Limiter l'impact négatif de la pandémie de COVID-19 sur les chercheurs postdoctoraux canadiens

Auteurs):

Christine Gibb

Université de Toronto

Chercheur postdoctoral

Noushin Nabavi

Gouvernement de la Colombie-Britannique/Université de Victoria

Chercheur en politique scientifique

Qutuba Karwi

Université de l'Alberta

Chercheur postdoctoral

Emma Griffiths

Université de la Colombie-Britannique

Associé de recherche

Logo CAPS ACSP

Au nom de la

Canadian Association of Postdoctoral Scholars / l'Association Canadienne des Stagiaires Postdoctoraux

Chaque jour en tant que postdoc compte. Ainsi, le ralentissement de la recherche et de l'enseignement et la fermeture d'espaces de travail tels que les laboratoires, les salles de classe universitaires, les salles de conférence et les sites de terrain en raison de la pandémie de COVID-19 ont des répercussions plutôt uniques et potentiellement bouleversantes pour les postdoctorants.

Un postdoc est un poste temporaire attribué dans le milieu universitaire, l'industrie, une organisation à but non lucratif ou le gouvernement principalement pour acquérir de l'expérience dans la recherche et d'autres activités savantes en vue d'établir une carrière de recherche/boursière indépendante. Les postdocs renforcent la productivité de la recherche des universités et contribuent à l'enseignement et à la formation en recherche des étudiants de premier cycle et des cycles supérieurs dans toutes les disciplines universitaires.

Pourquoi l'aspect temps est-il si crucial pour les postdocs ? Interprété comme une période de vannage pour désherber les érudits ande du milieu universitaire, le postdoc est normalisé comme l'une des périodes les plus productives et les plus importantes d'une trajectoire de carrière universitaire (Müller, 2014). Les contrats ont des dates de début et de fin clairement définies. Les chercheurs postdoctoraux, de par la nature même de leurs contrats et les attentes normatives de leurs postes, doivent se concentrer sur l'accumulation d'un capital académique maximal par unité de temps (Müller, 2014). Cela est particulièrement vrai étant donné que la plupart des agences et institutions de financement au Canada ont maintenant adopté 3 à 5 ans (selon la discipline) après l'obtention d'un doctorat comme durée maximale pendant laquelle une personne peut occuper un poste postdoctoral. Ainsi, les retards des expériences de laboratoire et des travaux sur le terrain, les annulations de cours et de conférences d'été, ou leur conversion en événements uniquement virtuels, peuvent avoir des conséquences très réelles et préjudiciables pour les postdoctorants dont les perspectives de carrière dépendent largement de la collecte de données, de la production de la recherche, de l'expérience d'enseignement et le développement de contacts professionnels sous des contraintes de temps très réelles.

Notre récent sondage auprès de 220 postdoctorants canadiens confirme l'importance des interruptions liées à la pandémie (CAPS, 2020). Par exemple, 77 % des répondants ont dû annuler des plans de voyage pour des conférences, des réunions et des visites de laboratoire (Figure 1A), 37 % notent que leur poste actuel a été ou pourrait être impacté (Figure 1B), et 31 % ont eu ou s'attendent à perturbations dans leur recherche d'emploi (figure 1C).

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La nature concurrentielle du milieu universitaire, associée aux objectifs professionnels des individus et aux attentes systémiques de productivité intense, signifie que les postdoctorants ne veulent pas ou ne peuvent pas ralentir. Les postdoctorants craignent les impacts à long terme sur leur carrière, et avec raison, puisqu'ils occupent une position particulièrement vulnérable dans la trajectoire de carrière du corps professoral, de sorte que la pandémie de COVID-19 est susceptible de changer la carrière de nombre d'entre eux. Les données de notre enquête ont indiqué que si 47 % des répondants postdoctoraux sont capables de travailler à distance et que 35 % ont pu s'adapter au travail à distance, 16 % des répondants sont incapables d'adapter leur travail à la maison et 2 % ne peuvent pas du tout travailler à distance ( Figure 2).

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La COVID-19 a des impacts professionnels et personnels sur les postdoctorants. Plus de 70 % des répondants ont classé leurs activités de recherche comme « affectées » à « très affectées » par la pandémie (Figure 3). Les préoccupations comprennent : les perturbations des projets de recherche en cours et les coûts de reprise des projets interrompus à l'avenir ; les difficultés d'accès aux laboratoires et aux données en réseau local ; et renoncer au financement des voyages. Les post-doctorants rencontrent également des difficultés d'enseignement, telles que la conversion rapide de cours conçus pour l'enseignement en classe en cours en ligne. En plus de ces défis professionnels, les postdoctorants doivent gérer l'isolement social et jongler avec plusieurs rôles à la maison - y compris fournir une main-d'œuvre de soins 24 heures sur 7, 2020 jours sur 2016, tout en continuant à assumer des responsabilités professionnelles pour certains. Enfin, l'accès aux services de santé mentale est toujours essentiel pour les postdoctorants (Van Bentham et al., XNUMX) et problématique en raison des avantages variables fournis par l'employeur (Jadavji et al., XNUMX), de sorte que la pandémie peut exacerber les défis liés au bien-être.

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La variation du statut de postdoc complique davantage l'accès aux avantages essentiels pendant la pandémie. Selon la source de financement postdoctoral et les politiques en place dans l'établissement où un postdoc occupe son poste, un postdoc peut être classé de différentes manières comme « étudiant », « stagiaire », « employé », « chercheur invité » ou autre (Sparling , 2019). L'admissibilité aux prestations est généralement déterminée par le statut. À l'heure actuelle, de nombreux postdoctorants qui n'ont pas le statut d'employé (p. ex., ceux financés par des organismes de financement externes) ne sont pas admissibles à l'assurance-emploi. Bon nombre de ces postdoctorants seront admissibles à l'autre programme d'aide financière clé du gouvernement fédéral pour aider les travailleurs canadiens à surmonter la pandémie - la Prestation canadienne d'intervention d'urgence (CERB). Cependant, les nouveaux postdocs qui n'ont pas encore gagné le revenu minimum de 5,000 XNUMX $ ne seront pas admissibles au CERB.

Les talents postdoctoraux du Canada viennent du monde entier, et la pandémie aggrave les problèmes liés à la mosaïque existante de politiques d'immigration pour les postdoctorants, allant des politiques institutionnelles et des agences de financement à la variabilité des exigences et des règles fédérales en matière de permis de travail (Sparling, 2018). Par exemple, en tant que travailleurs étrangers, les postdoctorants internationaux doivent quitter le Canada à la fin de leur stage ou risquent d'être « illégaux » dans ce pays. Les strictes restrictions de voyage à l'intérieur du Canada et à l'étranger en vigueur à l'heure actuelle rendent ce processus difficile et potentiellement dangereux, voire impossible. Même si les postdoctorants internationaux dont les postes se terminent pendant la pandémie parviennent à rester au Canada, les options de travail sont limitées en raison du ralentissement général de l'économie et de la nature fermée de leurs permis de travail. Sans poste, de nombreux postdocs internationaux se retrouveront, eux et leurs familles, sans assurance maladie et dentaire, et comme leurs numéros d'assurance sociale temporaires expirent avec leurs contrats, ces postdocs ne sont pas éligibles au CERB.

Les défis auxquels sont confrontés les postdoctorants au Canada ont été gravement exacerbés par la pandémie de COVID-19 et ces défis doivent maintenant être relevés, sinon nous risquons de perdre une cohorte entière de chercheurs postdoctoraux.

À court terme, l'Association canadienne des chercheurs postdoctoraux (CAPS) recommande :

  • Prolongation rémunérée des bourses, y compris l'accès aux installations universitaires, pour une période au moins équivalente à la durée des fermetures d'universités, d'écoles et de garderies;
  • Continuité des prestations pendant la pandémie et prolongation de la bourse ;
  • Prolongation gratuite et automatique des visas pour les post-doctorants internationaux ;
  • Prolongation des délais d'utilisation des financements destinés aux travaux de terrain, conférences ou autres travaux savants pour une durée au moins équivalente à celle de l'interruption des travaux ;
  • Diffusion claire et opportune des politiques COVID-19 aux postdoctorants des agences de financement, des établissements d'enseignement supérieur et des syndicats postdoctoraux ;
  • Adaptation appropriée aux attentes professionnelles compte tenu de la situation particulière des postdoctorants individuels ;
  • Un soutien adéquat aux options de télétravail à domicile pour les postdoctorants, y compris des outils technologiques appropriés.

À plus long terme, CAPS demande aux établissements d'enseignement supérieur et aux organismes de financement de remédier à la variance du statut de postdoc entre les disciplines, les établissements et les lieux au Canada en accordant aux postdocs le statut d'employé. Non seulement cela contribuera à atténuer les défis auxquels sont confrontés les postdoctorants en temps de crise, mais cela garantira également une rémunération et des avantages adéquats pour tous les postdoctorants en dehors des périodes de crise. Enfin, CAPS implore les futurs employeurs des postdocs d'aujourd'hui d'être compatissants en revoyant cette période particulière sur nos CV où notre productivité peut apparaître significativement plus faible que d'habitude.

À l'échelle nationale, des universitaires, des établissements d'enseignement supérieur, des organismes de financement, des syndicats et des gouvernements ont réagi à la crise actuelle avec une rapidité, une créativité et une collaboration sans précédent. Nous exhortons ces intervenants à répondre aux besoins particuliers des postdoctorants canadiens dans leurs réponses immédiates et durables à la pandémie de COVID-19.

La Canadian Association of Postdoctoral Scholars / l'Association Canadienne des Stagiaires Postdoctoraux vise à améliorer la vie, la formation et l'expérience de travail de tous les postdoctorants canadiens - y compris les postdoctorants internationaux travaillant au Canada et les postdoctorants canadiens travaillant à l'étranger. La vision qui guide ce mandat est celle d'une communauté forte dans laquelle tous les postdoctorants canadiens reçoivent une rémunération, des avantages, des droits, des privilèges et des protections justes et raisonnables, ainsi qu'un réseau social de soutien et un soutien, une formation et des opportunités de développement de carrière efficaces. . Trouvez-nous sur LinkedIn.

Références:

CASQUETTES. (2020). Résultats du sondage sur la COVID-19 et l'expérience postdoctorale canadienne. Canadian Association of Postdoctoral Scholars-L'Association Canadienne de Stagiaires Post-doctoraux. [en préparation].

Jadavji NM, Adi MN, Corkery TC, Inoue J, Van Benthem, K. (2016). Le rapport de l'Enquête nationale postdoctorale canadienne de 2016. Canadian Association of Postdoctoral Scholars-L'Association Canadienne de Stagiaires Post-doctoraux. Disponible à http://www.caps-acsp.ca/wp-content/uploads/2016/11/2016_CAPS-ACSP-National_Postdoc_Survey_Report.pdf

Muller, Ruth. (2014). « Courir pour quoi ? Anticipation et accélération dans les pratiques de travail et de carrière des post-doctorants universitaires en sciences de la vie. 15 (3). doi : 10.17169/fqs-15.3.2245.

En ligneSparling, J. (2018). "Rapport sur l'immigration postdoctorale canadienne 2018." Canadian Association of Postdoctoral Scholars-L'Association Canadienne de Stagiaires Post-doctoraux.

Disponible à http://www.caps-acsp.ca/en/caps-acsp-2018-canadian-postdoctoral-immigration-report-submission-to-ircc/

En ligneSparling, J. (2019). "Mémoire prébudgétaire 2019 : Investir dans le système de formation postdoctorale du Canada ». Canadian Association of Postdoctoral Scholars-L'Association Canadienne de Stagiaires Post-doctoraux. Disponible à http://www.caps-acsp.ca/en/caps-acsp-2019-pre-budget-brief-investing-in-canadas-postdoctoral-training-system/

Van Benthem, Kathleen, Christopher Corkery, Jiro Inoue, Mohamed Adi et Nafisa Jadavji. (2020). "L'évolution du postdoc et les principaux prédicteurs de la satisfaction à l'égard de la formation professionnelle."  Études en enseignement supérieur et postdoctoral avant l'impression. doi : 10.1108/SGPE-06-2019-0055.