Le pont des deux extrémités

Une bannière avec une photo d'un homme blanc et le titre "le pont des deux côtés" ainsi que le texte : Rob Slater

Auteurs):

Rob Slater

Université Carleton

Professeur adjoint, Politique environnementale

Initiative de gouvernance réglementaire (RGI)

Directrice exécutive

Centre canadien de la politique scientifique

Gagnant du Prix d'excellence pour l'ensemble de la carrière du CSPC 2020

L'an dernier, le CPSC m'a décerné un prix pour l'ensemble de mes réalisations. Ce fut une délicieuse surprise et m'a incité à réfléchir à ce que j'avais appris en plus de 50 ans à essayer de relier le monde des experts au monde de la politique et de la politique. Et ne vous y trompez pas, ce sont des mondes différents qui ont leur propre vocabulaire et leurs propres valeurs qui sont différentes de manière importante. Ni l'un ni l'autre des mondes n'est "absolument correct", ils sont simplement différents et, au fond, mutuellement dépendants, d'où le rôle du pont. 

De plus, je ne voulais pas seulement regarder en arrière, mais aussi intégrer certaines des leçons que nous tirons de deux problèmes dominants de notre époque : la pandémie et le changement climatique. J'ai évidemment été très sélectif et ne suggérerai que trois points.

Discernement

Les avis d'experts ne manquent pas. À titre d'exemple, il a été dit qu'il y a plus de scientifiques actuellement employés dans des entreprises scientifiques qu'il n'y en a eu dans l'ensemble de l'histoire humaine et la quantité de nouvelles informations augmente proportionnellement. L'astuce consiste à vous assurer, en tant qu'expert, de savoir qui a besoin d'informations et dans quel but et le format qui sera le plus utile. La capacité de parcourir un vaste champ et de synthétiser les informations clés dans une histoire compréhensible est un talent très prisé. Nous avons tous vu nos collègues de la santé publique faire cela quotidiennement pendant près de deux ans. Lorsqu'ils auront le temps, il serait utile qu'ils puissent partager avec nous comment ils étaient équipés pour jouer ces rôles et comment ils conseilleraient aux autres de se préparer.

La gestion de l'information est au moins un territoire familier pour la plupart d'entre nous. La gestion de la désinformation ne l'est pas et nous ne pouvons pas l'ignorer. La désinformation s'est révélée être un facteur important dans l'élaboration des choix politiques et nécessite de développer la capacité de détecter et d'analyser la désinformation malveillante dans le but de la neutraliser.

Autonomie

En tant que scientifique expert, vous souhaitez poursuivre votre recherche de connaissances telles que vous les définissez. Les dirigeants veulent une utilisation sans encombre des conseils de l'expert pour faire avancer les dossiers ou façonner les conseils lorsqu'ils informent les autres. Au niveau stratégique, le ministre ou le haut dirigeant veut être libre de faire des choix basés sur des conseils d'experts, qui satisferont également aux obligations législatives ou feront avancer les priorités politiques. Ce sont des activités complexes et interdépendantes où les enjeux sont importants et les relations difficiles. Les questions sur qui contrôle quoi et qui peuvent être difficiles, car les différents acteurs peuvent ne pas avoir les mêmes opinions sur le pouvoir discrétionnaire dont ils disposent. Cela peut constituer une menace pour la crédibilité. Gérer cela par la résolution conjointe de problèmes et la coordination peut être efficace. 

Les deux dernières années nous ont également donné une leçon de choses sur les distinctions entre les experts scientifiques et les décideurs politiques/politiques. Les scientifiques canadiens, d'un point de vue profane, ont fonctionné de manière cohérente et solidaire, quel que soit le gouvernement, l'université ou l'autorité sanitaire pour lequel ils travaillaient. Il y avait bien sûr des différences dans ce qu'ils faisaient, mais il semblait qu'ils avaient une autonomie sur leurs opérations. Ils ont également été les principales passerelles pour diffuser et interpréter les informations et répondre aux questions. Ils ne pourraient être tenus responsables de la manière dont leurs informations ont été utilisées.

Au niveau politique, les choix politiques ont été examinés et décidés. De toute évidence, malgré les tentatives extraordinaires de gouvernance pour créer une réponse coordonnée et cohérente, il y a eu une grande diversité qui a été attribuée aux différentes dynamiques sociales et économiques inhérentes à une grande fédération. La cohérence contrastée de la communauté scientifique peut être attribuée à l'acceptation universelle de la méthode scientifique et des valeurs qui l'accompagnent.

Consensus 

Un ancien conseiller de la Maison Blanche, hébergé dans une administration opposée à l'action contre le changement climatique, a avoué que son objectif était de semer le doute. Cela faisait partie d'une campagne fortement soutenue par certains intérêts qui se sentaient menacés. Le doute implique que vous n'êtes pas sûr et cela se traduit par l'inaction jusqu'à ce que les gens se décident. C'est dans la même catégorie que la désinformation.

La conviction menant au consensus est l'antidote au doute. Le monde est devenu très sophistiqué et apte à générer un consensus et à le maintenir. Leur langage a évolué et utilise des concepts tels que « certitude et risque ». Ce sont des sujets familiers aux décideurs politiques, et ils ont l'habitude de les traiter.

Il convient de noter qu'un consensus ne doit pas être interprété comme suggérant l'unanimité. La nature de la science est qu'il y a toujours des valeurs aberrantes qui ont des opinions distinctes de l'opinion de la majorité. Paradoxalement, la valeur aberrante d'une génération peut produire la percée de la génération suivante. Les noms de Charles Darwin et Tuzo Wilson viennent à l'esprit.

Ces jours-ci, de plus en plus de problèmes semblent se retrouver à l'ordre du jour mondial. La présence du Canada au sein des organismes de formation du consensus est essentielle si l'information produite par le Canada doit être prise en compte et si les intérêts canadiens doivent être compris. Notre influence dans ces forums exige des personnes expérimentées et crédibles, dotées des qualifications requises et du soutien de leurs institutions.

J'ai dirigé ceci vers ceux d'entre vous qui veulent faire une différence par leur travail, et j'ai suggéré quelques caractéristiques qui ont été particulièrement efficaces pour diriger le changement. Une dernière observation aux fonctionnaires qui ont été décrits comme les gardiens permanents des problèmes permanents - ne sous-estimez jamais la vertu de l'endurance pour les sujets qui peuvent exiger votre attention pendant 25 ans et plus.

Remerciements. Je tiens à remercier mes collègues William Pullen de l'Université d'Ottawa et le Dr David Miller de l'Université Carleton pour leur collaboration et leurs conseils indéfectibles au fil des ans.