Conspirer ensemble pour le bien : science institutionnelle et religion

Publié le: octobre 2018Catégories: Conférence sur les politiques scientifiques Canadiennes 2018, ÉditoriauxMots clés:

Auteurs):

Milton Friesen

M Friesen

Le plan stratégique du Centre canadien de politique scientifique affirme que « Adopter et synthétiser [ ] diverses perspectives et collaborer au-delà des cloisonnements traditionnels et des barrières juridictionnelles sera peut-être l'un des plus grands défis à surmonter alors que nous élaborons des politiques publiques inclusives et équitables au 21e siècle. ”

L'un de ces écarts de diversité très difficiles à franchir se situe entre la science institutionnelle et la religion institutionnelle. Une longue histoire de débats sur les croyances ultimes, le contenu des connaissances et les sources d'autorité a caractérisé l'échange entre la religion et la science. Ce dont nous avons besoin aujourd'hui, c'est d'une position novatrice qui reconsidère comment les chevauchements de bien public ou commun entre la science institutionnelle et la religion institutionnelle pourraient être améliorés pour améliorer la société canadienne.

Le soutien à la recherche et à l'exploration scientifiques indispensables vient du public, dont beaucoup sont religieux. Élargir le soutien à la politique scientifique par la collaboration plutôt que par l'antagonisme pourrait faire progresser le travail scientifique et relier ce travail aux défis auxquels nous sommes confrontés en commun.

Le plan stratégique du Centre canadien de politique scientifique reflète un engagement envers l'innovation au niveau institutionnel – faire plus et mieux ensemble grâce à des partenariats inhabituels ou sous-explorés. Dans le cas de la science institutionnelle et de la religion, le bien public pourrait être le dénominateur commun à travers l'écart. À quoi pourrait ressembler la collaboration ? Quels sont les problèmes communs qu'ils partagent? À titre d'exemple de points communs, considérons les trois éléments suivants :

1. La religion institutionnelle et la science institutionnelle ont eu des problèmes de relations publiques liés à leurs formes respectives d'échec ;
2. Si vous voyagez dans les deux espaces institutionnels, vous entendrez une complainte commune sur l'analphabétisme public concernant leurs corpus respectifs de connaissances et de pratiques ;
3. Les expressions institutionnelles de ces entreprises très différentes sont confrontées aux défis communs de la bureaucratie, des consolidations de pouvoir et des dynamiques politiques qui peuvent les éloigner de leurs circonscriptions ou de leur objectif initial.

Notre défi créatif : approfondir la collaboration institutionnelle avec une pleine reconnaissance de la diversité institutionnelle. Il n'est pas rare de trouver parmi les scientifiques les plus élitistes et récompensés, des femmes et des hommes qui ont été à la fois à la pointe de leurs recherches respectives et des croyants profondément engagés. Peut-il y avoir des formes institutionnelles de ce « tenir ensemble », signe d'intelligence et de capacité institutionnelle ? Développer cela représenterait une avancée significative dans la diplomatie scientifique.

La Conférence sur les politiques scientifiques canadiennes est le principal rassemblement de la communauté scientifique canadienne qui travaille à l'amélioration publique, politique et structurelle. Les scientifiques veulent – ​​et ont besoin – d'un plus grand engagement public. Ils ont besoin que l'intérêt public se traduise par le soutien des élus. Ils ont besoin d'investissements qui nécessitent de l'argent public, et l'argent public sur un cycle long nécessite un soutien public. La science en tant que risques facultatifs est négligée. La science en tant que partie intégrante garantira l'investissement public dans un climat politique changeant.

Les Canadiens ne sont pas clairement divisés en groupes « Je soutiens la science, donc je ne suis pas religieux » ou « Je suis religieux, donc je ne soutiens pas la science ». Il existe des exemples d'extrêmes aux deux extrémités du spectre, mais pour la plupart des Canadiens, cette polarisation ne tient pas. La bourse d'Elaine Howard Ecklund à l'Université Rice suggère que ce binaire simpliste n'est pas vrai même pour les scientifiques d'élite. Se moquer de la croyance religieuse n'est ni nécessaire pour le travail de la science ni prudent du point de vue des relations publiques. Il n'est pas efficace de se moquer des croyances de millions de personnes, puis de se retourner et de leur demander de vous soutenir.

Nous avons besoin d'une discussion de fond sur les formes institutionnelles de la religion et de la science et sur la manière dont elles servent, et pourraient mieux servir, le bien commun. De nombreux problèmes ne seront pas résolus en les isolant en composantes scientifiques ou religieuses. Les questions environnementales en sont un exemple. L'encyclique papale de 2015 Laudato Si' se traduit par « Prendre soin de notre maison commune » et le pape François y dit que :

« Il y a certaines questions environnementales pour lesquelles il n'est pas facile de parvenir à un large consensus. Ici, je dirais une fois de plus que l'Église ne prétend pas trancher les questions scientifiques ni remplacer la politique. Mais je suis soucieux d'encourager un débat honnête et ouvert afin que des intérêts ou des idéologies particuliers ne nuisent pas au bien commun.

La réduction des impacts environnementaux négatifs nécessitera des réponses structurelles sociales importantes, y compris des changements structurels institutionnels impliquant le travail, la culture et un réseau complexe d'interdépendances des Canadiens. Les institutions scientifiques ne suffiront jamais à elles seules à faire avancer l'aiguille sur des problèmes dynamiques complexes comme le changement climatique. La collaboration nous donne une chance.

Avec une décennie de réalisations derrière lui, le moment semble venu pour le Centre canadien de la politique scientifique d'explorer cette interface, de tracer les voies de la diplomatie qui enrichiront ce qui a été acquis. Relever ce défi historique pourrait ouvrir la porte à d'autres partenariats inattendus menant à des gains composés plutôt qu'incrémentiels.