La recherche agricole est-elle « de retour » ?

Auteur:

Serge Achète

Institut agricole du Canada

Directeur Général

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Le gouvernement libéral a été élu en 2015 avec une plateforme promettant des investissements importants dans la recherche agricole. La lettre de mandat remise par le premier ministre au ministre d'Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) lors de sa nomination identifie clairement l'investissement dans la recherche agricole pour soutenir la science et l'innovation.  

La principale différence entre la plateforme et la lettre de mandat était la disparition de 100 millions de dollars sur quatre ans en investissements supplémentaires dans la recherche agricole. L'engagement pris était dans la plateforme, mais on ne le retrouve plus dans la lettre de mandat.

Quoi qu'il en soit, le gouvernement a fait des investissements dans la recherche agricole en 2016 et les a poursuivis dans le budget 2017. Certains de ces investissements n'étaient pas directement destinés à la recherche agricole, mais pourraient certainement avoir un impact sur celle-ci.  

Voici une courte liste de certains des investissements annoncés en 2017 :

  • 80 millions de dollars sur cinq ans pour remplacer le Sidney Centre for Plant Health (BC),

  • 70 millions de dollars sur six ans pour soutenir davantage la science et l'innovation dans le domaine de la découverte agricole, en mettant l'accent sur les priorités émergentes (telles que le changement climatique et la conservation de l'eau),

  • 200 millions de dollars sur quatre ans à trois ministères, dont AAC, pour soutenir la recherche sur les technologies propres et le développement, la démonstration et l'adoption de technologies propres.

Ce sont toutes des annonces bienvenues.  

Mais d'autres parties du budget 2017 suscitent à la fois des attentes et des inquiétudes.

Les scientifiques seront ravis de voir la création d'un poste de « conseiller scientifique en chef ». Mais le fait que le poste soit avant tout de conseiller et de coordonner suscite des inquiétudes. Il existe d'autres postes de ce type au sein du gouvernement fédéral - avec peu ou pas de mordant, pas de pouvoirs et principalement en tant que rôle de relations publiques. La communauté scientifique s'attend à quelqu'un de plus impliqué et le budget de 2 millions de dollars réservé à ce « secrétariat connexe » n'est pas prometteur.

L'Institut agricole du Canada espère que le gouvernement choisira quelqu'un qui comprend bien le rôle de l'agriculture et de la recherche agricole. Il serait décevant que le gouvernement choisisse d'ignorer un secteur qui contribue à une balance commerciale positive, soutient tant d'emplois et représente une partie si importante de notre PIB.

Le gouvernement examinera également les programmes gouvernementaux d'innovation des entreprises, notamment à AAC et le programme d'incitatifs fiscaux SRED. Bien que les critiques puissent être positives, il serait intéressant de voir le mandat.

Le gouvernement élaborera également une nouvelle stratégie fédérale d'infrastructure scientifique. Cette annonce, qui comprend un examen des investissements existants dans l'infrastructure scientifique fédérale, pourrait également être vue à travers le prisme d'une annonce budgétaire beaucoup plus vaste dans laquelle le gouvernement fédéral entamera un « examen horizontal triennal des immobilisations fédérales ». Le gouvernement "dépense environ 10 milliards de dollars par an pour acheter, construire, rénover, réparer, entretenir et exploiter des immobilisations détenues et louées - l'examen cherchera à identifier des moyens d'améliorer ou de générer une plus grande valeur à partir des actifs du gouvernement". Encore une fois, les critiques peuvent être positives, mais le ton sous-jacent est le désinvestissement. Bien qu'il n'y ait aucun signe indiquant que c'est là où le gouvernement s'en va en ce qui concerne les infrastructures scientifiques fédérales, il faudra procéder à de vastes consultations avant de prendre toute décision.

Le budget 2017 est, dans les parties où il est clair, positif pour la recherche agricole. Le problème, c'est ce qu'il ne dit pas. Il ne réaffirme pas l'importance de la recherche agricole et laisse beaucoup à l'imagination. Nous devons tous nous rappeler que les jours de gros déficits ne dureront pas et qu'il faudra faire des coupes à un moment donné.

Le budget est en effet novateur – non pas en raison de ses investissements dans l'innovation – mais plutôt en mettant l'accent sur les femmes et les peuples autochtones. C'est une évolution positive qui ne peut que profiter à notre secteur à travers des horizons élargis.

L'accent mis sur le changement climatique est également positif pour la recherche agricole et notre secteur ne peut que soutenir les efforts du gouvernement. La conférence annuelle de l'ICE cette année (du 24 au 26 avril 2017 à Winnipeg) est entièrement axée sur la relation entre la recherche agricole et le changement climatique et sur la façon dont l'innovation agricole peut avoir un impact sur l'environnement.

Il y a quelques années, la recherche agricole était considérée comme cruciale pour le développement économique et le bien-être du Canada. En mettant l'accent sur d'autres secteurs en raison de la perte d'importance de l'agriculture à Ottawa, le gouvernement fédéral n'a pas considéré la recherche agricole comme un élément clé de sa stratégie visant à renforcer notre pays.

Alors, la « recherche agricole est-elle de retour ? Il est trop tôt pour le dire. En 2017, comme nous l'avons appris, le diable est dans les détails et une bonne dose d'espoir tempérée par le cynisme est généralement prudente.