Science et innovation dans un avenir post-pandémique
Auteur:
Karimah es Sabar
Santé et biosciences Stratégie économique Relance
Chaire Titulaire
La pandémie de COVID 19 a eu un impact négatif sur la plupart des secteurs industriels au Canada; et les effets des 18 derniers mois auront des répercussions pendant des décennies. Pourtant, un secteur a continué d'exceller à travers les défis – les biosciences. Tout comme les machines à moteur ont défini la révolution industrielle, les biosciences encadreront le 21st siècle, un monde qui sera façonné en partie par notre capacité à réagir rapidement et avec agilité aux futures crises mondiales.
Englobant tout, de la fabrication de dispositifs médicaux au développement biopharmaceutique et aux derniers outils de diagnostic, l'industrie des biosciences est le moteur qui propulsera les nations prospères vers l'avant. Le Canada peut et doit être l'une de ces nations. Bien que la pandémie ait mis en valeur le talent canadien en biosciences et stimulé la croissance de plusieurs entreprises de grande qualité, nous devons faire plus pour prospérer après la pandémie, et nous devons le faire maintenant. Au départ, les gouvernements à tous les niveaux doivent favoriser l'ingéniosité et adopter des décisions politiques novatrices pour entretenir et développer un écosystème biotechnologique robuste et durable au Canada. Nous devons réduire les formalités administratives, passer à travers le bruit et prendre au sérieux la maximisation, le développement et la rétention de nos talents, de nos ressources et de nos entreprises.
Équité en matière de vaccins : personne n'est à l'abri tant que nous ne le sommes pas tous
Il y a une raison pour laquelle les routards canadiens collent des feuilles d'érable sur leurs sacs : nous sommes une nation à laquelle les gens sont fiers d'appartenir. Nous avons une réputation mondiale en tant que gardiens de la paix et humanitaires. Dernièrement, nous nous sommes relâchés, il est temps de regagner cette réputation : nous ne pouvons pas nous reposer sur nos succès alors que la majeure partie du monde reste vulnérable et non vaccinée. La plupart des pays africains ont actuellement un taux de vaccination inférieur à 20 %. [1] Le temps de la thésaurisation des vaccins et de la garantie de notre propre approvisionnement est révolu - les virus ne respectent pas les frontières, et ce n'est que lorsque tout le monde sera vacciné que cette pandémie sera vraiment contenue.
Investir dans la santé mondiale est tout simplement logique lorsque nous construisons et partageons notre technologie, nous créons un monde meilleur pour tous. Cependant, nous ne pouvons faire du bien aux autres que lorsque notre propre maison est en ordre : la science et l'innovation doivent devenir la pierre angulaire de notre relance économique et sociétale. Pour être prêts la prochaine fois que nous serons frappés par une crise (sanitaire), pour l'atténuer et réagir rapidement et avec agilité, nous devrons être préparés. Une action précoce est nécessaire pour investir dans la fabrication de vaccins au Canada: ne devons plus dépendre des autres. Ce n'est qu'une fois que nous serons autosuffisants que nous pourrons vraiment soutenir les autres à l'échelle mondiale et tenir la promesse humanitaire du Canada envers le monde.
La prévention, l'intervention primaire et la réponse précoce constituent une approche médicale et financière beaucoup plus judicieuse que de devoir gérer les séquelles des problèmes. La préparation est une stratégie rentable qui garantit une qualité de vie et des sociétés saines. En tant que nation, nous nous classons au quatrième rang mondial pour les publications scientifiques [2] et notre système universitaire est enviable. Mais ce n'est pas assez. Nous devons miser sur la science et l'innovation canadiennes à toutes les étapes du continuum de la recherche et du développement en entretenant la dynamique, en retenant les talents et en créant des sociétés phares. Nous devons penser à la portée et à l'échelle - oui, nous sommes une petite nation, mais nous avons le potentiel de construire et d'ancrer des entreprises de premier plan au niveau mondial. Tous nos acteurs – universités, recherche, organisations philanthropiques, industrie, gouvernement – doivent ramer ensemble.
Direction internationale
Dans un contexte mondial, le Canada a la possibilité d'assumer un leadership. Avec 4.8 millions de Canadiens ayant fait des études supérieures en STIM [2], les biosciences et les technologies propres sont des domaines dans lesquels les entreprises canadiennes peuvent produire pour le monde en s'appuyant sur nos forces existantes. Notre investissement dans l'industrie doit être porté à un nouveau niveau en réexaminant nos secteurs des sciences de la vie et de la biofabrication et en les dotant d'une plus grande capacité. La Stratégie canadienne de la biofabrication et des sciences de la vie [3], annoncée en juillet 2021, décrit comment nous devenons une nation autosuffisante, tout en orchestrant la coopération internationale en cas de crise sanitaire.
La santé et les biosciences, en plus des technologies propres et de la numérisation, sont le tabouret à trois pieds d'une économie axée sur l'innovation. Pour que le Canada maintienne ses normes de qualité de vie et sa position de leader sur la scène scientifique mondiale, nous devons favoriser et entretenir une économie solide axée sur l'innovation. Les marchés émergents se révèlent être des concurrents agressifs dans ces domaines. Le Vietnam, par exemple, a progressivement augmenté ses dépenses de santé publique à une moyenne de 9 % depuis 2003, lorsque la pandémie de SRAS a frappé. Une nation asiatique relativement petite de 95 millions d'habitants, le Vietnam, a rapidement mobilisé la technologie numérique avec le ministère de la Santé publique en s'appuyant sur la transparence et en communiquant avec des agences tierces alors qu'il suivait, retraçait et publiait tous les cas confirmés sur un tracker en ligne accessible au public. Ces stratégies ont clairement porté leurs fruits : aujourd'hui, le Vietnam a l'un des taux de mortalité les plus bas dus au COVID-19. [4]
L'avenir : la science et l'innovation comme diplomatie
La pandémie nous a clairement montré à quel point notre petit monde est entrelacé et interdépendant, malgré les frontières géographiques. Il a également mis au premier plan les possibilités offertes à la capacité scientifique du Canada à l'échelle mondiale. Notre succès en tant que nation nous permet de déployer une diplomatie de la science et de l'innovation au profit de toute l'humanité. C'est peut-être un objectif audacieux, mais il en vaut la peine.
Il existe de nombreux domaines scientifiques dans lesquels nous pouvons collaborer à l'échelle mondiale, même avec les pays les plus difficiles : le langage de la science est international. Grâce à la collaboration, il existe un lien humain et la capacité d'améliorer la qualité de vie des pays qui en ont le plus besoin. La « diplomatie scientifique » nous offre également l'occasion d'exercer un pouvoir doux et d'influencer les droits de la personne et d'autres normes sociales et environnementales chères au Canada.
Il existe de nombreuses raisons de prioriser et d'alimenter les biosciences canadiennes et les écosystèmes de technologies propres comme pierre angulaire de la construction d'une économie saine et durable, notamment pour améliorer la vie de tous les Canadiens ainsi que d'autres êtres humains qui ont besoin de notre aide, et avec avec qui nous partageons cette planète.
1- https://www.afro.who.int/news/africa-faces-470-million-covid-19-vaccine-shortfall-2021