Diplomatie scientifique : équilibrer la collaboration scientifique internationale et la sécurité nationale

Auteurs):

Dr Vivek Goel

Université de Waterloo

Président et vice-chancelier

Charmaine B. Dean

Université de Waterloo

Vice-président, recherche et international

Clause de non-responsabilité : La version française de cet éditorial a été auto-traduite et n’a pas été approuvée par l’auteur.

2023 est en passe de devenir l’année la plus chaude jamais enregistrée avec des incendies de forêt, des inondations et des tempêtes tropicales sans précédent sur toute la planète. Le monde est toujours confronté aux conséquences de la pandémie mondiale de COVID-19. La crise du coût de la vie s’aggrave de plus en plus. Il existe une perte de biodiversité et un risque mondial important d’effondrement des écosystèmes.

Les défis mondiaux complexes ne peuvent être relevés par des efforts cloisonnés. Nous savons que nous avons besoin d’un front uni et d’une coopération scientifique internationale de haut niveau ; nous devons aller au-delà de nos domaines d’études, de nos institutions et de nos pays pour embrasser la quête collective du savoir.

Nous devons adopter la collaboration scientifique sur la scène internationale pour relever les défis mondiaux.

Toutefois, nous sommes également confrontés à des conflits armés dans de nombreuses régions du monde et à des tensions croissantes entre de nombreux pays. Les tensions s'accentuent entre le Canada et les pays avec lesquels nous avons bâti des relations. Nous devons certainement tous travailler pour protéger les meilleurs intérêts du Canada. Comment pouvons-nous continuer à poursuivre des collaborations scientifiques qui aideront à relever les défis mondiaux tout en protégeant nos intérêts nationaux ? Il existe de nombreux défis répandus qui nécessitent que nous nous unissions en tant que communauté mondiale pour les relever, en apportant créativité et diversité de solutions pour nous aider à avancer.

Une réponse importante est la diplomatie scientifique. Nos relations de recherche internationales doivent s’inscrire dans ce cadre.

La diplomatie scientifique offre une voie à suivre, agnostique et apolitique, vers des objectifs communs. Il peut fournir l’expertise nécessaire pour étayer un traité binational sur l’eau potable, soutenir le travail de surveillance mondiale des maladies ou faciliter les échanges internationaux d’étudiants. Lorsque les agences spatiales se réunissent pour des projets multinationaux complexes, leurs gouvernements respectifs rédigent les accords juridiques nécessaires. Et lorsque les relations diplomatiques sont sous pression, les efforts de recherche conjoints maintiennent le dialogue ouvert.

La collaboration scientifique internationale est un moteur de la diplomatie scientifique.

En 1976, un rapport de l’Académie nationale des sciences des États-Unis a commencé à consolider le consensus scientifique selon lequel l’appauvrissement de la couche d’ozone était principalement dû aux gaz sources contenant du chlore – principalement les CFC et les halocarbures associés. Par conséquent, quelques pays, dont le Canada, ont éliminé l’utilisation de CFC dans les contenants aérosols. Cependant, il faudrait davantage de querelles politiques fondées sur la science et une campagne d’éducation publique très réussie axée sur des concepts faciles à comprendre et un langage simple pour inverser la tendance de la politique mondiale.

En 1987, le Protocole de Montréal relatif aux substances qui appauvrissent la couche d'ozone des Nations Unies a été ratifié. Grâce à cette intervention remarquable et à la coopération mondiale nécessaire à son succès, la couche d'ozone devrait désormais se reconstituer d'ici le milieu de ce siècle. Sans ce traité international, l’appauvrissement de la couche d’ozone aurait été multiplié par dix d’ici 2050, avec des conséquences désastreuses et de grande envergure.

C’est un exemple de diplomatie scientifique.

Dans un climat de tensions géopolitiques croissantes, nous devons trouver une voie à suivre grâce à la diplomatie scientifique. Après la Seconde Guerre mondiale, avec l’essor des institutions multilatérales, les gouvernements ont activement encouragé les universités et autres institutions à former des partenariats avec des pays du monde entier. Le rapprochement des économies et des cultures était considéré non seulement comme une opportunité d’apprentissage et d’échange, mais aussi comme un rempart contre les conflits internationaux.

La récente prolongation de l’accord scientifique et technologique conjoint entre les États-Unis et la Chine est un bon exemple de progression malgré des vents contraires importants. L'accord, signé pour la première fois en 1979, a été considéré comme un tournant dans les relations diplomatiques entre les deux pays. Alors que l’accord devra être renégocié dans six mois et que son avenir reste précaire, la signature de la prolongation est en soi un geste de bonne volonté. L’Union européenne surveille de près ce qui se passera ensuite alors qu’elle parvient à trouver un équilibre similaire dans la poursuite des domaines d’intérêt mutuel avec la Chine tout en suspendant les efforts plus sensibles.

L’engagement avec des pays dynamiques et ambitieux est essentiel si nous voulons relever les défis mondiaux. Il est tout à fait clair que le secteur canadien des sciences et de la technologie a énormément bénéficié de ce type d'échange. Être exclu des collaborations internationales, c’est être laissé pour compte, notamment en matière d’innovation. Nous devons trouver le juste équilibre entre la protection des domaines sensibles de la recherche et de la propriété intellectuelle canadiennes et la collaboration avec la communauté internationale dans des domaines d’intérêt commun. Résoudre les défis les plus urgents de l'humanité – de la prévention de la prochaine pandémie à la lutte contre la crise climatique – nécessitera une diplomatie scientifique agile et les universités doivent continuer à construire des ponts quand et où cela est possible.

Certaines des meilleures recherches scientifiques sont réalisées en collaboration avec d'autres, que ce soit avec des collègues d'en face ou à l'autre bout du monde. Le partage de perspectives diverses permet de débloquer de nouvelles connaissances et de stimuler l’innovation. Ce n’est que grâce à ces échanges que nous continuerons à construire un monde plus robuste et plus résilient.