Combler le fossé de l’innovation : pourquoi le Canada doit réformer son écosystème des sciences de la vie

Publié le: octobre 2024Catégories: Stratégie d'innovation du Canada 2024, Éditoriaux
Clause de non-responsabilité : La version française de cet éditorial a été auto-traduite et n’a pas été approuvée par l’auteur.
Style de vie-Bettina-Rochelle

Bettina Hamelin

Président

Médicaments innovateurs Canada

Le Canada est reconnu depuis longtemps pour son leadership en matière de recherche et d’innovation dans le domaine des soins de santé. Nous sommes le théâtre de découvertes révolutionnaires, de recherches cliniques avancées et d’un solide réseau d’établissements de recherche. Pourtant, il existe un paradoxe flagrant : alors que le Canada met au point certains des traitements les plus novateurs au monde, les Canadiens attendent souvent beaucoup plus longtemps pour y avoir accès, voire, dans certains cas, n’y ont jamais accès du tout.

Malgré les percées scientifiques remarquables réalisées par les établissements de recherche et les entreprises canadiennes, des obstacles systémiques entravent la traduction de ces innovations en solutions de soins de santé accessibles. Si nous voulons améliorer nos sciences de la vie, nous devons prendre des mesures pour réformer notre écosystème de soins de santé. Le moment est venu de veiller à ce que les innovations canadiennes profitent aux patients canadiens.

L’un des principaux défis est le manque d’intégration entre la recherche et le développement (R-D), les essais cliniques et le système de prestation de soins de santé. Bien que de nombreuses percées et avancées cliniques se produisent au sein du système de santé canadien, la nature cloisonnée des budgets de santé entraîne souvent des retards importants dans la mise sur le marché de ces nouveaux traitements. Pour les patients atteints de maladies rares, par exemple, seulement 60 % des nouveaux traitements parviennent au Canada, et même dans ce cas, les approbations prennent jusqu’à six ans de plus qu’aux États-Unis et en Europe.

De plus, les Canadiens attendent en moyenne deux ans avant d’avoir accès aux nouveaux médicaments et vaccins approuvés, soit un an de plus que les patients de la plupart des autres pays comparables.

Notre incapacité à aligner l’innovation sur les systèmes de prestation de soins entraîne des délais d’attente plus longs et des occasions manquées pour les patients qui ont besoin de thérapies de pointe. Ironiquement, bon nombre des traitements révolutionnaires mis au point au Canada sont d’abord offerts dans d’autres pays. Par exemple, le traitement salvateur du cancer du foie à base d’yttrium 90, un isotope radioactif, a été mis au point à Chalk River, mais il est rarement utilisé au Canada. Pourtant, il constitue la norme de soins aux États-Unis

Il ne s’agit pas seulement d’occasions médicales manquées, mais aussi de la perte de notre avantage concurrentiel dans le domaine mondial des sciences de la vie. Comme le montre l’exemple ci-dessus, les systèmes de prestation de soins canadiens ne fournissent souvent même pas les soins de qualité actuellement recommandés, ce qui limite notre capacité à attirer des essais cliniques, des investissements et des talents de premier ordre. Notre écosystème difficile compromet non seulement les soins aux patients, mais aussi notre position dans les classements mondiaux de l’innovation, ce qui entraîne des conséquences économiques plus vastes.

Le Canada doit prendre des mesures pour mieux soutenir son secteur des sciences de la vie. Au cœur de ces efforts devrait se trouver un effort concerté visant à intégrer l’innovation dans le système de prestation de soins de santé. Les véritables progrès dans les sciences de la vie se font lorsque nous repensons la manière dont nous développons, approuvons et déployons de nouveaux traitements, en veillant à ce que chaque percée parvienne aux personnes qui en ont le plus besoin.

La simplification et l'accélération du processus d'approbation des nouveaux traitements constituent une première étape cruciale. De plus, des politiques de remboursement et d'inscription plus efficaces et plus souples sont essentielles. De plus, veiller à ce que les achats de soins de santé soutiennent et encouragent l'innovation contribuera à assurer une plus grande uniformité dans l'accès des patients aux nouveaux traitements. Enfin, l'augmentation du financement et du soutien aux initiatives de recherche et développement contribuera à attirer les meilleurs talents et à améliorer l'avantage concurrentiel du Canada.

On ne saurait trop insister sur l’urgence de mettre en œuvre ces réformes. Si nous n’agissons pas, le Canada risque de prendre encore plus de retard dans la course mondiale à l’innovation. Mais il ne s’agit pas seulement de compétitivité. Il en va de la santé et du bien-être des Canadiens qui attendent d’avoir accès aux dernières avancées médicales que d’autres pays du G7 et de l’OCDE ont déjà adoptées.

Si le Canada veut demeurer compétitif dans le domaine des sciences de la vie, l’innovation doit être intégrée à la structure même de nos politiques, de nos systèmes de santé et de nos cadres réglementaires. C’est seulement à cette condition que nous pourrons conserver notre avantage concurrentiel et, plus important encore, améliorer les résultats pour les patients partout au pays.

Nous ne pouvons plus nous permettre d’attendre. Le temps des réformes est venu.