Investir dans les jeunes chercheurs pour renforcer l'avenir du Canada

Auteurs):

Neha Bhutani PhD, bénévole et Vanessa Sung, candidate au doctorat, vice-présidente des relations extérieures

Échange scientifique et politique

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Neha Bhoutan
Neha Bhutani, Ph.D.
Bénévolat, échange scientifique et politique (SPE),
Chercheur postdoctoral, Département de neurosciences, Université de Montréal
https://www.linkedin.com/in/neha-bhutani/

vanessa chanté
vanessa chanté
Candidat au doctorat, Centre de recherche sur le cancer Goodman, Université McGill
VP Relations extérieures, Échange scientifique et politique

Financer la recherche fondamentale, c'est investir dans l'avenir, car la recherche fondamentale conduit à la production de nouvelles connaissances qui jettent les bases de l'innovation et de l'éducation futures. Il s'agit toutefois d'un investissement coûteux et à long terme, dont le Canada s'est éloigné au cours des 15 dernières années. Cela s'est produit sur deux fronts : un changement majeur du financement fédéral de la recherche dirigée par des chercheurs indépendants vers des « programmes axés sur l'innovation et axés sur les priorités » et une diminution constante et globale des dépenses fédérales en recherche et développement (R&D).

Comme détaillé dans la première revue scientifique fondamentale en 40 ans, Investir dans l'avenir du Canada : renforcer les fondements de la recherche canadienne, l'écosystème de la recherche au Canada est dans un état troublant, avec des lacunes à la fois dans les « ressources et les aspirations ». Fait révélateur, l'examen rapporte qu'en 2015, le gouvernement fédéral a contribué à moins de 25 % des dépenses totales du pays en R&D effectuées dans les établissements d'enseignement supérieur. De plus, entre 2006 et 2014, le financement direct de la recherche entièrement indépendante a chuté d'environ 35 %. Non seulement le Canada est le seul pays du G7 où les dépenses de R&D (en pourcentage du PIB) sont en baisse, mais à l'échelle mondiale (y compris les pays non membres de l'OCDE), nous ne figurons plus parmi les 30 premiers pays en termes de dépenses totales de recherche. L'effet de cette baisse du financement fédéral se reflète dans une baisse de la production totale de recherche mesurée par le volume de publications, où le Canada est passé de la septième place en 2005-2010 à la neuvième en 2009-2014 au classement mondial.

Au-delà de la perte de compétitivité de la recherche sur la scène internationale, les crises de financement ont des conséquences négatives réelles ressenties chez nous, tant des chercheurs principaux que des stagiaires (étudiants et postdoctorants). Sur le plan opérationnel, le manque de financement oblige certains professeurs à ne plus embaucher d'étudiants. Ceux qui continuent à soutenir les étudiants se retrouvent dans un cycle sans fin de subventions d'écriture, emballant perpétuellement leurs recherches dans des histoires qui se vendent.

Pour les stagiaires, les effets de la diminution du financement se manifestent de manière beaucoup plus inquiétante pour l'avenir du Canada. Le nombre de bourses d'études et de bourses accordées par les conseils subventionnaires fédéraux n'a pas suivi le rythme de l'augmentation des inscriptions aux programmes de doctorat, ce qui fait qu'un pourcentage disproportionnellement faible de stagiaires reçoivent un financement direct. Par conséquent, non seulement de nombreux titulaires de doctorat partent poursuivre leur formation postdoctorale dans d'autres pays, mais le Canada n'arrive pas à attirer les meilleurs talents internationaux. D'autres diplômés quittent complètement le milieu universitaire, mais une transition en douceur vers des carrières non universitaires n'est guère garantie. L'année dernière, Échange scientifique et politique (SPE) a réuni un groupe de travail pour produire un livre blanc sur la Point de vue des étudiants sur l'enseignement des STIM au Canada, où les étudiants et les boursiers postdoctoraux ont massivement identifié le manque de connaissances et de préparation aux carrières en dehors du milieu universitaire comme une lacune majeure dans leur formation. Ce manque de formation et de soutien financier place les stagiaires canadiens dans une position particulièrement précaire.

Plus fondamentalement, il y a une crise de moral et d'aspiration chez les stagiaires. Au groupe de travail de la SPE sur l'enseignement des STEM, un sentiment souvent répété était que même si le rêve est de poursuivre la recherche universitaire au Canada, dans l'environnement actuel, il serait insensé de le faire sans un plan de secours. La confrontation avec la réalité est servie par leurs propres expériences de demande de financement et, plus grave encore, par les luttes des chercheurs en début de carrière (ECR) actuels. Comme le décrit l'examen scientifique, « à mesure que les taux de réussite des subventions diminuent et que le financement se concentre sur les chercheurs plus établis, une « vallée de la mort » s'ouvre entre les chercheurs en début de carrière et les chercheurs établis ». Pour les stagiaires qui cherchent à faire la transition vers les ECR, cela fait peu de chances. Tous ces facteurs culminent dans l'exode constant de jeunes scientifiques hors du pays ou du milieu universitaire, un exode des cerveaux qui finira par être désastreux pour le Canada s'il n'est pas corrigé.

Cet examen scientifique fondamental et ses recommandations ont été très bien accueillis par la communauté scientifique. Une augmentation significative du budget fédéral pour le financement des sciences serait en effet un premier pas dans la bonne direction pour relancer l'écosystème de la recherche au Canada. Bien qu'un financement accru soit nécessaire dans la recherche fondamentale et appliquée, il devrait y avoir un engagement renouvelé à soutenir la recherche indépendante dirigée par des chercheurs. Une augmentation du nombre de bourses et de bourses accordées renforcerait la confiance des stagiaires et permettrait au Canada de rivaliser pour attirer de jeunes chercheurs au niveau international. Les stratégies de financement devraient tenir compte des besoins des chercheurs à différentes étapes de leur carrière, avec un soutien supplémentaire pour les ECR afin qu'ils ne passent pas entre les mailles du filet.

Le comité consultatif d'examen scientifique, informé par la contribution de milliers de chercheurs à l'échelle nationale, a mis à nu un système de recherche en mauvais état, mais a également présenté des avancées rationnelles. Nous exhortons le ministre Duncan et le gouvernement fédéral à donner suite aux recommandations de l'examen en temps opportun. Il est grand temps de réinvestir dans les futurs leaders et innovateurs de ce pays en créant un écosystème de recherche propice à la culture des jeunes talents au Canada.