Intelligence artificielle : découvrir un monde de possibilités et d'embûches
Auteurs):
Pr Catherine Régis
Université de Montréal
Professeur, Faculté de droit
Clause de non-responsabilité : La version française de cet éditorial a été auto-traduite et n’a pas été approuvée par l’auteur.
Ces dernières années, le débat sur l’intelligence artificielle (IA) a été dominé par deux discours contrastés. D’une part, l’IA représente un monde passionnant de possibilités ; de l’autre, cela pose d’immenses défis à nos institutions et à nos valeurs fondamentales.
Les deux perspectives sont également valables.
Il est indéniable que l’IA, technologie à usage général (comme l’électricité ou l’ordinateur personnel), aura des impacts économiques et sociétaux importants. Par exemple, dans l’industrie minière, l’IA peut accélérer la détection de gisements minéraux potentiels (une entreprise[1] l’a utilisée pour prédire l’emplacement de 86 % des gisements d’or de l’Abitibi en examinant des données portant sur seulement 4 % de cette région). Dans l’agriculture, l’IA aide les agriculteurs sous serre à prédire la croissance des plantes dans diverses conditions et à optimiser les ressources disponibles (en conséquence, les Néerlandais[2], qui ont fortement adopté l’IA, utilisent 15 fois moins d’eau par kilogramme de fruits et légumes produits que les Américains). . Dans le domaine de la santé, l’IA permet déjà de dépister à moindre coût les maladies oculaires chez les diabétiques[3], permet de personnaliser les traitements des patients en fonction des profils génomiques ou accélère la découverte de nouveaux médicaments. Dans l'éducation, l'IA ouvre la voie à un apprentissage personnalisé, garantissant que les besoins particuliers de chaque élève sont mieux pris en compte (grâce à l'IA, les utilisateurs de Duolingo[4], une application d'apprentissage des langues, apprennent mieux et sont plus engagés et stimulés).
Grâce à de telles innovations, Goldman Sachs[5] estime qu'en seulement 10 ans, l'IA pourrait entraîner une augmentation de près de 10 XNUMX milliards de dollars canadiens de la valeur du PIB annuel mondial (semblable à l'apparition de deux pays de la taille de l'Allemagne). et la France sur la planète).
Cependant, le développement rapide et l’adoption (jusqu’à présent pas si rapide) de l’IA suscitent également des inquiétudes.
Par exemple, beaucoup craignent que l’avènement de l’IA générative comme ChatGPT (pour la production linguistique) ou Midjourney AI (pour la création d’images) puisse sérieusement contribuer à perturber nos démocraties en rendant la propagande synthétique plus facile et moins chère à produire et en aidant les acteurs malveillants à se dynamiser[6 ] campagnes de désinformation. D’autres signalent que l’IA porte souvent atteinte aux droits de l’homme[7], par exemple en prenant des décisions biaisées qui conduisent à des pratiques discriminatoires (une étude[8] a récemment montré qu’un système d’IA utilisé par la ville de Rotterdam signalerait un citoyen comme étant à un niveau supérieur). risque de commettre une fraude à l’aide sociale simplement parce qu’« être parent, femme, jeune, ne parlant pas couramment le néerlandais ou ayant du mal à trouver du travail »). Dans de nombreux secteurs industriels, les travailleurs ont peur, souvent à juste titre, que leur employeur puisse utiliser l'IA pour les remplacer (en 2022, 19 % des travailleurs américains[9] occupaient des emplois « les plus exposés à l'IA » comme les postes budgétaires). analystes, rédacteurs techniques, préparateurs de déclarations de revenus ou développeurs Web) ou pour surveiller quand ils se connectent et se déconnectent, à qui ils écrivent, ce qu'ils disent, quelle est leur humeur, etc. (ce qui peut avoir un impact négatif sur leur bien-être, les employés surveillés déclarent plus souvent[10] qu'ils se sentent microgérés ou ressentent un épuisement émotionnel au travail).
Face à ces défis, des entités mondiales et locales entrent en action pour contribuer à minimiser les conséquences négatives du développement et du déploiement de l'IA tout en maximisant les conséquences plus positives de cette technologie.
L’été dernier, le Secrétaire général de l’ONU[11] a souligné, à juste titre, que lorsque des technologies de rupture émergent, la coopération internationale est essentielle. Répondre avec succès au fait que de puissants systèmes d’IA sont déjà accessibles au public (et à des acteurs mal intentionnés), que « contrairement aux matières nucléaires et aux agents chimiques et biologiques, les outils d’IA peuvent être déplacés dans le monde entier en laissant très peu de traces » et que Aucune technologie majeure n’a jamais été aussi contrôlée par des entreprises géantes que l’IA, de nouvelles règles internationales, de nouveaux traités et de nouvelles agences mondiales devront être créés.
Mais il y a des limites à ce que les organisations internationales comme l’ONU peuvent faire, et chaque État doit également prendre en charge le développement et le déploiement d’une IA qui soit fiable tout en étant sûre pour tous. Pour soutenir le développement et le déploiement responsables de l'IA, les pays comme le Canada devront faire plusieurs choses, comme (1) développer des cadres juridiques plus solides et plus adéquats (le cadre juridique du Canada, qui n'a pas encore été adopté) Loi sur l'intelligence artificielle et les données[12], qui fait partie du projet de loi C-27, est un pas dans la bonne direction); (2) mener davantage de recherches intersectorielles sur les effets de l’IA et, plus important encore, sur les changements majeurs nécessaires pour faire de l’IA un puissant levier de développement ; (3) et adopter de nouvelles politiques et programmes (par exemple pour soutenir l'intégration de l'IA par des experts en la matière (PME), protéger les travailleurs qui pourraient perdre leur emploi à cause de l'IA ou aider les étudiants et les enseignants à apprendre de nouvelles façons de faire). De plus, le Canada et ses alliés doivent doter tous les segments de la population de la capacité de résoudre les problèmes liés à l’IA. L'Institut canadien de recherches avancées a récemment souligné ce besoin[13]. Ils ont découvert, après avoir examiné des millions de publications et de recherches en ligne sur l'IA, que même si les Canadiens perçoivent généralement l'IA de manière positive, ils devraient améliorer leur compréhension critique de l'influence potentielle de l'IA sur leur vie et leurs communautés.
En fin de compte, garantir le développement et l’utilisation responsables de l’IA nécessitera plus qu’une solution unique. Nous aurons besoin d’un ensemble d’outils en constante évolution, à la fois techniques et non techniques, pour garantir un paysage d’IA sécurisé pour les générations futures. Il sera particulièrement crucial d’impliquer activement les citoyens dans l’élaboration de cet avenir. Ceci est mis en évidence par la récente décision du gouvernement du Québec de charger le Conseil de l'innovation du Québec[14] de mener un vaste débat public sur les pratiques responsables en matière d'IA. La participation de plus de 450 personnes, allant des experts aux citoyens ordinaires, souligne l'importance et la nécessité de ces efforts.
Soyons clairs : le cheminement vers le développement et l’utilisation responsable de l’IA sera semé d’embûches. Je suis impliqué dans le secteur de la santé, où les opportunités d'améliorer les soins aux patients grâce à l'IA sont importantes. Cependant, de nombreux défis nous attendent. La nature même des données de santé, combinée aux conséquences profondes des décisions de santé sur la vie humaine, signifie que l’IA dans ce secteur doit être à la fois hautement fiable et moralement saine. Conscient de ces complexités, j’ai uni mes forces pour contribuer à créer le prototype d’un code d’éthique[15] spécialement conçu pour les professionnels de la santé utilisant l’IA. Celui-ci a été élaboré en collaboration avec des représentants de 25 ordres de réglementation de la santé et des relations humaines du Québec. De telles lignes directrices peuvent offrir une orientation aux professionnels de la santé qui naviguent dans le paysage changeant de l’IA, en leur garantissant qu’ils peuvent exploiter son potentiel dans leur pratique quotidienne tout en respectant les normes éthiques. Je crois que des efforts de collaboration comme ceux-ci, reliant les connaissances universitaires à l’expertise du monde réel, sont extrêmement prometteurs et précieux.
Alors que nous approchons du seuil de la révolution de l’IA, il s’agit d’un appel clair à l’action. Nous devons exploiter judicieusement le potentiel de l’IA tout en atténuant avec diligence ses risques. Il sera difficile d’atteindre cet équilibre, mais les bénéfices, j’en suis également sûr, seront substantiels.
Références
1-https://emerj.com/ai-sector-overviews/ai-in-mining-mineral-exploration-autonomous-drills/
3-https://issuu.com/chumontreal/docs/fiches-eias-final-04112021
4-https://spectrum.ieee.org/duolingo
6-https://www.economist.com/the-world-this-week/2023/08/31/this-weeks-covers
8-https://www.wired.co.uk/article/welfare-algorithms-discrimination
Séries 10-https://www.apa.org/news/press/releases/2023/09/artificial-intelligence-poor-mental-health
Séries 11-https://press.un.org/en/2023/sgsm21880.doc.htm
Séries 12-https://www.parl.ca/legisinfo/en/bill/44-1/c-27
Séries 13-https://cifar.ca/wp-content/uploads/2023/08/cifar-ai-report-eng-08142023.pdf
Séries 14-https://conseilinnovation.quebec/intelligence-artificielle/reflexion-collective/
15-https://declarationmontreal-iaresponsable.com/wp-content/uploads/2023/02/IA_code_deontologie_sante_V2.pdf