Comment le COVID-19 peut catalyser une évolution vers une industrie des produits de la mer plus localisée et transparente

Auteurs):

Emilie De Sousa

Université de Guelph

Étudiant à la maîtrise en géographie

Lauréat du Prix d'excellence en politiques scientifiques jeunesse du CPSC 2019

Emily

Savez-vous d'où vient votre poisson ?

Cela peut être un choc d'apprendre que le la majorité des produits de la mer canadiens sont exportés et le petit pourcentage des prises qui reste dans le pays est principalement destiné aux restaurants. Avec COVID-19 coupant l'accès aux principaux marchés d'exportation et les restaurants à travers le pays restant fermés dans un avenir prévisible, les pêcheurs d'un océan à l'autre se retrouvent avec des centaines de livres de prises fraîches, et nulle part où le vendre.

Les pêches canadiennes ont déjà été poussé au bord du gouffre au fil des ans en raison du changement climatique, de l'industrialisation et de la mondialisation. Aujourd'hui, le COVID-19 révèle davantage de fissures dans la chaîne d'approvisionnement des produits de la mer.

L'industrie mondialisée des produits de la mer qui encourage les Canadiens à manger des crevettes d'élevage en provenance d'Asie alors que les crevettes pêchées localement en Colombie-Britannique sont expédiées à l'étranger n'est finalement pas viable. Je ne suis pas le premier à dénoncer ce défaut fondamental des systèmes alimentaires mondiaux. D'autres ont souligné l'instabilité des chaînes d'approvisionnement mondiales et a appelé à des soutiens pour promouvoir une plus grande autosuffisance au sein de nos systèmes alimentaires locaux.

Il ne s'agit pas de s'attendre à ce que les systèmes alimentaires locaux nous nourrissent tout le temps. Les chaînes d'approvisionnement mondiales et les marchés d'exportation existeront toujours, mais des systèmes locaux plus robustes offrent une protection contre la volatilité des marchés mondiaux, tout en offrant aux pêcheurs plus d'options pour décharger leurs prises.

Être pêcheur a n'a jamais été un travail facile et COVID-19 a exacerbé le risque et l'incertitude qui accompagnent le concert. Les pêcheurs assument beaucoup de risques personnels et financiers initiaux afin de nous fournir des fruits de mer frais : ils doivent payer les droits de licence, les salaires des matelots de pont, les appâts et le carburant, juste pour pouvoir sortir sur l'eau et espérer qu'ils pourront attraper quelque chose. Lorsqu'ils le font, ils espèrent retourner sur un marché où ils pourront vendre leurs prises à un prix équitable afin de récupérer ces coûts.

Ces marchés étant indisponibles en raison de la COVID-19, les pêcheurs prennent les choses en main. Nous voyons Les pêcheurs canadiens s'adaptent en établissant des marchés de consommation locaux là où il n'y en avait pas auparavant – en les poussant non seulement dans le rôle de récolteur, mais aussi de transformateur, de commercialisateur et de détaillant du jour au lendemain.

Ces sortes de ententes directes avec le consommateur présentent d'énormes avantages, notamment des coûts d'exploitation réduits pour les pêcheurs et la possibilité d'obtenir un prix équitable pour leurs prises. Les consommateurs en récoltent également les bénéfices en ayant accès à une diversité de protéines de haute qualité et en contribuant à renforcer la résilience de notre système alimentaire.

En gardant les fruits de mer pêchés localement dans les communautés locales, ces modèles raccourcissent également la chaîne d'approvisionnement normalement alambiquée des produits de la mer, réduire leur empreinte carbone et accroître la transparence - une étape cruciale vers l'élimination des problèmes comme la fraude sur le marché canadien des produits de la mer. En novembre, j'ai reçu le Prix d'excellence en politiques scientifiques jeunesse pour ma proposition de politique visant à éliminer la fraude sur les produits de la mer au Canada. Avec 44 % des fruits de mer vendus au Canada sont mal étiquetés, une chaîne d'approvisionnement plus courte et un marché des produits de la mer plus localisé pourraient réduire ce nombre, contribuant ainsi à rétablir la confiance des consommateurs dans nos systèmes alimentaires et à soutenir la durabilité de la pêche locale.

Un marché local des produits de la mer solide peut être la clé pour éliminer des problèmes comme la fraude aux produits de la mer, soutenir l'économie canadienne en offrant des possibilités aux petits pêcheurs, renforcer nos systèmes alimentaires locaux et reconnecter les consommateurs à leur nourriture et établir des relations avec ceux qui les récoltent. .

Mais pour que ces marchés locaux soient plus qu'une solution à court terme, nous avons besoin d'infrastructures et d'une politique forte de la part des décideurs de notre pays.

L'industrie de la pêche dépend des infrastructures pour transformer, couper, expédier, distribuer, commercialiser et vendre les produits de la mer. L'infrastructure qui soutient les flux de produits de la mer à l'intérieur du pays donnerait aux pêcheurs la possibilité d'établir des relations avec des transformateurs et des distributeurs locaux pour que leur poisson pêché localement soit transformé et vendu au Canada. Les communautés de pêcheurs de nos côtes ont été appelant à cette revitalisation de l'industrie canadienne de la transformation pendant un certain temps, afin de leur donner la possibilité de garder des produits de la mer canadiens au Canada.

L'industrie des produits de la mer fait partie intégrante du tissu économique et social de ce pays. Cette période de difficultés a ébranlé les communautés de pêcheurs de manière significative, mais avec les difficultés vient une opportunité d'engendrer la résilience et de créer un espace pour que les marchés locaux des produits de la mer puissent prospérer. Maintenant, nous devons juste nous assurer que cela dure.