Clarifier le langage de l’innovation au Canada
Clause de non-responsabilité : La version française de cet éditorial a été auto-traduite et n’a pas été approuvée par l’auteur.

Dominique Bérubé
Vice-président, Recherche et innovation
Université McGill
Dans le discours sur l’innovation au Canada, deux concepts distincts mais liés ne sont souvent pas suffisamment distingués : collaborations entre l'industrie et le milieu universitaire visant à stimuler les investissements en R&D et entrepreneuriat universitaire axé sur la transmission des découvertes à la société pour le développement économique. L'innovation est souvent utilisée comme terme générique pour les deux, ce qui entraîne une confusion dans les domaines de la politique, de la stratégie et de l'exécution. Cette confusion peut occulter les rôles très différents que jouent ces deux voies au sein de l'écosystème de l'innovation au Canada. Bien que les deux approches soient essentielles, elles représentent différentes étapes du processus d'innovation et ne doivent pas être considérées comme interchangeables.
Au cœur de cette distinction se trouve Souveraineté de la propriété intellectuelle (PI), un problème crucial pour les universités, les entreprises et les décideurs politiques. collaborations entre l'industrie et le milieu universitaire, l'accent est généralement mis sur découverte incrémentale— l’avancement constant des connaissances et des technologies qui peuvent éventuellement conduire à des applications pratiques. Dans ces cas, la propriété intellectuelle est souvent étroitement contrôlée, les entreprises cherchant à conserver des avantages concurrentiels. D’un autre côté, esprit d'entreprise représente innovation de rupture—où de nouvelles idées ou technologies sont commercialisées, transformant souvent des secteurs industriels. Ici, l'accent est mis sur la conservation de la propriété intellectuelle pour soutenir la croissance des startups et des nouvelles entreprises.
Les stratégies d’innovation sectorielles sont essentielles
C’est pourquoi le Canada a besoin de toute urgence d’un stratégie d'innovation sectorielleL’ Secteur de l'IA (McKinsey & Compagnie), par exemple, a connu une augmentation innovation de rupture grâce à la croissance rapide des startups, notamment dans des villes comme Montréal. Cependant, le défi réside dans mise à l'échelle Ces startups peuvent ainsi devenir des entreprises plus grandes, capables d’avoir un impact économique significatif. Si le secteur de l’IA prospère grâce à l’innovation en phase de démarrage, il manque de stratégie à long terme et de soutien à l’expansion qui permettraient à ces startups de devenir des acteurs majeurs
En revanche, la secteur aérospatial est très mature, avec des antécédents bien établis découverte incrémentale processus grâce à des partenariats de longue date entre l’industrie et le monde universitaire. L'industrie aérospatiale canadienne est compétitif à l'échelle mondiale et se classe au premier rang en termes d'intensité de R&D parmi les industries manufacturières. L'accent est mis ici sur les avancées technologiques continues et constantes plutôt que sur les changements perturbateurs, ce qui rend ce secteur plus dépendant d'une collaboration stable et à long terme.
Pendant ce temps, le transition d'énergie Le secteur de l'éducation, alimenté par des investissements publics importants, est encore en train de définir sa relation avec le monde universitaire. Des investissements à grande échelle dans les énergies propres et la durabilité font progresser ce secteur, mais la écosystème de collaboration Le secteur continue de croître et il sera essentiel de mettre en place un cadre plus clair pour les partenariats entre le milieu universitaire et l'industrie afin d'atteindre les objectifs ambitieux du Canada en matière de développement durable. (Deloitte États-Unis) (RBC Marchés des Capitaux).
L'exploration récente par le gouvernement fédéral d'un régime de la patent box, qui vise à encourager la commercialisation de la propriété intellectuelle développée au Canada, constitue un pas dans la bonne direction. De telles mesures pourraient encourager les établissements universitaires et les industries à s’engager plus activement dans le développement et la conservation de la propriété intellectuelle, tout en aidant les entreprises à voir l’intérêt de partager la propriété intellectuelle par le biais de collaborations. Cependant, il est essentiel d’équilibrer ces mesures incitatives avec les besoins spécifiques du secteur pour assurer le succès à long terme de ces partenariats. .
Le rôle des universités et des chercheurs
Si les universités jouent un rôle essentiel dans la promotion de la découverte progressive par le biais de collaborations avec l’industrie et de l’innovation disruptive par l’entrepreneuriat, il n’existe pas de cadre national clair guidant les chercheurs ou les institutions sur la voie à suivre en priorité. Actuellement, le choix entre collaboration et entrepreneuriat est souvent laissé au hasard ou à la disponibilité d’opportunités ponctuelles. Les chercheurs, bien que de plus en plus ouverts à la commercialisation de leurs découvertes, ne bénéficient pas d’incitations structurées ni de conseils sur la question de savoir s’il faut privilégier le partenariat avec l’industrie pour la R&D ou se lancer dans des projets entrepreneuriaux pour commercialiser les innovations.
Cette ambiguïté se traduit par un manque d’alignement avec les priorités gouvernementales. Les chercheurs et les institutions évoluent souvent dans un paysage complexe sans incitations claires ni feuille de route, ce qui entraîne des incohérences dans la manière dont les connaissances universitaires sont appliquées à la croissance économique nationale. Par exemple, les programmes gouvernementaux favorisant l’entrepreneuriat universitaire, tels que Lab to Market, sont bienvenus, mais ils coexistent avec des mécanismes de financement axés sur la R&D sans stratégie unificatrice. Les universités sont contraintes de poursuivre ces deux directions sans avoir de vision plus large pour les guider.
Une solution possible pour combler cette lacune consiste à investir dans le Fonds d’excellence en recherche Apogée Canada (FAPC). Chaque initiative du FAPC doit élaborer une stratégie de commercialisation, qui offre aux établissements la possibilité de mieux aligner leurs efforts d’innovation sur les priorités gouvernementales. Par exemple, le programme D2R (ADN vers ARN) de McGill vise à devenir un chef de file mondial des thérapies à base d’ARN et met clairement l’accent sur la commercialisation dans le cadre de ses objectifs stratégiques. L’objectif du programme D2R est de combler l’écart entre la découverte universitaire et l’impact sociétal, et ce modèle pourrait servir de modèle à d’autres établissements cherchant à équilibrer la découverte progressive et l’innovation de rupture.
C’est là que l’intervention du gouvernement est essentielle. En établissant une stratégie nationale d’innovation cohérente qui offre des lignes directrices claires et des mesures incitatives pour la collaboration avec l’industrie et l’entrepreneuriat, le Canada peut s’assurer que les efforts de recherche universitaire sont alignés sur les priorités économiques et sociétales nationales. Une telle stratégie apporterait non seulement de la clarté aux universités et aux chercheurs, mais contribuerait également à combler l’écart entre la découverte progressive et l’innovation de rupture, en veillant à ce que les connaissances universitaires contribuent de manière significative à la fois au progrès scientifique et au développement économique.
Écosystèmes scientifiques ouverts : une voie à suivre
Un autre élément clé qui a été sous-exploré dans la stratégie d’innovation du Canada est le potentiel de écosystèmes scientifiques ouverts, qui pourrait servir de pont entre le monde universitaire et l’industrie, en particulier dans recherche préindustrielle. La science ouverte permet aux universités de rester fidèles à leur mission de production et de partage de connaissances tout en contribuant aux écosystèmes d'innovation qui profitent à la fois au public et à l'industrie. Par exemple, CQDM, un consortium de recherche précompétitive dans le domaine des sciences de la vie, démontre comment la science ouverte peut soutenir un écosystème entier plutôt que seulement des partenaires individuels. écosystèmes scientifiques ouverts sectoriels pourrait permettre une collaboration plus efficace, atténuer les problèmes de propriété intellectuelle et accélérer l’innovation dans de nombreux secteurs.
Le rôle du gouvernement dans le soutien des écosystèmes d’innovation
Il ne faut pas oublier que les universités ne sont pas directement financées pour soutenir les écosystèmes de collaboration au-delà des coûts indirects des projets individuels. Cela représente un défi fondamental. Les gouvernements doivent prendre l’initiative de structurer ces écosystèmes en clarifiant les rôles, en facilitant les dialogues sectoriels et en mettant en œuvre une stratégie de propriété intellectuelle claire qui réponde aux besoins des universités et de l’industrie, et en soutenant les parties prenantes dans la mise en œuvre de cette stratégie.
Les récentes consultations fédérales sur Révision du cadre canadien de la propriété intellectuelle, y compris le potentiel d'un régime de la patent box, sont opportunes et reflètent une reconnaissance croissante de la nécessité d’améliorer la commercialisation et la rétention de la propriété intellectuelle . Ces réformes doivent toutefois s’accompagner d’une stratégie plus vaste qui tienne compte de la maturité des différents secteurs, de leurs besoins en matière de propriété intellectuelle et de la place du monde universitaire dans l’équation. Une approche bien coordonnée, soutenue par le gouvernement et conçue pour gérer les complexités de la souveraineté de la propriété intellectuelle, sera essentielle pour favoriser une collaboration significative entre le monde universitaire et l’industrie. Ce n’est qu’avec une telle clarté et une telle coordination que nous pourrons libérer tout le potentiel de la recherche universitaire et de l’entrepreneuriat pour le développement économique.