relativement nouveau Stratégie Indo-Pacifique, afin de promouvoir les partenariats et le financement de l'innovation avec un plus large éventail d'intervenants. Le Canada a déjà établi de solides partenariats avec un éventail d'intervenants internationaux par l'intermédiaire de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN). La promotion d'opportunités qui peuvent profiter au milieu universitaire par le biais de programmes tels que l'Accélérateur d'innovation de défense pour l'Atlantique Nord (DIANA) de l'OTAN offre des voies naturelles pour combler les occasions perdues en raison des exigences de sécurité.
Conclusion
Le présent document ne vise pas à remettre en cause l’existence d’exigences en matière de sécurité de la recherche. Au contraire, des lignes directrices clairement définies, simples et prévisibles à suivre permettront aux chercheurs et aux institutions de mieux hiérarchiser et concentrer leur attention sur certains domaines.
Le gouvernement fédéral soutien financier aux établissements postsecondaires À cet égard, il est également souhaitable de répondre aux exigences de sécurité de la recherche par le biais du Fonds de soutien à la recherche ; cependant, à mesure que les exigences deviennent plus onéreuses, un financement plus important sera probablement nécessaire pour un plus large éventail d’institutions (en particulier les plus petites).
Nous devons toutefois aller plus loin et rechercher activement des partenariats et des relations qui contribueront à façonner la prospérité du Canada pour les générations à venir.
Les opinions exprimées dans ce document sont les miennes et ne reflètent pas celles de mon employeur.