Science Meets Parliament 2022 : Tisser de nouveaux liens entre scientifiques et décideurs politiques

une banderole avec le texte « La science rencontre le Parlement 2022 : forger de nouveaux liens entre scientifiques et décideurs » à côté de la photo d'un homme blanc

Auteurs):

Basil P. Hubbard

Université de Toronto

Professeur agrégé, Pharmacologie et toxicologie

Importance de la politique scientifique

La valeur d'une politique scientifique nationale efficace est plus claire aujourd'hui qu'à n'importe quel moment de l'histoire récente. Tout au long de la pandémie de COVID-19, le Canada a maintenu un taux de mortalité relativement faible d'environ 1.1 % par rapport aux pays pairs et proches comme le Mexique (5.6 %), en partie grâce à sa mise en œuvre réussie de programmes généralisés pour minimiser le SRAS-CoV-2 exposition, effectuer la recherche des contacts, déployer des vaccins et investir dans la recherche et le développement pharmaceutiques1. Cependant, il y a encore place à l'amélioration, car d'autres pays comme l'Australie ont signalé un taux de mortalité beaucoup plus faible (0.1%).1. À l'avenir, il sera nécessaire de donner la priorité à l'excellence dans la politique scientifique canadienne pour relever les défis des menaces virales émergentes et résoudre les problèmes liés à l'énergie propre, à l'intelligence artificielle, aux technologies d'édition de gènes et à l'exploration spatiale. La clé de la réalisation de cet objectif sera la mise en place d'un réseau large et accessible qui relie les politiciens aux scientifiques.  

La nature réciproque de la science et de la politique

Le programme Science Meets Parliament (SMP) m'a donné une nouvelle perspective sur la façon dont la politique scientifique du Canada est façonnée, ainsi que sur les forces et les faiblesses du système actuel. Avec des conférences stimulantes sur des sujets allant des principes fondamentaux du système gouvernemental de Westminster à des conversations avec la conseillère scientifique en chef du Canada, la Dre Mona Nemer, et des discussions avec les présidents de nos principaux organismes subventionnaires de recherche fédéraux (CRSNG, CRSH, IRSC), j'ai développé un compréhension globale du processus par lequel la recherche scientifique est présentée au gouvernement pour des considérations politiques. J'ai également été éclairé sur la façon dont la politique peut influencer la direction scientifique. De nombreuses politiques scientifiques couronnées de succès au Canada ont été abordées tout au long du programme de formation. Pourtant, j'ai aussi appris que le soutien économique à la science au Canada doit être renforcé. J'ai été choqué d'apprendre que le Canada a pris beaucoup de retard sur ses partenaires de l'OCDE en ce qui concerne les dépenses intérieures brutes en recherche et développement. Par exemple, le Canada ne dépense qu'environ 1.5 % de son PIB en recherche et développement, tandis que les États-Unis dépensent près de 3 % et qu'Israël dépense actuellement environ 5 %2. Ainsi, le programme a renforcé l'idée de réciprocité et le rôle important que jouent les politiciens pour influencer le progrès scientifique au Canada. 

Rencontres sur la Colline

Le fait saillant de SMP a sans contredit été l'invitation à rencontrer des parlementaires et d'autres titulaires de chaires de recherche du Canada (CRC) à Ottawa. J'ai personnellement eu l'occasion de rencontrer des députés d'Edmonton, en Alberta, et de Scarborough, en Ontario, qui étaient tous deux sincèrement intéressés à en savoir plus sur mes recherches et qui ont bien voulu m'accorder leur temps. Nos conversations ont porté sur des sujets allant du paysage universitaire au Canada, aux règlements sur la propriété intellectuelle, aux intérêts communs. De plus, je n'ai jamais eu l'occasion d'interagir avec autant de CRC dans autant de domaines différents à travers le Canada comme je l'ai fait au SMP 2022. J'ai beaucoup appris grâce aux conversations avec mes collègues délégués et j'ai établi de nombreuses nouvelles relations. L'occasion de visiter les édifices parlementaires, d'assister à la période des questions et de rencontrer d'autres dignitaires a ajouté au caractère unique de l'expérience. 

S'impliquer et perspectives d'avenir

À l'avenir, j'espère continuer à interagir avec les dirigeants politiques du Canada et, espérons-le, apporter ma propre expertise à l'élaboration de la politique scientifique nationale. Mon laboratoire se concentre sur l'amélioration des outils d'édition de gènes et sur leur application au traitement de maladies monogéniques telles que la fibrose kystique et la drépanocytose, ainsi que de maladies polygéniques plus complexes telles que le cancer. Il reste de nombreuses questions juridiques et éthiques dans le domaine auxquelles il faut encore répondre : quels gènes devrions-nous être autorisés à modifier, et les gènes des enfants à naître devraient-ils être modifiés ? Les politiciens canadiens devront travailler avec des scientifiques pour établir des lois et des politiques appropriées entourant ces questions et d'autres. Avec la création d'un poste de conseiller scientifique en chef en 20173, le gouvernement canadien a réaffirmé qu'il reconnaît l'importance de la science pour la société. Le Centre canadien de la politique scientifique (CSPC), qui organise le programme SMP, a fait un travail formidable en continuant à plaider en faveur de liens plus solides entre les scientifiques et les politiciens. En fin de compte, je crois que des programmes comme La science rencontre le Parlement aideront à établir un pipeline pour les décisions en matière de politique scientifique qui se traduiront par des politiques mutuellement bénéfiques pour les scientifiques et les politiciens, et à mieux préparer le Canada aux défis scientifiques et technologiques qui pourraient survenir à l'avenir. 

Sources:

  1. https://coronavirus.jhu.edu/data/mortality
  2. https://data.worldbank.org/indicator/GB.XPD.RSDV.GD.ZS
  3. https://pm.gc.ca/en/news/news-releases/2017/09/26/prime-minister-introduces-canadas-new-top-scientist