Budget fédéral 2017 et « les fantômes des examens S&T : passé, présent et futur »

Auteurs):

Tina Saryeddine, David Hill, Bill Tholl

SoinsSantéCAN

Tina

Tina Saryeddine
Tina Saryeddine
Directrice exécutive, Recherche et innovation, SoinsSantéCAN

David Hill
David Hill
Integrated Vice President Health Research London Health Sciences Centre et St. Joseph's London, coprésident de la recherche de SoinsSantéCAN

Bill Thol
Bill Thol
Président et chef de la direction, SoinsSantéCAN

Les budgets fédéraux racontent une histoire intéressante pour la recherche et l'innovation lorsqu'ils sont explorés longitudinalement. Au cours des 10 dernières années, presque un budget fédéral sur deux ou sur trois contenait une déclaration sur le lancement ou l'attente d'un examen ou d'un autre. Cela présente des avantages et des défis importants pour faire avancer le programme scientifique et technologique. Le budget fédéral de 2017 en met bon nombre en lumière.

Considérez que le budget fédéral de 2010 a annoncé l'examen du soutien fédéral à la R&D. Le budget fédéral de 2013 a annoncé un examen du Programme fédéral des coûts indirects. Dans le budget fédéral de 2015, le gouvernement a signalé la publication imminente des résultats du Groupe consultatif fédéral sur l'innovation en santé qui avait été formé en 2014. Le budget fédéral de 2016 a annoncé des consultations pour un programme d'innovation et un examen scientifique du soutien gouvernemental aux programmes de sciences fondamentales. Le budget de 2017 indiquait qu'il publierait l'examen scientifique « dans les mois à venir » et annonçait un examen horizontal des programmes fédéraux d'innovation qui serait exécuté en 2018.

Les aspects positifs de ces examens sont la diligence raisonnable. Les mesures de recherche et d'innovation dans les budgets fédéraux ne sont pas banales. Ils coûtent de l'argent aux contribuables. Ils peuvent faire ou défaire l'écosystème de la recherche et de l'innovation. Ils ont besoin d'adhésion pour travailler. Les avis sont importants. Cependant, ils peuvent également apporter un côté sinistre s'ils « appuient sur pause » lorsqu'une action désespérée est nécessaire.

Considérez que bon nombre des mesures d'innovation du budget de 2017 font écho aux excellentes recommandations du Conseil consultatif économique. C'est très positif. C'est une stratégie sans surprise et à logique transparente. Cependant, le budget de 2017 remonte aussi loin que 2011 pour mettre en œuvre certaines des recommandations publiées par l'Examen fédéral de la R&D. Par exemple, le R&D Review s'est dit préoccupé par plus de « 60 programmes d'innovation dans 17 départements » et recommande un « service de conciergerie » pour les rationaliser. Le budget de 2017 fait écho à cette préoccupation et propose une « révision horizontale » des programmes d'innovation et la création d'Innovation Canada pour en consolider l'accès. La politique de recherche et d'innovation, tout comme la recherche et l'innovation elle-même, a besoin d'une longue piste.

Un exemple plus frappant des défis des examens fédéraux mentionnés dans les budgets successifs concerne les conseils subventionnaires. En 2016, les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et les autres conseils subventionnaires ont reçu la plus importante augmentation sans entrave de leur budget de base depuis leur création (les IRSC ont reçu 30 millions de dollars supplémentaires par année). C'était un bon début pour combler un déficit important et croissant. Le budget de 2017 est muet sur toute autre mesure qui sera prise pour moderniser le budget des IRSC, peut-être étant donné que les résultats d'un examen scientifique n'ont pas encore été publiés.

Cependant, cela a des conséquences. Considérez qu'en 2017, un comité international, dirigé par Sir Peter Gluckman, conseiller scientifique en chef pour la Nouvelle-Zélande, a estimé qu'il serait négligent de faire des recommandations conformément à son mandat sur les processus d'examen par les pairs, sans signaler l'effet de la grave pénurie de financement aux IRSC. La question est de savoir combien de temps les scientifiques canadiens, en particulier les chercheurs en santé en début et en milieu de carrière, peuvent-ils attendre? En combien de temps un avis peut-il être publié ? Plus important encore, à quelle vitesse et de manière appropriée peut-il être évalué et mis en œuvre ?

Les chercheurs canadiens en santé ont eu une année difficile et stressante, pleine d'incertitudes. Ils espéraient et continuent d'espérer une aide sérieuse du gouvernement fédéral. Les chiffres ou les récits ne manquent pas pour montrer le retour sur investissement dans la recherche en santé. À cet égard, nous avons été ravis de voir la santé et les sciences de la vie identifiées comme un secteur clé pour que le Canada soit concurrentiel à l'échelle mondiale. De plus, les chercheuses en santé partagent les objectifs du Gouvernement, tels qu'ils sont exprimés dans le Budget, en matière de féminisation des sciences et d'encouragement des étudiantes et étudiants dans les matières Sciences Technologie Génie Mathématiques. Cependant, de telles mesures, sans financement suffisant dans l'ensemble de l'écosystème de la recherche et de l'innovation, peuvent en réalité avoir l'effet inverse.

Les budgets fédéraux 2016 et 2017, lorsqu'ils sont pris ensemble, ont peut-être aidé à stabiliser le patient traumatisé de la recherche en santé au Canada, en poursuivant les engagements cumulatifs annuels d'augmenter les budgets de base des conseils subventionnaires. Cependant, nous ne pouvons pas appuyer sur pause trop longtemps. La question lors de la publication de l'examen scientifique sera de savoir si le Canada peut garder ouverte la devanture de la recherche en santé, même s'il choisit de rénover la boutique. Comme le gouvernement fédéral l'a fait en 2016, sa mise à jour économique serait une bonne occasion d'augmenter le financement de la recherche en santé et de veiller à ce que les scientifiques puissent atteindre leurs objectifs au profit des patients, du public, de leur main-d'œuvre et des étudiants.

Le talent scientifique est une ressource mobile et a une patience limitée avant de chercher un environnement plus valorisant à l'extérieur du Canada. Nous sommes prêts à travailler avec le gouvernement fédéral pour examiner sérieusement les recommandations issues de l'Examen scientifique fédéral.

 

Par Tina Saryeddine, directrice exécutive, Recherche et innovation, SoinsSantéCAN ; David Hill, vice-président intégré Health Research London Health Sciences Centre et St. Joseph's London, coprésident de la recherche de SoinsSantéCAN, Bill Tholl, président et chef de la direction, SoinsSantéCAN. SoinsSantéCAN est la voix nationale des organisations de soins aux patients au Canada, y compris la majorité des hôpitaux de recherche du pays. www.healthcarecan.ca