Marijuana et personnes âgées : tant de questions brûlantes
Auteur:
Dr David Conn
Dr Jonathan Bertram
Rand Ted
Indira-Fernando

La légalisation du cannabis approche résolument notre nation cet automne. Le Canada se distingue comme le premier pays du G7 à adopter un changement de politique aussi monumental dans sa législation sur les drogues. L'ampleur de cet événement se fera sentir pendant de nombreuses années et aura des effets profonds sur notre économie, nos soins de santé, notre éducation et nos systèmes politiques. L'effet sur le mode de vie et le bien-être général des Canadiens nous rappelle que notre paysage de la consommation de substances se trouve à un carrefour très critique. Alors qu'une grande partie du discours entourant le cannabis s'est concentré sur les jeunes; une population unique à considérer est celle des personnes âgées. Les personnes âgées sont confrontées à divers problèmes de santé et constituent un groupe particulièrement vulnérable et souvent stigmatisé. L'augmentation de la consommation de cannabis médical alors que la légalisation à des fins récréatives est en cours présente pour l'environnement scientifique et politique canadien de nouvelles opportunités ainsi que des défis à prendre en considération.
Nous voyons maintenant de nombreux baby-boomers qui ont grandi pendant les années «hippies» et qui ont atteint la soixantaine et la soixantaine. Ils consomment de plus en plus de cannabis pour diverses raisons médicales, notamment la gestion de la douleur. Les récentes lignes directrices canadiennes pour les médecins de famille recommandent seulement quatre conditions pour lesquelles le cannabis pourrait valoir la peine d'être pris en compte, ce qui contraste considérablement avec la pratique habituelle dans les cliniques médicales de cannabis. Un nombre croissant d'adultes âgés composent ce secteur clé du marché, et cela attire l'attention sur la nécessité d'une sensibilisation et d'une éducation accrues sur les avantages et les risques d'être un consommateur.
L'industrie a fait un excellent travail en commercialisant souvent le cannabis comme une « panacée » efficace, principalement motivée par l'économie et la politique plutôt que par la santé. Il sera important d'évaluer comment la motivation pour l'usage médical du cannabis interagira avec la consommation de cannabis récréatif. Il y a un manque de fondement pour étayer la base de preuves par rapport au soutien anecdotique des effets thérapeutiques du cannabis.
Les conditions médicales liées au vieillissement ajoutent également une couche de complexité lors de l'examen de la consommation de cannabis chez les personnes âgées. Les adultes plus âgés subissent des changements physiologiques et certains ont une plus grande consommation de médicaments en raison de conditions comorbides. Par conséquent, on ignore encore beaucoup des interactions pharmacologiques de la consommation de cannabis et de son effet global sur les problèmes de santé observés plus tard dans la vie. Un exemple de domaine de prudence est le risque accru de chutes ou l'effet sur la mobilité et la cognition auxquels sont confrontés les consommateurs de cannabis plus âgés. La disponibilité accrue, la perception réduite des risques et l'accès plus facile qui suivent la légalisation peuvent signifier que plus de personnes âgées envisageront l'utilisation de ce médicament sans connaissances suffisantes en main.
Alors que le pourcentage d'Ontariens de plus de 50 ans qui ont consommé du cannabis au cours de l'année écoulée a presque triplé au cours des 10 dernières années et a quintuplé depuis 1977, les préoccupations qui se posent sont de savoir si les cliniciens, les chercheurs et les décideurs politiques sont capables de répondre au besoin croissant de nouvelles connaissances au cours des prochains mois. Les indications d'utilisation récréative et médicinale émergent ensemble d'une manière qui est unique pour les personnes âgées et nous avons grandement besoin d'un renforcement collaboratif des preuves.
À la lumière de ces temps changeants, une nouvelle initiative en cours d'élaboration par la Coalition canadienne pour la santé mentale des personnes âgées sont des lignes directrices pour les troubles liés à l'utilisation de substances chez les personnes âgées. À l'automne 2018, la Coalition vise à publier quatre documents portant sur les troubles liés à la consommation de benzodiazapine, d'alcool, d'opioïdes et de cannabis. Les lignes directrices sont intentionnelles en ce sens qu'elles sont fondées sur des données probantes, qu'elles ont une portée étendue et qu'elles reflètent le continuum des milieux de soins. Avec l'inclusion des expériences vécues des consommateurs, le projet de lignes directrices vise à tenir compte à la fois de la diversité culturelle et des facteurs psychosociaux qui guident la prise de décision lors de l'examen de la consommation de cannabis.
En toutes choses, c'est ce que nous pensons qui détermine comment nous agissons. Les produits à base de cannabis ont considérablement changé depuis que les personnes âgées d'aujourd'hui étaient dans l'adolescence et dans la vingtaine. Il existe différentes souches et, plus important encore, le principal cannabinoïde psychoactif THC est beaucoup plus fort dans certaines souches. Deuxièmement, le rapport entre le THC et le CBD a changé, ce qui rend cette drogue considérablement différente de celle du passé. Si nous pensons qu'il s'agit d'une drogue «douce» avec peu d'effets secondaires autres que la consommation de plus de croustilles, elle ne sera pas traitée avec le soin et le respect qu'elle mérite. Par conséquent, nous devons aider les professionnels de la santé et les personnes âgées à acquérir une base de connaissances suffisante pour entrer prudemment dans ce nouveau monde.
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