La Loi sur les mesures d'urgence est morte

Publié le: Février 2021Catégories: Série éditoriale 2021, Éditoriaux

Auteurs):

Anil Wasif

École de politique publique Max Bell

Étudiant en Master de Politiques Publiques

Gouvernement ontarien

Senior Consultant

BacharLorai

Fondatrice

Alexandra Âge

École de politique publique Max Bell

Étudiant en Master de Politiques Publiques

Circonscription de Cowichan-Malahat-Langford

Ancien adjoint de circonscription

Ellen Rowe

Gouvernement fédéral

Analyste des politiques étrangères de cybersécurité

École de politique publique Max Bell

Étudiant en Master de Politiques Publiques

Léonard Lozano

Secrétaire mexicain à l'énergie

Ancien conseiller en politique sociale et énergétique

École de politique publique Max Bell

Étudiant en Master de Politiques Publiques

Auteurs Alexandra Ages, Anil Wasif, Ellen Rowe et Leonardo Lozano.

Les revers dans la distribution des vaccins et les échecs dans la restriction des voyages ont ajouté à la complexité d'une réponse décentralisée à la pandémie et à la présence des nouvelles variantes de COVID au sein du pays. Alors que le plus grand programme de vaccination de l'histoire est en cours, les provinces continuent de lutter contre la deuxième vague du virus. Si une approche descendante est la bonne stratégie pour contrôler la crise, le gouvernement doit déclarer une urgence nationale. Avant qu'une décision ne soit prise, toute augmentation de l'efficacité résultant de l'invocation de la Loi sur les mesures d'urgence doit l'emporter sur les risques de division politique, de mauvaise gestion et d'iniquité qui en découlent.

Au début de la pandémie, le gouvernement fédéral a envisagé d'invoquer la Loi sur les mesures d'urgence. Les premiers ministres de tout le pays ont réaffirmé que les soins de santé relèvent de la compétence provinciale, confirmant de n'aller de l'avant que si un consensus était atteint. À l'époque, le gouvernement du Canada s'était engagé à n'intervenir que si les mesures provinciales ne suffisaient pas [1] et que les pouvoirs fédéraux étaient épuisés.

Cette image décrit les principales caractéristiques de la Loi sur l'état d'urgence. La Loi peut conférer des pouvoirs décisionnels au gouvernement fédéral lors d'une crise nationale. Les exigences pour déclarer une crise comme urgence nationale sont : (1) mettre en danger la vie, la santé et la sécurité des canadiens, (2) dépasser la capacité/l'autorité d'une province, (3) ne pas être gérée avec les lois existantes. Les principaux contrôles de responsabilité sont une limite de 90 jours de proclamation et d'extensions qui sont soumises à l'approbation du Parlement, et la nécessité que chaque règlement soit déposé à la Chambre des communes selon les besoins.

Source : Illustré par Anil Wasif à partir de données du gouvernement du Canada

Le fédéralisme présente à la fois des avantages et des inconvénients lorsqu'il s'agit de crises nationales qui appellent une réponse collective. Alors que la différence des résultats pour les provinces a révélé les failles d'une approche à multiples facettes, les stratégies localisées ont également été applaudies par l'OMS [2]. Par conséquent, avant de déclarer une urgence nationale, le gouvernement doit être certain qu'une approche descendante permettrait d'obtenir un protocole national complet de vaccination, de réduire les infections liées aux voyages, d'améliorer la cohésion sociale et d'assurer le bien-être de tous les Canadiens.

Compromis risque-rendement de la déclaration d'une urgence nationale

Intégration du système de santé

Le système canadien de gestion des urgences de santé publique fonctionne de bas en haut. Traditionnellement, les gouvernements municipaux détiennent la première ligne de défense, faisant appel à l'expertise fédérale ou provinciale au besoin. Jusqu'à présent, cela a facilité le niveau de granularité requis pour une réponse à la pandémie. Au niveau provincial, bien que les pouvoirs d'urgence varient entre eux, ils sont uniformes en termes de force et de structure. Un effort pour centraliser ce système nécessiterait une normalisation des données COVID19, une réaffectation des ressources et des changements dans la structure organisationnelle, qui l'emportent tous sur les gains d'efficacité promis par une approche descendante.

Les provinces accordant la priorité à la santé publique ont démontré leur capacité à atténuer la crise sanitaire, tandis que celles concernées par les affaires et la politique continuent d'être à la traîne. Cela est évident dans le nouveau record quotidien de l'Ontario de 3,945 19 cas de COVID-3 [0] par rapport aux 4 nouveaux cas de la Saskatchewan au cours de la semaine dernière [XNUMX], et la diminution de la capacité hospitalière du Québec par rapport aux provinces ayant des taux d'hospitalisation similaires. Cependant, alors que la Loi sur les mesures d'urgence permettrait au gouvernement fédéral de donner la priorité à la santé publique par rapport à d'autres questions, elle ne fournit aucune garantie d'aplatir la courbe.

Un confinement national s'accompagne de son propre ensemble de conséquences en raison des différences géographiques, culturelles et socioéconomiques entre les provinces et les territoires. Par exemple, ce qui pourrait convenir à la population de l'Ontario peut ne pas convenir à la population de l'Alberta. De plus, la Loi sur les mesures d'urgence ne doit être utilisée que si la combinaison de mesures et de lois fédérales et provinciales, comme la Loi sur la quarantaine, la Loi sur la gestion des urgences et les lois provinciales sur la santé publique, n'a pas été suffisante pour gérer la crise.

Les pouvoirs existants peuvent également faciliter une approche ciblée, comme la surveillance fédérale dans les provinces qui ne respectent pas le délai conseillé par Santé publique Canada pour les deuxièmes doses, alors que leurs hôpitaux approchent de leur capacité maximale. Dans un tel cas, une intervention ciblée ne pénaliserait pas injustement les autres provinces, ni ne nécessiterait la mise en œuvre pancanadienne de la Loi sur les mesures d'urgence.

Équité des vaccins

Une approche descendante d'Ottawa peut remettre en question l'équité et la justice auxquelles adhèrent les provinces dans leurs programmes de déploiement de la vaccination. Chaque province place les travailleurs essentiels et les travailleurs de la santé de première ligne comme groupe à vacciner en premier. Les provinces qui étendent la vaccination précoce à d'autres groupes le font en raison des différences dans le nombre de cas, les capacités du système de santé et les besoins locaux.

Une action coordonnée et équitable Pour vacciner l'ensemble de la population, il faudrait que le gouvernement réorganise les chaînes d'approvisionnement, combine les bases de données et intègre les systèmes de santé de manière opportune et rentable. Par conséquent, une réponse précipitée facilitée par la Loi sur les mesures d'urgence remanierait inévitablement les listes de priorités existantes à travers le pays, négliger établi des points de référence pour l'équité dans toutes les provinces.

Restrictions de voyage

Le ministre de la Sécurité publique a confirmé récemment que 2 à 5 % des infections [5] sont associés aux voyages à l'intérieur et à l'extérieur du Canada. Cependant, les principales sources de transmission restent les «contacts étroits» et la «propagation communautaire». Avec de nouvelles restrictions établies aux États-Unis et des ordres clairs d'annulation de tous les voyages du premier ministre, Santé publique Canada pense que les taux actuels vont probablement bientôt baisser.

En ce qui concerne les nouvelles variantes du virus, l'OMS a confirmé qu'une recherche et un dépistage efficaces des contacts permettront aux pays d'ajuster leurs mécanismes d'adaptation. Actuellement, l'Ontario est en tête du classement [6] avec 221 cas, suivi de 78 cas en Alberta; 28 cas en Colombie-Britannique et 8 cas au Québec. À cette fin, le Premier ministre a récemment confirmé que la quarantaine obligatoire de 14 jours a été extraordinairement efficace dans ce nouveau combat.

La Loi sur les mesures d'urgence permettrait au Canada de réglementer ou d'interdire les déplacements « à destination, en provenance ou à l'intérieur d'une zone déterminée, lorsque cela est nécessaire pour la protection de la santé ou de la sécurité des personnes ».[6] Par conséquent, les conséquences prévues de la Loi pourraient finir par être contre-productif, car les avantages de l'interdiction de voyager ne l'emportent peut-être pas sur les longues contestations judiciaires remettant en question la tentative du gouvernement de suspendre les libertés civiles des Canadiens en vertu de l'article 6 de la Charte canadienne des droits et libertés.

Afin de satisfaire aux conditions requises pour une urgence nationale, une crise doit outrepasser l'autorité d'une intervention provinciale et épuiser les pouvoirs fédéraux en vertu des lois existantes. Aucune de ces conditions n'est remplie, car certaines provinces du Canada ont réussi à restreindre les voyages interprovinciaux depuis le début de la pandémie.

Dans un tel scénario, communiquer efficacement avec les premiers ministres pour coordonner des mesures de quarantaine uniformes donnera de meilleurs résultats que de passer outre leur autorité. Si cela échoue, la moindre idée d'introduire la loi a poussé des provinces et des entreprises spécifiques à prendre des mesures plus strictes, comme l'a récemment montré l'annulation rapide de tous les vols d'Air Transat entre Toronto et Montréal. Cela s'est produit quelques jours seulement après que le ministre des Affaires étrangères a annoncé que la loi ne pouvait être exclue [8] après que le Québec et l'Ontario ont appelé à des restrictions de voyage plus strictes. 

Esprit de parti

En mars 2020, les premiers ministres ont clairement communiqué leur position contre la loi. Si leurs points de vue restent cohérents, invoquer la Loi peut placer le gouvernement fédéral directement en désaccord avec les dirigeants provinciaux, créant ainsi un conflit important au cours de la période de consultation. En outre, les citoyens peuvent également ressentir un sentiment d'atteinte à leurs droits civils et politiques.

Aujourd'hui plus que jamais, l'unité nationale est essentielle pour surmonter avec succès la pandémie de COVID-19. Paradoxalement, alors que la loi vise à soutenir l'harmonisation nationale des efforts de lutte contre la COVID-19, elle pourrait plutôt servir à éloigner la nation, tout en créant du ressentiment envers Ottawa.

De plus, il y a un manque de clarté quant à la position des autres partis fédéraux quant à l'invocation de la Loi. En raison de l'exigence de la Loi sur les mesures d'urgence de faire l'objet d'un examen parlementaire, l'absence de consensus entre les partis fédéraux peut retarder radicalement la mise en œuvre de la Loi ou empêcher complètement son invocation. Le gouvernement est minoritaire à la Chambre et, par conséquent, un degré de consensus entre les partis politiques est essentiel et doit être atteint avant que la loi ne soit soumise au processus d'examen parlementaire.

Photo surplombant le parlement à Ottawa, Ontario au coucher du soleil.

Source : Photo de Tyler Farmer

Le Verdict

Les lois et réglementations en vigueur prévoient suffisant pouvoirs à tous les niveaux de gouvernement pour atténuer la crise. Ce n'est pas le moment de débattre de l'opportunité d'invoquer la Loi, ni de s'engager dans un processus partisan potentiellement long et source de division aux niveaux provincial et fédéral. Une approche fédérale descendante ne peut pas accélérer le processus de vaccination, assurer l'équité dans la distribution des vaccins ou améliorer les restrictions de voyage existantes. Compte tenu de tout cela, la Loi sur les mesures d'urgence n'améliore pas le système existant qui soutient l'engagement direct avec les dirigeants provinciaux et territoriaux pour créer des politiques cohérentes au niveau national.

Une solution pratique peut inclure une réponse à plusieurs niveaux basée sur le nombre de cas spécifiques à la province et des restrictions fermes sur les voyages nationaux et internationaux. Une telle réponse peut impliquer l'utilisation de la Loi sur les mesures d'urgence comme monnaie d'échange, pour assurer la coopération et la coordination de toutes les provinces. Dans le cas extraordinaire où une crise provinciale dépasserait la capacité d'un premier ministre, les pouvoirs existants permettent au gouvernement du Canada d'intervenir directement dans sa région. Grâce à des interventions ciblées, les ressources fédérales peuvent être dirigées vers les régions qui en ont besoin; promettant une reprise efficace, rentable et équitable.

Si les compromis risque-rendement d'une pandémie ne pouvaient pas déclencher la loi, on devrait se demander si elle sera jamais utilisée.

Références:

https://www.cbc.ca/news/politics/garneau-emergencies-act-pandemic-travel-1.5885770

https://www.ctvnews.ca/health/coronavirus/head-of-who-praises-canada-s-anti-covid-response-warns-vaccine-won-t-be-a-panacea-1.5192892

https://globalnews.ca/news/7439492/103-cases-5-more-coronavirus-deaths-in-manitoba/

https://globalnews.ca/news/7572720/saskatchewan-highest-rate-covid-19-cases/

https://www.cbc.ca/news/politics/freeland-travel-restrictions-1.5887163

https://www.ctvnews.ca/health/coronavirus/tracking-variants-of-the-novel-coronavirus-in-canada-1.5296141

https://laws-lois.justice.gc.ca/eng/acts/e-4.5/page-1.html?wbdisable=true

https://www.cbc.ca/news/politics/garneau-emergencies-act-pandemic-travel-1.5885770