La politique doit façonner la science au sein du Parlement

Publié le: mai 2022Catégories: Série éditoriale 2022, Éditoriaux, En vedette

Auteurs):

Paul Dufour

Institut des sciences, de la société et des politiques publiques, Université d'Ottawa

Senior Fellow

Paul Dufour

Au 21e siècle, pour le meilleur ou pour le pire, chaque jour est la «journée de la science» - et plus cela s'inscrit profondément dans la conscience de nos politiciens, médias et citoyens, mieux c'est (Preston Manning, 2009) 

Il y a environ un an, répondant à l'appel de Preston Manning, j'ai écrit un court article pour Evidence for Democracy sur l'intersection de la science au sein du Parlement. Dans celui-ci, j'ai soutenu que: comprendre le fonctionnement du Parlement et de son appareil de gouvernance (y compris ses commissions, ppersonnalités, politique et briefings) deviendront plus critiques. Apprendre le potentiel et limites, des avis scientifiques judicieux seront également des atouts utiles. Et tout simplement, demander plus le financement ne suffira plus. Le lobbying peut être utile, mais établir la confiance à long terme est beaucoup plus important. Il sera important de contextualiser les divers impacts de la science. Cela va dans pêtre une tâche pour la prochaine génération de chercheurs. 

Je pense que c'est encore plus critique aujourd'hui compte tenu de la nature rapide de la production de connaissances ; une population de plus en plus assoiffée de connaissances qui exige de meilleurs filtres sur la façon dont la science a et affectera leur vie ; ainsi qu'une prochaine génération de chercheurs passionnés qui souhaitent s'engager de manière plus stratégique dans les processus de prise de décision au sein de notre politique.

Le nouveau Comité permanent des sciences et de la recherche de la Chambre des communes, présidé par l'ancienne ministre des Sciences du Canada, Kirsty Duncan, s'est engagé à aborder quelques questions clés sur l'avenir du Canada, la science, la recherche et l'innovation. Non seulement ils ont examiné les opportunités et les défis de cette « prochaine normalité mondiale » à laquelle nous serons tous confrontés, mais le Comité a cherché à mieux comprendre comment les meilleurs talents de recherche, y compris les chercheurs en début de carrière, peuvent être soutenus. Et le Comité sénatorial des affaires sociales, des sciences et de la technologie a également examiné diverses dimensions de la façon dont les connaissances et la recherche peuvent aider les politiques publiques dans le monde post-pandémique. En fait, à peu près toutes les commissions du Parlement ont des aspects scientifiques clés qui doivent être pris en compte compte tenu des événements actuels.

Alors, comment nos parlementaires se comparent-ils lorsqu'il s'agit de combiner leur apport quotidien d'informations provenant de nombreuses sources tout en remplissant leurs fonctions d'élus ? Ce n'est pas facile d'en être sûr. Comme le suggérait un jour un rapport parlementaire, on ne peut s'attendre à ce qu'il y ait un jour un grand nombre de parlementaires qui apportent l'expertise scientifique de la formation technique à la politique. Cependant, l'expérience montre que les élus réguliers peuvent acquérir une bonne connaissance des questions scientifiques en utilisant le système des comités comme véhicule pour des contributions et des prises de décision pertinentes.

Heureusement, ils ont des ressources sur lesquelles ils peuvent puiser. La Bibliothèque du Parlement offre des preuves et des recherches précieuses, mais elle a besoin de plus de ressources. Un bureau scientifique parlementaire pourrait aider, comme l'ont autrefois vanté plusieurs députés fédéraux basés sur le bureau parlementaire britannique pour la science et la technologie. Les stagiaires en politique scientifique que les États-Unis déploient dans leur Congrès pourraient également être utiles.

Il existe également une variété d'autres expériences qui ont été développées ici. Il s'agit notamment de la rencontre entre la science et le Parlement, qui s'est réunie la semaine dernière sous les auspices du Centre canadien de la politique scientifique, du Collège militaire royal et du Bureau du conseiller scientifique en chef. Il a réuni plusieurs dizaines de chaires de recherche du Canada sélectionnées à travers le pays pour rencontrer des parlementaires, partager leur expérience et les accompagner dans leurs fonctions courantes. Lors d'une réception sur la Colline, les différents représentants des partis politiques ont fait d'excellentes remarques sur la valeur de tels rassemblements et sur l'importance de soutenir la science et la recherche à tous les niveaux de la société, de l'environnement et de l'économie.

Mais davantage peut et doit être fait. Il ne s'agit pas d'une science à sens unique informant simplement le Parlement de ce qu'il veut. Le rapport E2019D 4, Preuve en action, a mis en évidence certaines de ces questions dans une enquête sur la manière de mieux connecter la science et la recherche avec les parlementaires. Il vaut la peine d'être relu dans le contexte actuel.

Il est également essentiel de souligner que les arguments de recherche des communautés scientifiques doivent généralement tenir compte de la demande réelle d'attention accrue aux problèmes politiques locaux et en temps réel qui nécessitent des réponses en matière de connaissances et d'innovation. Parfois, la communauté de la recherche peut oublier que nos élus accueilleraient favorablement une aide pour leurs propres besoins et ceux de leurs électeurs. Pour être clair, la communauté de la recherche s'est mobilisée dans le cas de la pandémie et de ses répercussions à travers le pays. Sur cette base, les efforts pourraient être intensifiés par la communauté du savoir (tous ses éléments) pour répondre rapidement à ce dont nos parlementaires ont continuellement besoin également - des inondations aux incendies, en passant par la lutte contre les inégalités en matière de santé et la pauvreté, les défis environnementaux et les opportunités entrepreneuriales. ciblées pour et au sein des communautés locales, des villes et des régions. En effet, dans cet esprit, un nouveau projet en cours axé sur des avis scientifiques pertinents et judicieux dans les municipalités d'Amérique du Nord est dirigé par le Réseau international d'avis scientifiques gouvernementaux, parrainé par le scientifique en chef du Québec.

C'est un grand pays avec une base régionale, économique et démographique diversifiée. Elle a besoin de réponses efficaces aux problèmes graves dont les élus ont besoin au quotidien et régulièrement. Il est peut-être temps que notre communauté de recherche mobilise plus efficacement son talent, ses compétences et sa formation pour s'attaquer à ces problèmes, sans oublier d'améliorer la communication et le dialogue avec les représentants dûment élus et les citoyens canadiens.