Lutter contre les préjugés dans le financement de la recherche au Canada
Auteur:
Holly Witteman

Lors de la dernière ronde d'un important concours de financement des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), les candidates à mi-carrière et seniors n'avaient que la moitié du taux de réussite de leurs pairs masculins. Huit pour cent (8 %) des candidates de ce groupe ont reçu du financement, comparativement à 16 % des candidats de sexe masculin. Ces taux se sont produits dans le cadre du Programme de base des IRSC 2015-2016, la deuxième ronde d'un nouveau programme conçu pour financer « des personnes, pas des projets », et qui devait consommer environ 45 % du budget des subventions de fonctionnement ouvertes des IRSC. Les disparités aussi s'est produit au premier tour de cette compétition. Les données disponibles des IRSC suggèrent que l'écart se produit à l'étape 1 d'évaluation, dans laquelle 75% de la note porte sur le chercheur et ses antécédents.
Pendant ce temps, dans le programme de projets des IRSC - l'équivalent « des projets, pas des personnes » du programme Fondation - les candidats masculins et féminins avaient des taux de réussite à peu près équivalents à travers les étapes de carrière. Les subventions accordées dans le cadre du Foundation Scheme sont généralement plus longues avec des budgets annuels plus élevés que celles du Project Scheme, ce qui signifie qu'à une époque de des taux de financement historiquement bas pour la recherche en santé, ces déséquilibres dans les taux de réussite ont des impacts particulièrement importants sur la quantité de recherche que les chercheuses en santé sont capables de faire. Les chercheuses qui sont des femmes peuvent être plus susceptibles de se concentrer sur des sujets liés à la santé des femmes, ce qui signifie que cela a des implications bien au-delà de la carrière des chercheuses elles-mêmes.
D'autres programmes de financement de la recherche dont les processus d'examen mettent l'accent sur la réputation du candidat présentent des déséquilibres similaires ou pires. Les bourses d'études supérieures du Canada Vanier sont attribuées aux étudiants au doctorat; Les bourses postdoctorales Banting sont attribuées à ceux qui suivent une formation complémentaire après un doctorat. Les deux programmes accordent plus de financement et sont plus prestigieux que les autres bourses fédérales de doctorat et de postdoctorat. Les deux programmes ont également eu des taux de réussite constants environ 3 % de moins pour les candidates que pour les candidats masculins sur les 5 dernières années dans un contexte de réussite globale autour de 15 %. Le prestigieux programme des Chaires de recherche du Canada, qui finance en tout ou en partie les salaires des boursiers, continue de sous-représenter les femmes, les peuples autochtones, les personnes membres de minorités visibles et les personnes handicapées. Le plus prestigieux Chaires canadiennes d'excellence en recherche Le programme, qui accorde 10 millions de dollars à chaque titulaire de chaire, compte actuellement 26 titulaires de chaire qui sont des hommes (96 %) et une seule femme (4 %).
Prises ensemble, ces données suggèrent que même si les femmes au Canada proposent des recherches jugées tout aussi excellentes que celles des hommes, les chercheuses sont moins susceptibles d'être perçues comme des chefs de file dans leur domaine. Les preuves ont montré que de nombreux universitaires de tous genres ont des préjugés implicites contre les femmes. Les étudiants ont mieux noté les mêmes instructeurs en ligne quand ils croyaient que leur instructeur était un homme, lettres de recommendation sont considérés à plusieurs reprises montré pour être sexué, la majorité des professeurs d'un établissement sont implicitement associés noms d'hommes avec leadership et noms de femmes avec soutien, les hommes scientifiques implicitement science associée aux hommes, les femmes et les universitaires noirs sont sous-représentés dans les domaines besoin de brillance, et les scientifiques masculins et féminins ont jugé que les candidats masculins à un poste de directeur de laboratoire étaient plus compétent et embauchable. C'est peut-être pour cette raison que les résumés de conférences dirigés par des femmes ont été acceptés plus souvent lorsque les critiques ne savent pas qui sont les auteurs, les journaux dirigés par des femmes sont cité moins souvent, même lorsque les femmes publient en revues à plus fort impact que les hommes, et les femmes peuvent être invitées à prendre la parole lors de conférences moins souvent. Moins de données sont disponibles sur les autres dimensions de l'équité, mais étant donné découvertes dans d'autres contextes, il est plausible que les préjugés affectent également les niveaux de financement des chercheurs au Canada qui sont autochtones, qui sont membres d'une minorité visible ou qui ont un handicap. Les chercheurs qui sont membres de plus d'un groupe sous-représenté (par exemple, les femmes de couleur ou les chercheurs autochtones handicapés) peuvent être particulièrement désavantagés.
Lorsque les préjugés influencent les résultats d'un programme de financement, nous ne finançons pas la meilleure recherche. Cela doit être rectifié pour l'avenir de la recherche au Canada. Compte tenu des obstacles à l'avancement des femmes et des membres d'autres groupes sous-représentés dans académie, il est particulièrement urgent de corriger les grandes lacunes dont souffrent actuellement les programmes de recherche canadiens les plus prestigieux.
5 étapes pour atteindre l'équité dans le financement fédéral
1. Mesurer et rapporter les dimensions de l'équité
La seule dimension d'équité régulièrement déclarée par les organismes des trois Conseils est le sexe (masculin, féminin ou non déclaré) du candidat principal désigné. Tous les programmes financés par le gouvernement fédéral devraient recueillir des données sur le sexe (homme, femme ou autre), l'âge, le stade de carrière (mesuré par le nombre d'années de nomination) et si le candidat s'identifie ou non comme une personne autochtone, un membre d'un groupe visible groupe minoritaire ou une personne handicapée. Les données agrégées et non identifiantes devraient être communiquées de manière transparente et rapide afin que les Canadiens sachent si la recherche financée par l'État est équitable ou non.
2. Réfléchir à la conception du programme
Lorsqu'un programme montre des déséquilibres dans la distribution des récompenses selon une ou plusieurs dimensions d'équité, plutôt que de se demander : " Qu'est-ce qui ne va pas avec les profils des candidats pour qu'ils ne reçoivent pas ces récompenses prestigieuses ?" la direction de l'agence de financement devrait se demander : « Qu'est-ce qui ne va pas avec ce programme, si bien qu'un groupe particulier n'est pas mieux représenté parmi les lauréats ? » Des critères tels que le leadership, qui représente 25 % de la note de l'évaluation de l'étape 1 du Programme de base des IRSC, mettent en évidence la partialité. Par exemple, le fait que les femmes reçoivent moins d'opportunités de leadership et sont moins susceptibles d'être perçues comme des leaders entrave nécessairement le succès des femmes selon une telle métrique.
3. Égalisation automatique
Pour les programmes qui accordent un financement en partie sur la base des évaluations du chercheur, la partie de l'évaluation axée sur l'individu devrait être automatiquement égalisée. Par exemple, pour le programme Fondation des IRSC, si 32 % des candidats en milieu de carrière à l'étape 1 sont des femmes, alors 32 % des candidats en milieu de carrière acceptés à l'étape 2 devraient être des femmes. La péréquation automatique à l'étape 1 — une étape à laquelle aucun financement n'est alloué — est une politique sensée et à faible risque. Une telle politique uniformiserait simplement les règles du jeu en permettant à des proportions équitables de candidats de faire évaluer leur projet de recherche.
4. Former les examinateurs
Tous les examinateurs devraient être tenus de suivre une formation anti-préjugés qui traite des préjugés implicites et explicites contre les femmes, les peuples autochtones, les membres des minorités visibles et les personnes handicapées. La formation doit être fondée sur des données probantes et doit également être évaluée pour évaluer son efficacité et son efficacité.
5. Équité des récompenses
Enfin, la politique fédérale de financement devrait récompenser l'équité de la part des programmes et des établissements. Récompenser l'équité dans les programmes impliquerait simplement d'allouer une plus grande proportion de fonds à des programmes dont l'équité a été démontrée. Cependant, bon nombre des déséquilibres actuels ne sont pas enracinés dans les programmes des organismes de financement fédéraux, mais plutôt dans les institutions. Les établissements déterminent qui nommer pour des bourses d'études, des bourses et des chaires prestigieuses. Les organismes et programmes de financement fédéraux ont le pouvoir de modifier le comportement institutionnel. Par exemple, l'attribution des chaires de recherche du Canada est actuellement déterminée par un formule repose en grande partie sur le montant du financement que les chercheurs d'un établissement donné reçoivent des organismes des trois Conseils. Si cette formule incluait des points supplémentaires pour les objectifs d'équité, les établissements s'efforceraient rapidement d'atteindre ces objectifs. Par exemple, des points supplémentaires pourraient être attribués pour des actions telles que devenir signataires et recevoir des récompenses de chartes pertinentes (par exemple, une charte d'équité entre les sexes telle que la Charte Athena SWAN, une charte d'équité des universitaires autochtones, une équité raciale charte, une charte d'équité des universitaires handicapés), répondant aux appels à l'action pertinents du Commission vérité et réconciliation (ce qui peut inclure la mise en œuvre Appels à l'action 7, 16, 22, 24, 28 et autres, et jouer un rôle dans 11, 62ii, et autres) et contribuer de manière adéquate au résultat tout à fait réalisable objectifs d'équité établi par le programme des Chaires de recherche du Canada.
Le financement peut être équitable
Nous devons avoir le courage de mettre en œuvre des mesures vers l'équité. Non seulement parce que nous sommes en 2016, mais aussi parce qu'il est essentiel de garantir que nous finançons la meilleure recherche et que nous servons ainsi les Canadiens.