L’innovation transformationnelle commence avec les universités

Auteurs):

Elicia Maine

Université Simon Fraser

Professeur WJ VanDusen en innovation et entrepreneuriat et vice-président associé, mobilisation des connaissances et innovation

Clause de non-responsabilité : La version française de cet éditorial a été auto-traduite et n’a pas été approuvée par l’auteur.

À mesure que le changement climatique s’intensifie, l’urgence de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de mettre sur le marché des options énergétiques propres s’accentue également. La demande d’énergie hydrogène augmente à mesure que les pays cherchent à se décarboniser. Selon l’Agence internationale des énergies renouvelables[1], d’ici 2050, l’économie de l’hydrogène devrait représenter des milliards de dollars par an et répondre à 12 % des besoins énergétiques mondiaux. La course aux innovations en matière de produits et de procédés qui réduisent le coût de la production et de l’utilisation de l’hydrogène propre est lancée.

Des pays comme le Canada, dotés d’abondantes ressources renouvelables, d’espace pour des parcs solaires et éoliens, d’un accès à l’eau et d’infrastructures énergétiques existantes, sont sur le point de devenir des fournisseurs mondiaux d’hydrogène et de technologies connexes. La Stratégie canadienne sur l'hydrogène[2] positionne le pays comme un leader mondial en matière d'hydrogène propre, la Colombie-Britannique abritant le principal pôle industriel du pays. En fait, Burnaby, en Colombie-Britannique, est surnommée la « Silicon Valley » de l’hydrogène propre et des piles à combustible.

Nous pourrions attendre et acheter des technologies liées à l’hydrogène à d’autres pays – ou nous pourrions agir maintenant pour développer des innovations canadiennes afin de décarboner notre pays et exporter ces solutions dans le monde entier. Parce qu'en plus de ses vastes ressources naturelles et de ses vastes espaces, deux des principaux atouts du Canada sont sa main-d'œuvre talentueuse et bien instruite, ainsi que ses inventeurs de calibre mondial.

En ces temps d'innovation et de transformation, nous devrions considérer les universités canadiennes — et leurs chercheurs de premier plan — comme de puissants créateurs de produits, de procédés et d'inventions dont le monde a besoin. Le soutien au développement de technologies de l’hydrogène propre – dans le cadre d’une stratégie canadienne globale d’innovation à grande échelle – mènera à une économie de l’hydrogène florissante et potentiellement à des centaines d’entreprises créatrices de valeur et à des centaines de milliers d’emplois de haute qualité. Nous devons agir maintenant pour mener la transition énergétique propre.

Le Canada dispose actuellement des solutions technologiques nécessaires pour atteindre les objectifs mondiaux de réduction des émissions d’ici 2030. Celles-ci doivent être adoptées à grande échelle et peuvent être mises en œuvre grâce à des réglementations et des incitatifs climatiques bien conçus. Cependant, l’Agence internationale de l’énergie rapporte[3] que 50 % des technologies dont nous avons besoin pour atteindre les objectifs de 2050 sont actuellement sous-développées ou languissent dans nos laboratoires de recherche.

Malgré des poches d’inventions de calibre mondial, comme dans le domaine de l’hydrogène renouvelable, trop peu d’innovations scientifiques canadiennes parviennent à se frayer un chemin à travers notre écosystème d’innovation pour créer de la valeur sociale, économique et environnementale. Pour renforcer l’écosystème canadien de l’innovation, nous devons soutenir l’application de l’invention à chaque étape. Les innovateurs scientifiques, en particulier ceux qui commercialisent l’ingénierie et la technologie approfondie nécessaires pour lutter contre le changement climatique et créer une énergie durable, sont confrontés à une grande incertitude prolongée avant de créer et de capter de la valeur.

En moyenne, il faut 10 à 15 ans et des dizaines de millions de dollars d’investissement en commercialisation pour traduire une invention révolutionnaire en produits générateurs de revenus. Avec ces longs délais et ces dépenses consacrées à l’innovation scientifique, en particulier à l’innovation « deep tech », ce qui se passe au sein d’une université après l’invention et avant la création de l’entreprise est crucial. Une bonne politique d’innovation cherche à aligner les incitatifs et les délais des acteurs clés – dans ce cas, les scientifiques-entrepreneurs universitaires, leurs investisseurs et les industries canadiennes – sur les problèmes à résoudre.

Nous devrions considérer les universités comme des systèmes soutenant l’innovation scientifique depuis l’idéation jusqu’à la commercialisation, en tirant davantage parti des installations de laboratoire et des capacités de traduction de l’université, des programmes éducatifs interdisciplinaires et des liens internationaux entre chercheurs et partenaires industriels. La co-création avec l'industrie est un élément essentiel de l'écosystème d'innovation du Canada, mais nous devons reconnaître quand cette co-création doit être dirigée par les universités et le type de talent nécessaire pour assurer le succès de l'innovation technologique approfondie.

Les étudiants canadiens diplômés en sciences et en génie qui soutiennent ce travail sont très instruits et constituent une source clé de talents en innovation technologique. Pourtant, ils manquent souvent de connaissance des besoins du marché, de savoir-faire en matière de licences technologiques et d'esprit entrepreneurial. Ils n'ont généralement pas la capacité d'articuler leur proposition de valeur différenciée et ont peu ou pas de connaissances en matière de stratégie de propriété intellectuelle (PI), de défis réglementaires, de priorisation du marché ou de financement. Grâce à un soutien ciblé et stratégique, les inventeurs universitaires et leurs solutions de technologie approfondie peuvent être mobilisés pour répondre aux problèmes mondiaux, tels que le changement climatique, et créer des entreprises génératrices de valeur. L'écosystème d'innovation primé de l'Université Simon Fraser (SFU)[4] a fait d'énormes progrès pour combler ces lacunes[5].

Cet écosystème d'innovation mobilise des inventions révolutionnaires dans le domaine de l'énergie hydrogène propre avec le Hydrogen Hub de SFU[6]. SFU et un consortium de partenaires industriels et gouvernementaux visent à construire et à exploiter la nouvelle installation centrale[7] pour produire de l'hydrogène propre et à faible coût et réduire les risques liés à la mise à l'échelle des technologies de l'hydrogène. Ce projet révolutionnaire jouera un rôle transformationnel dans le développement de la chaîne de valeur de l’hydrogène propre en Colombie-Britannique, conduisant à des exportations mondiales et à la création d’emplois de haute qualité.

Un exemple de leadership mondial est Ionomr Innovations[8], une entreprise dérivée scientifique du Holdcroft Chemistry Lab[9] de SFU, qui s’appuie sur une recherche de pointe sur l’hydrogène propre et sur le soutien à l’invention et à l’innovation universitaires.

Après des décennies de recherche axée sur la découverte soutenue par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) et d'autres, le chercheur principal et titulaire de la chaire de recherche du Canada Steven Holdcroft a reçu du soutien pour préparer une subvention translationnelle de l'idée vers l'innovation (I2I) du CRSNG. Ensuite, Benjamin Britton, étudiant au doctorat et président-directeur général fondateur, a perfectionné une stratégie de commercialisation et un état d'esprit entrepreneurial dans le cadre du programme Beedie School of Business Invention to Innovation (i2I)[10] de SFU. Les installations de fabrication et de test des matériaux ont été accessibles au 4D LABS[11] ; brevets obtenus par l'intermédiaire du Bureau des licences technologiques[12] ; et le mentorat, le développement d'équipes et le marketing via Coast Capital Venture Connection[13] et SFU VentureLabs[14].

Ionomr a réussi à développer sa membrane d'électrolyse révolutionnaire (avec le soutien de Technologies du développement durable Canada et du Programme d'aide à la recherche industrielle du Conseil national de recherches), permet désormais l'électrolyse de l'eau à l'échelle industrielle à faible coût et pourrait devenir un leader international dans la production d'hydrogène propre. Ils ont été reconnus par le Forum économique mondial comme un pionnier technologique de premier plan et, depuis deux ans, comme une entreprise Global Cleantech 100.

Comme l’illustre cet exemple, aider l’innovation scientifique à progresser dès les premiers stades alors que les projets naissants sont encore incubés au sein de l’université présente une opportunité de transformation pour le Canada en matière de transition vers les énergies propres.

Pour jouer un rôle de leader dans l’économie naissante de l’hydrogène, le Canada doit se concentrer sur ses atouts en matière de recherche internationale et créer délibérément une stratégie de construction à grande échelle en commençant par les laboratoires de recherche et les salles de classe universitaires. Tirer parti de l’innovation en recherche canadienne facilitera non seulement la transition vitale, mais entraînera également d’immenses avantages sociaux, économiques et environnementaux. En outre, les universités peuvent jouer un rôle fédérateur en collaborant avec l’ensemble de la chaîne de valeur des acteurs industriels historiques et émergents de ce secteur en transformation.

Pour en savoir plus sur la manière dont le Hydrogen Hub de SFU vise à exploiter les atouts de la Colombie-Britannique et du Canada pour positionner le pays comme un leader mondial en matière d'innovation en matière d'hydrogène propre, visitez : sfu.ca/hydrogen-hub.

Bibliographie

1-https://www.irena.org/Digital-Report/Geopolitics-of-the-Energy-Transformation

2-https://natural-resources.canada.ca/climate-change-adapting-impacts-and-reducing-emissions/canadas-green-future/the-hydrogen-strategy/23080

3-https://www.iea.org/reports/net-zero-by-2050

4-https://www.sfu.ca/research/km-and-innovation/sfu-innovates

5-https://www.sfu.ca/sfunews/stories/2023/05/sfu-named-canada-s-top-university-for-innovation-in-global-wuri-.html

6-http://sfu.ca/hydrogen-hub

7-https://www.sfu.ca/research/facilities

8-https://ionomr.com/

9-https://holdcroftlab.com/

Séries 10-http://inventiontoinnovation.ca

Séries 11-http://www.4dlabs.ca/

Séries 12-https://www.sfu.ca/technology-licensing.html

Séries 13-https://www.sfu.ca/vc.html

14-https://venturelabs.ca/