Réponse rapide BSL4ZNET COVID-19 : un véritable exemple de diplomatie scientifique
Auteurs):
Olga M. Pena, PhD
Agence canadienne d'inspection des aliments
Boursier MITACS en politique scientifique canadienne
Twitter : @OlgaPena
Margaret Neuspiel, Ph.D.
Agence canadienne d'inspection des aliments
Gestionnaire national du Bureau du chef des opérations scientifiques
Twitter : @MargaretNeus
Primal Silva, BVSc. Doctorat
Agence canadienne d'inspection des aliments
Chef des opérations scientifiques
Twitter : @PrimalSilva1
La science joue un rôle essentiel dans les moments de crise, où les connaissances scientifiques, la créativité et l'innovation peuvent non seulement résoudre les défis actuels, mais aussi conduire et préparer la voie à suivre pour les événements futurs. Cependant, travailler en silos en tant qu'institutions scientifiques, ou même en tant que nations individuelles, peut ralentir les développements, conduire à des compétitions inutiles et aboutir à des redondances inutiles. La diplomatie scientifique peut surmonter ces obstacles en facilitant, renforçant et faisant progresser la coopération internationale et l'échange de connaissances entre les nations et leurs scientifiques respectifs. Un élément clé pour obtenir des résultats optimaux de la diplomatie scientifique est le développement de collaborations scientifiques dans les moments de paix, qui évoluent en partenariats de confiance, conduisant à des avantages solides dans les moments de crise. Le réseau de laboratoires zoonotiques de niveau 4 de biosécurité (BSL4ZNet) est un véritable exemple de la réalisation de cet objectif.
Les maladies zoonotiques sont causées par des agents pathogènes naturellement transmissibles des animaux aux humains. Certaines épidémies zoonotiques émergentes, qui apparaissent récemment dans une population, ont été considérées comme une menace biologique mondiale importante ces dernières années, notamment le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS), la grippe H1N1, Ebola et maintenant Maladie à coronavirus 2019 (COVID-19). Ces zoonoses émergentes graves ont entraîné des ravages pour la santé humaine et peuvent être préjudiciables aux ressources agricoles et aux économies nationales.
La diplomatie scientifique est essentielle pour améliorer la préparation et la réponse du Canada et du monde à ces épidémies zoonotiques, permettant un échange efficace d'informations, de matériel et d'expertise. Cela peut être réalisé grâce à des réseaux internationaux capables de coordonner efficacement les ressources mondiales pour mieux comprendre les schémas de transmission des maladies, évaluer les risques et développer et appliquer la connaissance de la situation et la gestion des agents pathogènes émergents.
Après l'éclosion d'Ebola, en 2016, le Canada a joué un rôle de chef de file dans le traitement et l'amélioration des capacités de biosurveillance en organisant une réunion internationale dirigée par l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA). Cette réunion a engagé des partenaires internationaux et des parties prenantes, y compris des scientifiques, des décideurs et des décideurs politiques, pour soutenir la création du BSL4ZNet. Il s'agissait de la première étape de l'élaboration d'une orientation stratégique et d'un cadre de mise en œuvre pour un réseau international de santé animale et publique. Créé pour renforcer la coordination internationale et améliorer le partage des connaissances, le BSL4ZNet vise à tirer parti des capacités mondiales pour améliorer la préparation aux agents pathogènes émergents actuels et futurs, en appliquant une perspective One Health. Le Réseau est actuellement un consortium international solide composé de 17 organisations gouvernementales dans 5 pays : Australie, Canada, Allemagne, Royaume-Uni et États-Unis. Chaque organisation gouvernementale se concentre sur la santé animale ou publique et possède des capacités de recherche et de laboratoire pour travailler sur les agents pathogènes émergents, comme l'Agence canadienne d'inspection des aliments et l'Agence de la santé publique du Canada, qui dirigent ces efforts au Canada en tant que force unifiée.
Le BSL4ZNet fonctionne sur quatre piliers majeurs : (1) Formation de personnel de classe mondiale, (2) Excellence scientifique, (3) Coopération institutionnelle et (4) Réponse internationale. Chaque pilier de travail a des réunions régulières et divers événements organisés, y compris des ateliers de formation, des échanges de scientifiques et des symposiums trimestriels d'excellence scientifique. Grâce à ces activités, des relations de confiance ont été établies au fil du temps entre les scientifiques, les responsables de laboratoire, les directeurs et les décideurs politiques au sein du Réseau, établissant un modèle important d'engagement et de partage d'informations entre les agences gouvernementales. C'est devenu un véritable exemple de diplomatie scientifique qui est maintenant mise à profit pour lutter contre la pandémie de COVID-19.
Grâce à ces efforts, le Réseau a pu établir un plan d'action de réponse rapide COVID-19, afin de faciliter un partage rapide, efficace et de renseignements grâce à des réunions d'urgence organisées depuis janvier 2020. Participation de membres du groupe de travail international sur la réponse pilier et le comité de pilotage du Réseau, ces réunions bihebdomadaires ont servi d'espace ouvert et transparent pour échanger des connaissances, discuter des défis; en plus de servir de pont pour présenter des intérêts de recherche communs qui pourraient mener à des collaborations fructueuses. Ces actions ont abouti à des résultats percutants, notamment un engagement précoce avec des groupes de recherche qui ont réussi à isoler le virus (SRAS-CoV-2), ainsi que le partage de protocoles de propagation, des actions qui ont soutenu la mise en œuvre et l'amélioration des méthodes de diagnostic, et l'initiation d'études de recherche. De plus, la compréhension de l'interface homme-animal est un élément essentiel pour l'élaboration de politiques fondées sur des données probantes pendant toute pandémie. Ainsi, d'importantes discussions sur ce sujet et l'interconnectivité avec des entités mondiales telles que l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE) ont eu lieu, conduisant à des retours d'expérience percutants sur les besoins de recherche pour les études de sensibilité animale et les diagnostics animaux. Le partage des plans de recherche sur la COVID-19 a été l'un des principaux résultats de la coopération institutionnelle lors de ces réunions, identifiant des intérêts de recherche communs et promouvant la collaboration entre les partenaires du réseau pour poursuivre des projets spécifiques. Enfin, un inventaire d'experts en coronavirus à travers le réseau a été généré, soulignant la présence solide d'expertise en la matière, permettant aux partenaires du réseau de se soutenir mutuellement tout au long des pressions induites par la pandémie de COVID-19.
En outre, le réseau continue de faire progresser les capacités scientifiques avec des experts techniques grâce à ses autres piliers de travail préexistants, notamment en développant des séminaires de formation pour en savoir plus sur les techniques de laboratoire associées au SRAS-CoV-2 ; discuter de la mise en place proactive d'accords bilatéraux et multilatéraux pour faciliter la collaboration future lors des prochaines crises mondiales de santé humaine ou animale ; coordonner un symposium scientifique sur la recherche sur la COVID-19 réunissant des scientifiques du milieu universitaire, du gouvernement et de l'industrie ; et diriger un exercice sur table pour développer et tester un protocole d'intervention d'urgence raffiné informé par les événements de l'évolution de la pandémie de COVID-19.
La science dépend de la transparence, de l'ouverture et d'une collaboration internationale de confiance pour surmonter une crise sanitaire mondiale. Les actions de BSL4ZNet démontrent ces valeurs et fournissent un exemple de diplomatie scientifique : une alliance qui s'est efforcée au fil des ans d'établir la confiance nécessaire pour surmonter des défis tels que la crise actuelle du COVID-19 et de renforcer les capacités pour tout événement futur.