Budget 2018 : Une plate-forme pour l'échelle et la concentration dans les sciences de la vie au Canada

Auteur:

Gordon C. McCauley

Gordon McCauley
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Les sciences de la vie canadiennes peuvent mener le monde – mais nous n'en sommes pas encore là. La bonne nouvelle, c'est que nous disposons désormais de nombreux outils pour y parvenir.

« Égalité + Croissance », le budget fédéral de 2018 a offert un changement radical au paysage canadien de la recherche et de l'innovation, et commence à remédier au déclin que nous avons constaté dans notre position mondiale en matière de recherche au cours de la dernière décennie. Mais en examinant son impact en termes de secteur des sciences de la vie en particulier, nous devons revenir un peu en arrière pour voir où en est vraiment l'industrie et pourquoi nous n'avons pas encore traduit les investissements antérieurs du gouvernement dans la recherche fondamentale en santé en une solution viable et secteur industriel durable.

Par exemple, il y a quelques semaines à peine, les «super clusters» à succès ont été annoncés, couvrant tout, des technologies numériques aux océans en passant par l'intelligence artificielle, l'agroalimentaire intelligent et la fabrication de pointe - avec ceux-ci dirigés par des puissances industrielles telles que Telus et Microsoft. Ce que nous n'avons pas vu dans cette liste était une super grappe autonome des sciences de la vie - et la raison principale est que le Canada est en fait le seul marché pharmaceutique avancé sans société d'ancrage mondiale, dont deux étaient des conditions préalables à l'évaluation de la super grappe.

Les ancres portent bien leur nom car la nomenclature décrit leur rôle et leur importance dans la construction d'un écosystème industriel. Au Canada, nous avons tous les éléments pour construire de tels piliers, et les données indiquent clairement que même si la recherche exploratoire a une valeur intrinsèque considérable, nous devons absolument maximiser l'impact de cette recherche en créant de nouvelles sociétés phares. si nous voulons être compétitifs à l'échelle mondiale.

Ainsi, les efforts importants et attendus depuis longtemps dans le budget de 2018 se sont concentrés en grande partie sur le financement de la recherche fondamentale (par exemple, en augmentant le financement des conseils subventionnaires, comme le recommande le rapport Naylor); nous devons nous concentrer sur la façon dont le budget, et nous en tant qu'industrie, abordons la traduction de ces investissements dans ce qui peut devenir les sociétés phares canadiennes des sciences de la vie dont nous avons tant besoin.

Pendant 150 ans, le Canada s'est largement appuyé sur l'extraordinaire abondance de ses ressources naturelles pour bâtir son économie, mais seulement dans la mesure où nous exportons ces ressources à l'état brut pour que d'autres en tirent davantage de valeur. Nous risquons sérieusement de faire exactement la même chose avec une autre ressource : notre incroyable entreprise de recherche scientifique – d'autant plus que les décideurs publics entament le processus de rétablissement de son financement.

Exemple concret : Le Canada a une fière tradition de recherche en santé pour soutenir l'innovation, et il accorde beaucoup plus d'importance à la crédibilité, à la compétitivité et à l'impact de cette recherche. Avec moins de 0.5 % de la population mondiale, nous produisons 5 % des publications de recherche mondiales, avec un taux de citation qui se situe parmi les six premiers pays au monde et 43 % supérieur à la moyenne mondiale. Nous occupons le 15e rang mondial au « Global Innovation Index » de l'Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle. Pourtant, lorsque nous mesurons l'efficacité de notre propriété intellectuelle, révélatrice du gain d'activité économique qui lui est associée, nous dégringolons au 57e rang.

Ces données suggèrent que trop souvent nous exportons cette matière première telle quelle – avant d'avoir la possibilité d'exploiter pleinement sa valeur. Classiquement, nous développons des produits jusqu'à la preuve de concept ou même la validation commerciale, puis nous vendons. Nous sommes une communauté dominée en nombre par de petites entreprises qui luttent pour trouver une opportunité de mise à l'échelle. Et bien trop souvent, on voit ces succès acquis par des entités étrangères et les emplois, le savoir-faire et l'impact économique partir ailleurs. En conséquence, nous sommes une nation de start-ups et non de scale-ups. Nous menons le monde dans le démarrage d'entreprises sur une base relative. Mais généralement, lorsqu'une entreprise montre le potentiel d'être une bonne mise à l'échelle, elle est acquise.

Pour y remédier, il faut une approche à l'échelle du système. Le gouvernement fédéral peut assurer la viabilité de la voie de la recherche, du développement et de la commercialisation grâce à un environnement de politique publique complet et bien harmonisé qui appuie la recherche fondamentale, défend l'application et la commercialisation de cette science et attire d'autres investissements en capital de risque au Canada. C'est l'un des principaux moyens par lesquels nous deviendrons effectivement une super grappe des sciences de la vie.

Aussi convaincante que le réinvestissement dans la recherche fondamentale dans le budget de 2018, est la volonté de rénover et de coordonner les programmes d'innovation, tels que les Réseaux de centres d'excellence, y compris le Programme des centres d'excellence en commercialisation et en recherche (CECR). Le réalignement de ces programmes pour qu'ils soient conformes à un objectif de politique publique consistant à faire croître et prospérer les entreprises au Canada est un élément essentiel de l'application de la recherche et de la création d'entreprises phares. Bon nombre d'entre nous travaillent aux côtés de la Table fédérale de stratégies économiques sur la santé et les biosciences, dirigée par l'industrie et présidée par Karimah Es Sabar, « Pour stimuler la croissance d'une industrie canadienne de la santé et des biosciences florissante qui attire les investissements, les talents et offre des emplois de qualité — une occasion unique pour identifier des cibles de croissance ambitieuses à long terme, des défis à l'échelle de l'industrie et des obstacles à l'innovation, ainsi que des plans d'action pour maximiser le potentiel du secteur dans l'économie canadienne.

La bonne nouvelle est donc que des efforts considérables sont déployés dans l'ensemble de l'écosystème canadien des sciences de la santé pour faire les choses différemment. Du soutien aux conseils subventionnaires du Canada aux véhicules nationaux d'application et de commercialisation tels que le CDRD (dont le financement fédéral a été prolongé jusqu'en 2023 par le budget de 2018), en passant par la résolution des problèmes d'égalité des sexes dans le domaine scientifique et le renforcement de la capacité des entreprises canadiennes à rester à la pointe de la technologie. bord, le budget de 2018 vise à faire en sorte que le Canada abrite un écosystème d'innovation complet et bien soutenu; et dans l'ensemble, les engagements pris dans le budget de 2018 fournissent un cadre solide et une occasion de rassembler des partenaires et des ressources nationales pour faire collectivement des sciences de la vie canadiennes une véritable super grappe nationale, identifiant, unifiant, créant et conservant de la valeur au Canada et pour le Canada.

je. CRSNG
ii. Conseil des académies canadiennes