L'investissement dans la recherche est à la base de la réussite du Canada. En cette période d’incertitude, ce consensus doit perdurer.

Auteurs):

Dr Chad Gaffield

U15 Canada

Chief Executive Officer

Clause de non-responsabilité : La version française de cet éditorial a été auto-traduite et n’a pas été approuvée par l’auteur.

Depuis le milieu du XXe siècle, les pays du monde entier reconnaissent que des activités scientifiques et de recherche solides sont à la base de la quête de sociétés prospères, justes et résilientes.

Aujourd'hui, les observateurs internationaux se demandent si le Canada se retire de ce consensus international. Alors que les principaux pays redoublent d’investissements dans la recherche et l’innovation pour faire face aux turbulences du 21e siècle, le Canada prend du retard et le fait sans justification explicite. La complaisance à l'égard du maintien d'un classement élevé du Canada dans les enquêtes internationales risque de négliger, à nos risques et périls, les conséquences futures du manque d'investissements actuel.

Comment est-ce qu'on est arrivés ici? Un regard en arrière fournit une perspective précieuse sur l’urgence d’agir aujourd’hui.

Au Canada, la première vague de débats sur la capacité nationale en matière de recherche a débuté dans les années 1950. À cette époque, le Canada restait une colonie intellectuelle dépendant des autres pays pour former ceux qui occupent des postes de direction dans la société. Alors que le Canada avait récemment acquis une souveraineté politique croissante, nos universités dépendaient principalement de professeurs formés à l’étranger qui enseignaient du matériel pédagogique importé.

Lors des célébrations du centenaire du Canada en 1967, des commissions royales et des groupes de travail avaient réussi à lancer des initiatives majeures pour bâtir un système d'enseignement supérieur solide, typiquement canadien. Au cours des décennies suivantes, financées par un partenariat fédéral-provincial implicite, les universités canadiennes ont commencé à fournir la capacité nationale nécessaire pour soutenir la souveraineté nationale et propulser le Canada sur la scène mondiale.

Puis, dans les années 1990, l'inquiétude grandissante à l'égard de l'économie canadienne a donné lieu à un nouveau débat sur la recherche et l'innovation. Le vérificateur général du Canada a déclaré en 1994 : « Notre vérification a démontré qu'une stratégie nationale efficace et hautement ciblée en matière de sciences et de technologie est essentielle à la survie et à la croissance dans l'environnement économique de haute technologie d'aujourd'hui. »

En réponse, le Conseil consultatif national des sciences et de la technologie (NABST), initialement créé en 1987 et présidé par le premier ministre, a organisé une consultation pancanadienne. Les réunions publiques ont exploré comment les changements climatiques et les transformations numériques mettaient en évidence la nécessité pour le Canada de moins compter sur ce qui se trouve sous terre et davantage sur le talent et l'expertise de sa population.

Le débat le plus important a évalué les mérites pertinents des approches « acheter ou fabriquer » en matière de recherche et d’innovation. Le Canada avait-il besoin de plus qu’une solide capacité intérieure ? Des investissements majeurs étaient-ils vraiment nécessaires pour rendre le Canada compétitif à l’échelle internationale ?

Oui, souligne le rapport du NABST de 1995 En santé, riche et sage : Un cadre pour une stratégie fédérale intégrée en matière de sciences et de technologie. Le rapport appelle à une stratégie qui « s’appuie sur la relation mutuelle entre la qualité de vie, la création de richesse (et d’emplois) et l’avancement des connaissances ».

En mars 1996, le Canada a annoncé Science et technologie pour le nouveau siècle : une stratégie fédérale. La stratégie plaçait les universités au centre de l'écosystème de recherche et d'innovation envisagé, reconnaissant l'importance économique au Canada des PME (petites et moyennes entreprises), des multinationales étrangères et des industries qui ne ressentaient pas encore de pression concurrentielle pour innover. Le gouvernement fédéral s’attendait à ce que les profondes transformations économiques ayant de plus en plus d’impact au Canada obligent tous les secteurs à adopter l’innovation et les universités devaient être prêtes à soutenir leurs efforts.

Le gouvernement fédéral a mis en œuvre cette stratégie en mettant l'accent sur le développement de personnes hautement qualifiées et talentueuses qui pourraient participer à l'effort international visant à faire progresser les connaissances et la compréhension au profit de l'humanité. Leur expertise permettrait au Canada de puiser dans le bassin mondial de connaissances tout en apportant de nouvelles idées, découvertes et percées pour éclairer l’innovation dans tous les secteurs. Pour lutter contre la « fuite des cerveaux », le Canada a agi de manière décisive pour promouvoir le « gain des cerveaux ».

Avec la création des Bourses d'études supérieures du Canada, des Chaires de recherche du Canada et de la Fondation canadienne pour l'innovation, ainsi que des augmentations budgétaires substantielles pour les organismes subventionnaires de recherche des trois Conseils, les universités canadiennes ont commencé à passer de solides au niveau national à compétitives à l'échelle internationale.

Les gouvernements fédéraux successifs ont constamment réaffirmé dans leurs stratégies et rapports nationaux leur accord avec le consensus international selon lequel la recherche et l’innovation ouvrent la voie à un avenir durable, prospère et juste.

Toutefois, au cours des dernières années, le Canada a perdu sa capacité de recherche nationale au moment même où les défis mondiaux croissants intensifient la pression en faveur de l’innovation. Les événements météorologiques extrêmes et les incendies de forêt dévastateurs mettent en évidence la réalité de plus en plus dure de l’aggravation du changement climatique. Les transformations numériques incluent désormais les défis et les opportunités liés à l’IA générative, à la cybersécurité ainsi qu’à la composition et à la définition de la main-d’œuvre. La COVID-19 a révélé à la fois une interconnectivité mondiale accrue et l’importance renouvelée des frontières géopolitiques.

Ces profonds défis mondiaux et nationaux signifient que chaque entreprise, institution et communauté doit désormais chercher à fonctionner de manière durable, à être dotée des capacités numériques et à se préparer à faire face aux défis attendus et inattendus. Comme prévu depuis les années 1990, un nombre croissant d’entreprises se tournent tardivement vers les universités pour les aider à réagir ; en 2020, les dépenses des entreprises en recherche et développement universitaire ont atteint 1.258 milliard de dollars, le niveau le plus élevé jamais atteint.

Malheureusement, malgré les défis croissants qui nécessitent l'innovation, la capacité des principales universités à soutenir l'écosystème de recherche et d'innovation du Canada est désormais menacée.

Les rapports faisant état d'une « fuite des cerveaux » sont de plus en plus fréquents à mesure que les pairs du Canada réinvestissent massivement dans la recherche comme fondement de leurs stratégies de croissance économique. La loi américaine sur les puces et la science, annoncée deux semaines avant l’Inflation Reduction Act, prévoit 200 milliards de dollars sur dix ans pour la science (dont 81 milliards de dollars destinés à la National Science Foundation). La Déclaration atlantique, un partenariat à plusieurs volets entre les États-Unis et le Royaume-Uni, a été annoncée cette année ; il définira la coopération scientifique et technologique pour les deux pays. Le Japon a également annoncé un fonds de 87 milliards de dollars pour promouvoir le pays en tant que leader scientifique et technologique, tout comme le Royaume-Uni, qui a pour objectif de consacrer 20 milliards de livres sterling à la recherche d'ici 2024-25. Ces investissements menacent la souveraineté du Canada en réduisant la capacité nationale et la sécurité nationale.

Bien que l'inflation élevée des dernières années ait considérablement affaibli l'ensemble de l'écosystème de la recherche, cette situation a été aggravée par deux budgets consécutifs de 2022 et 2023 qui n'ont prévu aucun nouvel investissement pour les organismes de financement de la recherche du Canada pour la première fois depuis les années 1990. Les premières actions de ce gouvernement ont été les bienvenues, notamment la création d'un ministre des Sciences et d'un conseiller scientifique en chef, et la mise en œuvre du rapport Naylor avec des investissements importants dans le budget 2018. Depuis lors, malgré le rôle central d'une capacité de recherche de classe mondiale pendant la pandémie, le le gouvernement fédéral perd progressivement l’attention portée à la science et à la recherche.

La valeur des bourses d’études des trois agences n’a pas changé depuis 20 ans, malgré une inflation de 52 % depuis 2003, et n’est plus compétitive à l’échelle mondiale.

Le Canada se classe désormais au 26e rang des pays de l'OCDE pour la proportion de personnes ayant fait des études supérieures.

Le classement mondial du Canada en termes de nombre de chercheurs pour 1,000 8 habitants a chuté, passant du 2011e en 18 au 2019e en XNUMX.

Ces indicateurs et d’autres illustrent un affaiblissement de l’écosystème de recherche du Canada. Cela est de plus en plus remarqué et signalé au Canada et dans le monde. Un article récent dans le Times Higher Education » a répété l'observation internationale désormais courante selon laquelle « après une forte hausse du financement de la recherche fondamentale, il y a un sentiment croissant de dérive – et une inquiétude croissante quant à l'avenir du Canada ».

Notre passé montre clairement que le présent n’est pas le moment de dériver, ni de perdre de vue la manière dont le Canada peut poursuivre la prospérité, la résilience et la justice dans un XXIe siècle turbulent et en évolution rapide. Nous devons agir maintenant pour renforcer la capacité de recherche nationale afin de renforcer notre propre sécurité nationale.

Bibliographie

1- Rapport du vérificateur général du Canada, 1994, vol. 6, Ch. 9, paragraphe 9.10.

2- Conseil consultatif national des sciences et de la technologie, Santé, richesse et sagesse : Un cadre pour une stratégie fédérale intégrée en matière de sciences et de technologie, Ottawa (Ontario), gouvernement du Canada, 1995, https://publications.gc.ca/collections/collection_2021/isde-ised/st94/ST94-30-1995-eng.pdf.

3- Industrie Canada, Science et technologie pour le nouveau siècle : une stratégie fédérale, Ottawa, Ontario, Gouvernement du Canada, 1996, https://publications.gc.ca/collections/collection_2022/isde-ised/c2/C2-290-1996-eng.pdf.

4-Statistique Canada, Tableau 27-10-0025-01, « Estimations provinciales des dépenses en recherche et développement dans le secteur de l'enseignement supérieur, selon le secteur de financement et le type de science (x 1,000,000 2023 XNUMX) », XNUMX, https://doi.org/10.25318/2710002501-eng

5-Congrès américain, Chips and Science Act, HR4346, 117e Congrès, 2022, https://www.congress.gov/bill/117th-congress/house-bill/4346/text

6-La Maison Blanche, La Déclaration atlantique : un cadre pour un partenariat économique entre les États-Unis et le Royaume-Uni au XXIe siècle, 2023, https://www.whitehouse.gov/briefing-room/statements-releases/2023/06/08/the-atlantic-declaration-a-framework-for-a-twenty-first-century-u-s-uk-economic-partnership/

7-Komaki Ito et Yuko Takeo, « Le fonds d'innovation japonais de 10 27 milliards de yens accélère son orientation alternative », The Japan Times, 2022 janvier XNUMX, https://www.japantimes.co.jp/news/2022/01/27/business/japan-innovation-fund/

8- HM Treasury, Autumn Statement 2022, UK Government, Londres, Royaume-Uni, 2022, https://www.gov.uk/government/publications/autumn-statement-2022-documents, p. 34

9-Organisation de coopération et de développement économiques, « Niveau d'éducation des 25-64 ans (2022) : Pourcentage d'adultes ayant un niveau d'éducation donné comme le plus haut niveau atteint », dans Regards sur l'éducation 2023 : Indicateurs de l'OCDE, OCDE Édition, Paris, 2023, https://doi.org/10.1787/c5373fc9-en.

10- Bouchard, Frédéric, et al. Rapport du Comité consultatif du Système fédéral de soutien à la recherche. Centre de services aux citoyens d'ISDE, 2023, https://ised-isde.canada.ca/site/panel-federal-research-support/sites/default/files/attachments/2023/Advisory-Panel-Research-2023.pdf, p.45.

11- Paul Basken, « Justin Trudeau échoue-t-il au test scientifique canadien ? », Times Higher Education, 20 juillet 2023, https://www.timeshighereducation.com/depth/justin-trudeau-failing-canadian-science-test