Agir à tous les niveaux pour inverser les impacts négatifs du racisme anti-Noirs dans les STEM : un appel à construire des parcours à travers les obstacles pour les étudiants, les diplômés et les professionnels

Auteurs):

Dr Toyib Olaniyan

Statistique Canada

Analyste de recherche

Dr Maydianne Andrade

Université de Toronto

Professeur de sciences biologiques

Réseau canadien des scientifiques noirs

Président

Désirée Sylvestre

Visions de la science

Associé à l'engagement des éducateurs

Angelo Nwigwe

Mitacs

Conseiller principal en développement des affaires

Lisa Cole

Académie k2i

Directeur de la programmation

Dr Jennifer Adams

Université de Calgary

Chaire de recherche du Canada en créativité et STEM et professeur agrégé

Dina Al-Khooly

Visions de la science

Directeur principal de l'impact et de l'apprentissage

collage de portraits de deux hommes noirs, trois femmes noires, une femme arabe et une femme autochtone.
Clause de non-responsabilité : La version française de cet éditorial a été auto-traduite et n’a pas été approuvée par l’auteur.

Depuis 2020, les Canadiens sont devenus plus largement conscients de la manière dont le racisme systémique envers les Noirs constitue une crise humanitaire continue à l’intérieur de nos propres frontières (pas seulement aux États-Unis, comme beaucoup l’ont soutenu à plusieurs reprises). Ce problème a des racines profondes et des conséquences négatives à vie pour les Noirs du Canada. Les schémas de désavantage, bien que transparents pour les personnes d'ascendance africaine, ont longtemps été cachés pour les autres Canadiens habitués à la catégorie fourre-tout de « minorité visible » ou de « racialisé ». Le rapport du groupe de travail d'experts des Nations Unies sur les personnes d'ascendance africaine au Canada était clair sur le paysage du racisme anti-Noirs au Canada :

 "L’histoire éclaire le racisme anti-Noirs et les stéréotypes raciaux qui sont si profondément ancrés dans les institutions, les politiques et les pratiques que leurs formes institutionnelles et systémiques sont soit fonctionnellement normalisées, soit rendues invisibles, en particulier pour le groupe dominant. 

Bien que ces problèmes ne soient pas propres aux STEM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques), ces domaines sont particulièrement exclusifs en raison de la lourde structure des prérequis des programmes universitaires STEM, de la nature hiérarchique des carrières STEM (en particulier dans la recherche) et de la nature hiérarchique des carrières STEM (en particulier dans la recherche). perception largement répandue d'un besoin de « talents naturels » pour les STEM, associée à des discours anti-déficits envers les Noirs. Lorsque l'on considère l'exclusion des Noirs des STEM, la crise humanitaire est également une crise pour l'économie du savoir du Canada, qui dépend nécessairement d'un vaste bassin d'innovation et de résolution créative de problèmes parmi divers professionnels et entrepreneurs. Dans un premier temps, de nombreux efforts visant à rectifier ces injustices impliquent la visibilité. Des panels, des conférences, des éditoriaux, des articles et des rapports détaillent les divers obstacles qui poussent les jeunes noirs à quitter l'école à tous les niveaux, réduisent le recrutement de diplômés noirs et entravent la réussite professionnelle des professionnels noirs. Ce qui n’est pas clair, c’est dans quelle mesure les actions significatives suivent la visibilité.                

Le Canada, célèbre pour son multiculturalisme, est confronté à une tendance inquiétante : une dépendance excessive à l’égard de l’immigration pour répondre aux demandes de main-d’œuvre STEM au sein de la communauté noire. Cela met en évidence une lacune importante dans la promotion des talents noirs locaux. Alors que les immigrants africains démontrent de solides qualifications en STEM, les étudiants, diplômés et professionnels noirs nés au Canada dans ces domaines manquent de soutien adéquat. UN Rapport 2023 de Statistique Canada illumine le paysage éducatif de la population noire. Par exemple, l'obtention d'un baccalauréat ou plus varie selon les cohortes : plus de 40 % parmi les individus nés en Afrique et leur progéniture, et 19.4 % pour ceux originaires des Caraïbes, et ce chiffre atteint 28.5 % pour leurs descendants. Les vagues migratoires historiques contribuent à ces disparités. Une action urgente est donc essentielle pour remédier aux disparités académiques auxquelles sont confrontés les étudiants noirs canadiens. Pour contrer les préjugés profondément ancrés, la sous-représentation et les inégalités systémiques, nous avons besoin de programmes d’études culturellement pertinents, d’un soutien ciblé et de pratiques d’évaluation équitables pour favoriser l’avancement académique et réduire l’écart des opportunités.

Malgré de vastes initiatives de sensibilisation STEM, des disparités persistent pour les jeunes noirs. Les programmes éliminant les barrières systémiques, offrant un accès équitable et intégrant des programmes d’études adaptés à la culture sont essentiels à un changement transformateur. La création d’opportunités de collaboration multisectorielle permet au système d’envisager de nouvelles approches pour créer des expériences pour les jeunes. Le Académie k2i (de la maternelle à l'industrie) à l'Université York illustre cette approche, en concevant des programmes axés sur l'équité en collaboration avec des partenaires pour offrir des possibilités d'apprentissage intégré au travail. Le programme k2i Bringing STEM to Life: Work-Integrated Learning Program a été conçu en collaboration avec des conseils scolaires partenaires pour faciliter l'accès des élèves qui pourraient devoir choisir entre le travail et l'école ou se retirer des cours de parcours STEM comme la physique. Les élèves du secondaire sont exposés aux STEM, développant ainsi leurs compétences, leur mentorat et la résolution de problèmes concrets liés aux objectifs de développement durable des Nations Unies. De plus, les enseignants bénéficient d’un développement professionnel, favorisant des pratiques pédagogiques innovantes. 

De même, travailler à l’intersection de la race et du revenu – Visions de la science adopte une approche centrée sur la communauté pour favoriser l'identité et la réussite STEM dans les communautés à prédominance noire de la région du Grand Toronto. Avec le soutien d’un personnel jeune et représentatif, les programmes deviennent un lieu sûr permettant aux participants de réécrire leur relation avec les STEM en dehors du contexte souvent aliénant du système scolaire formel. Les jeunes explorent des activités STEM pratiques, développent et présentent des projets STEM innovants, encadrent les plus jeunes enfants de leur communauté et se connectent à des opportunités rémunérées dans le secteur STEM. À mesure que les jeunes forgent leur parcours STEM, ils réinvestissent à leur tour leurs réussites dans leurs communautés.

Au-delà de l’éducation, les efforts ciblés sur le lieu de travail pour recruter et retenir les talents noirs STEM sont prometteurs. Le partenariat entre le Réseau canadien des scientifiques noirs (CBSN) et Statistique Canada, lancé en 2021, en est un exemple. Ce partenariat tire parti des avantages mutuels pour faire avancer la mission du CBSN, tout en permettant à Statistique Canada de répondre aux Appel à l'action contre le racisme, l'équité et l'inclusion dans la fonction publique fédérale. Le CBSN, le réseau national pionnier d'individus noirs dans les STEM, cherche à améliorer la représentation des Canadiens noirs dans tous les secteurs, y compris les STEM. Reconnaissant l'impératif d'exploiter des bassins de talents diversifiés, l'Appel à l'action sur la lutte contre le racisme, l'équité et l'inclusion dans la fonction publique fédérale encourage les modèles de recrutement innovants, en mettant particulièrement l'accent sur les communautés autochtones, les Noirs et d'autres groupes racialisés. La directive met également l’accent sur la mesure des progrès et l’amélioration de l’expérience des employés, en promouvant une approche holistique de l’inclusion. Encadré dans ce contexte, Plan d'action EDI 2021-2025 de Statistique Canada est une lueur d'espoir. En collaboration avec le CBSN, le programme pilote de recrutement a stratégiquement amélioré l'admission de huit talents s'identifiant aux Noirs du CBSN jusqu'à présent au sein de l'organisation depuis sa création en 2021. Un aspect essentiel consiste à établir un solide pipeline de rétention de carrière pour les nouvelles recrues entrant dans le cadre du partenariat du CBSN.

De même, le Mitacs et le projet de doctorat en ingénierie et technologie autochtone et noir (IBET) répond au manque de soutien pour les doctorants autochtones et noirs. Au début de 2021, lorsque le projet de doctorat IBET a été lancé, il y avait moins de 15 professeurs autochtones ou noirs dans les domaines du génie dans les universités de l'Ontario. Le manque de diversité parmi les professeurs de ces disciplines est probablement un facteur clé pour ne pas attirer les étudiants autochtones et noirs vers la profession d’ingénieur – les étudiants doivent se voir reflétés dans leurs enseignants et leurs dirigeants. Par conséquent, reconnaissant l’importance de la représentation, l’IBET met en relation les futurs chercheurs avec des mentors et propose des bourses. La participation de Mitacs amplifie l'initiative, en favorisant les opportunités de stages rémunérés et en élargissant la connectivité grâce au prix IBET Connect. L'engagement de Mitacs à lutter contre les inégalités et à éliminer les obstacles pour les peuples autochtones et d'autres parties prenantes méritant l'équité dans l'écosystème de l'innovation est illustré par son Plan d'action pour l'innovation inclusive, qui définit les objectifs et les actions stratégiques pour propulser Mitacs et ses partenaires (académiques et industriels) vers l'avant. dans le cheminement vers l’innovation inclusive.

En résumé, l’impératif d’un changement transformateur est clair. La diversité du Canada oblige le pays à garantir l'équité au sein de son paysage STEM. Des stratégies ciblées et des partenariats collaboratifs, illustrés par le programme k2i, Visions of Science, l'initiative Mitacs-IBET et le partenariat CBSN-Statistique Canada, jettent les bases d'un avenir inclusif. En offrant une éducation digne, des parcours STEM accessibles et en responsabilisant les professionnels noirs, le Canada peut forger un domaine STEM équitable qui profite à l'ensemble de sa population.