Le budget canadien de 2016 n'est qu'un début, mais les actes doivent suivre les paroles pour le secteur spatial

Auteurs):

Marc Boucher

L'Association canadienne du commerce spatial

Président et CEO

Marc Boucher

Le budget fédéral a apporté une légère surprise et une bonne nouvelle à la communauté spatiale en ce que le gouvernement a fourni un montant de financement spécifique pour soutenir la contribution du Canada à la Station spatiale internationale (ISS) jusqu'en 2024. Le gouvernement précédent avait engagé le Canada à participer à l'ISS jusqu'en 2014, mais n'avait pas encore alloué de fonds pour y parvenir.

Fait important, le budget comprenait une section intitulée Soutenir le leadership continu du Canada dans l'espace. Cette section, qui comprenait les nouvelles de l'ISS, comprenait également un langage qui devrait signaler à nos partenaires internationaux que le Canada n'est pas sur le point d'abandonner sa position de chef de file. Ceci, combiné au Rapport sur les plans et les priorités (RPP) 2016-17 de l'Agence spatiale canadienne (ASC), qui comprend également un langage de soutien que la communauté recherchait, est un pas en avant positif.

Cependant, les actes doivent suivre les paroles.

Il s'agirait notamment de rencontrer collectivement les intervenants avant le prochain budget pour définir la planification stratégique à long terme.

Il faut aussi reconnaître que le financement de l'ensemble du programme spatial canadien diminue lorsque l'on retire le seul grand projet d'immobilisations en cours, la mission de la Constellation RADARSAT (RCM). Le premier des trois satellites RCM devant être lancé en 2018, la phase de construction va bientôt se terminer. D'ici 2018-19, les dépenses prévues pour l'ASC auront diminué à 330 millions de dollars. Il est difficile d'imaginer que le Canada puisse conserver son leadership avec un budget en baisse.

Les mesures visant à atténuer le risque de perdre le leadership du Canada dans l'espace devraient inclure un financement initial dans le prochain budget pour de nouveaux programmes qui répondent aux besoins stratégiques du Canada à l'avenir, ainsi qu'un financement supplémentaire destiné à favoriser l'innovation dans le secteur spatial.

Comme l'a noté l'Association canadienne du commerce spatial dans son mémoire prébudgétaire, le Canada commence à prendre du retard en matière d'investissement en recherche et développement (R&D) en pourcentage du PIB par rapport aux autres pays. Selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l'investissement du Canada en R&D dans son ensemble a diminué et se situe maintenant à 1.69 % du PIB alors que la moyenne mondiale est de 2.4 %. De plus, entre 2007 et 2012, le taux de croissance annuel de la R&D au Canada était de -1.4 % comparativement à +2.0 pour l'OCDE.

Et bien que le budget ait fourni des fonds pour l'innovation, dont 800 millions de dollars pour les réseaux et grappes d'innovation et 50 millions de dollars supplémentaires pour le Programme d'aide à la recherche industrielle du Conseil national de recherches, il n'a pas augmenté le financement du Programme de développement des technologies spatiales de l'ASC, un programme essentiel qui favorise l'innovation dans le secteur spatial.

Un domaine du secteur spatial qui connaît une croissance phénoménale est celui des petits satellites. Le coût de construction, de lancement et d'exploitation de petits satellites a atteint un point critique où même les petites entreprises peuvent entrer sur le marché et y jouer un rôle. Le Canada doit faire partie de ce marché en croissance et possède les compétences et la technologie pour être un chef de file. L' ASC , dans sa section Description des risques de son RPP 2016-17, reconnaît que les petits satellites sont un facteur important pour l'avenir en disant «l'ASC appuiera le développement de la technologie des petits satellites qui fournira des réponses opportunes et rentables aux besoins du gouvernement."

Cependant, bien que l'ASC reconnaisse le besoin de la technologie des petits satellites, aucun financement spécifique n'est alloué. On suppose que l'ASC utilisera le Programme de développement des technologies spatiales pour faire progresser ces technologies, mais son budget ne prévoit que 22.5 millions de dollars cette année pour permettre TOUTE développement de la technologie.

Il est clair que ce qui manque dans la stratégie d'innovation du Canada pour l'avenir, c'est la planification à long terme du secteur spatial. Rencontrer les intervenants pour élaborer des plans à long terme est essentiel pour l'avenir afin de maintenir le rôle de chef de file du Canada. Cela doit être suivi d'investissements mesurés et durables qui conduiront à l'innovation et à la croissance économiques.