Montage de la boucle cinématographique dans la politique scientifique du Canada et l'écosystème de financement de la recherche

Auteurs):

Paul Dufour

Institut des sciences, de la société et des politiques publiques, Université d'Ottawa

Senior Fellow

Paul Dufour
Clause de non-responsabilité : La version française de cet éditorial a été auto-traduite et n’a pas été approuvée par l’auteur.

Lors d'une récente entrevue, l'actuel ministre fédéral de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique, a souligné que l'investissement dans la science n'est pas une photo, mais plutôt un film. Mais pour ceux d'entre nous qui ont regardé ce film au fil des ans, le film semble coincé dans une boucle. Et la fin reste décevante.

Dans son entretien avec Le devoir, le ministre a également été invité à commenter le rapport du groupe consultatif - nommé par lui et le ministre de la Santé - examinant le système fédéral de soutien à la recherche dans le pays (le mandat ne couvrait que la communauté universitaire - laboratoires et instituts de recherche fédéraux c'est une autre affaire). Le ministre a poursuivi en soulignant que le gouvernement continuerait à investir dans la science comme il l'a fait depuis 2016, et il a ajouté : "le passé est une indication de ce que l'avenir nous réserve".

Bon à savoir.

Pendant ce temps, la rhétorique du passé n'a pas encore rattrapé la réalité d'aujourd'hui.

De nombreux rapports de groupes et de comités consultatifs ont mis en évidence le besoin urgent d'investir dans notre jeune génération de travailleurs du savoir et de chercheurs dans les établissements universitaires du pays afin d'éviter une autre fuite des cerveaux, sans parler des coûts de l'inflation pour les étudiants en recherche qui tentent de Joindre les deux bouts. La marche Soutenons notre science à travers le pays qui a eu lieu le 1er mai 2023 n'était que la dernière tentative des talents de la prochaine génération d'inciter à l'action pour relever correctement les défis financiers auxquels est confronté le vivier de talents essentiel du pays. 

Il y a plus. Le Comité permanent des sciences et de la recherche de la Chambre des communes s'attaque également à cette question en organisant des audiences sur le sujet. Et dans son précédent rapport d'octobre 2022 sur les meilleurs talents, la commission parlementaire a présenté un certain nombre de recommandations axées sur le processus d'immigration des meilleurs talents; le niveau de vie des étudiants ; les défis auxquels sont confrontés les chercheurs en début de carrière; équité, diversité et inclusion; retenir les talents dans les régions; et le rôle des établissements d'enseignement collégial.

Ses treize recommandations en comprenaient quelques-unes clés qui devraient être adoptées par le gouvernement; notamment que le gouvernement du Canada révise et augmente ses investissements dans la recherche fondamentale en augmentant les budgets des trois conseils subventionnaires fédéraux. (Les bailleurs de fonds provinciaux n'étaient pas à l'ordre du jour). 

 

D'autres recommandations de ce comité demandaient au gouvernement d'augmenter le nombre de bourses d'études et de bourses accordées aux étudiants diplômés et aux chercheurs postdoctoraux, ainsi que d'augmenter leur valeur de 25 % pour refléter les augmentations du coût de la vie depuis leur dernier ajustement en 2003 et d'indexer le montant à l'indice des prix à la consommation. 

En outre, le rapport souligne que le gouvernement devrait envisager d'autres mécanismes de rémunération pour les étudiants afin d'attirer et de retenir les meilleurs talents, tels que la couverture des frais de scolarité et l'augmentation des possibilités d'emploi pour les étudiants internationaux titulaires d'un visa étudiant et les étudiants bénéficiant de bourses fédérales. Il convient de noter en particulier que le comité de la Chambre a suggéré que le gouvernement modifie les lois sur les conseils subventionnaires : d'inclure des représentants étudiants au sein des conseils d'administration de ces trois établissements, et que le gouvernement du Canada élabore un nouveau programme de financement de la recherche spécifiquement pour les chercheurs en début de carrière administré par les conseils subventionnaires.

Mais ensuite, le budget de mars 2023 est arrivé et peu de choses – à part quelques fonds nécessaires pour les collèges, les cégeps et les instituts de formation professionnelle – ont été mises en œuvre. Dans une rare déclaration envoyée par la suite au premier ministre et à tous les chefs des partis d'opposition, le président sortant d'Universités Canada, M. Paul Davidson, a soulevé une voix de plaidoyer soulignant la profonde déception du secteur universitaire face au manque d'investissements dans la recherche, l'éducation internationale ou la santé mentale des étudiants. 

La déclaration mentionne également le rapport du groupe consultatif sur le système fédéral de soutien à la recherche présidé par Frédéric Bverger de l'universitéé de Montrééal qui avait été déposé avant le budget. Ce rapport (qui, curieusement, n'a pas de titre), faisait écho à certaines des recommandations précédentes du groupe consultatif David Naylor de 2017 sur le soutien fédéral à la science fondamentale, y compris la nécessité d'augmenter considérablement les investissements fédéraux dans les conseils subventionnaires. Le comité consultatif Bouchard note également que : Ces nouveaux investissements doivent répondre aux pressions résultant de la croissance de l'écosystème de la recherche (augmentation du nombre d'étudiants diplômés et de boursiers postdoctoraux), aux effets de l'inflation et à l'importance de favoriser une recherche compétitive à l'échelle mondiale, y compris la base de talents. Dans un premier temps, le gouvernement devrait s'engager à augmenter d'au moins dix pour cent par an pendant cinq ans les budgets de base totaux des conseils pour leur programme de subventions de base. Le niveau d'investissement supplémentaire requis devrait être déterminé en consultation avec l'organe consultatif proposé sur la base d'une analyse comparative internationale.

Le rapport Bouchard a été largement diffusé lors d'une réunion à Montréal le 10 mai 2023 lors du 90e congrès annuel de l'Acfas. Le comité consultatif a formulé d'autres recommandations, toutes dignes d'une attention urgente de la part des décideurs, mais fondamentalement, le problème clé réside dans la fragmentation de l'enveloppe de financement de la recherche et de sa gouvernance. Des recommandations urgentes sont faites pour une nouvelle Fondation canadienne des sciences et du savoir ainsi qu'une stratégie nationale des sciences, de la recherche et de l'innovation afin d'établir une vision et des objectifs communs pour l'écosystème de la recherche et de l'innovation au Canada et d'assurer une plus grande harmonisation entre les acteurs de l'écosystème. 

Si cela ressemble à une musique de film familière, cela devrait être le cas. En 1987, le gouvernement fédéral, ainsi que les gouvernements provinciaux et territoriaux ont signé une Politique nationale des sciences et de la technologie : la toute première – et malheureusement, la dernière stratégie nationale de ce genre. En effet, cet exercice, à la suite de vastes consultations à travers le pays avec de nombreux intervenants, mènerait éventuellement à un sommet national présidé par le premier ministre de l'époque, menant à la création d'un conseil des ministres des sciences et de la technologie dans toutes les juridictions et aligné sur une série de consultations réunions par l'intermédiaire d'un forum national des conseils consultatifs sur la science et la technologie. 

Un ancien ministre fédéral de la science et de la technologie a bien résumé la stratégie nationale de 1987 : «Si les nations européennes ont jugé nécessaire d'unir leurs efforts afin d'utiliser la S & T pour maintenir la prospérité, il semble que nos dix provinces et territoires, et un gouvernement fédéral doivent également voir la nécessité d'unir leurs efforts. Pourquoi le Canada ne devrait-il pas être en mesure d'égaler les efforts des meilleurs?

Trois décennies plus tard, de nombreuses études, analyses, témoignages, rapports, débrayages et manifestations continuent de faire la lumière sur les problèmes financiers et la faiblesse structurelle et de leadership associée en ce qui concerne l'investissement dans de nouvelles connaissances, le développement des compétences et la recherche novatrice. 

Cependant, il reste une omission clé dans ce scénario de film. En fin de compte, alors que de nouvelles organisations et de nouveaux programmes ont été et sont toujours proposés, les conditions du succès résideront en fin de compte dans un leadership indispensable et une vision partagée reconnaissant la nécessité de soutenir les talents de la prochaine génération comme la clé d'un avenir résilient et futur. société orientée. 

Heureusement, il y a des graines plantées pour y arriver qui peuvent aider à éditer le film avec une fin plus satisfaisante. L'un est la concurrence mondiale pour les talents et l'expérimentation croissante de nouveaux modèles de gouvernance et de financement pour la concurrence dans les domaines de la science, de la connaissance et de l'innovation à travers le monde. Il y a beaucoup à dire sur l'expérimentation de nouvelles politiques et stratégies, l'établissement de partenariats et l'apprentissage des autres. 

Une autre tendance est l'intérêt croissant d'une nouvelle cohorte de jeunes talents avertis en affaires et en recherche, sans parler d'une école politiquement militante de conseils de politique scientifique de la prochaine génération. Aujourd'hui, une cohorte de la prochaine génération assoiffée de connaissances saisit le moment pour sonner l'alarme sur le manque de réponses politiques sérieuses aux demandes de soutien accru dans l'ensemble de l'écosystème de la recherche et du savoir. Par exemple, un groupe de politique scientifique nouvellement formé réunit des jeunes et des organisations de défense des sciences pour faire pression en faveur du changement, tout en articulant une nouvelle vision pour la culture scientifique du Canada. En effet, une évaluation récente du Conseil jeunesse du conseiller scientifique en chef offre plusieurs perspectives et suggestions d'actions pour relever ces défis émergents, et le scientifique en chef du Québec dispose d'un comité étudiant intersectoriel statutaire commun aux conseils d'administration des Fonds de recherche du Québec (FRQ ) qui a produit plusieurs rapports publics sur les questions émergentes qui façonnent la recherche.

Il est utile que nos élus de tout le pays et de tous les partis accordent un peu plus d'attention à ces problèmes critiques où la science, des connaissances solides et la recherche avec un fort engagement des citoyens ont activement montré comment aider à faire face aux crises et aux défis - qu'il s'agisse de pandémies, le climat, les problèmes de santé et d'autres urgences, ainsi que l'avancement des connaissances pour le développement social, environnemental et économique futur. Mais n'est-il pas temps d'agir et de soutenir le "cri d'alarme" soulevé par le rapport Bouchard, les groupes jeunesse science et STEM ainsi que les audiences et rapports du Comité parlementaire sur la science et la recherche, entre autres ? Tout cela mérite une mise en œuvre nationale et urgente avec un leadership fort et une vision lucide pour assurer l'avenir de nos sociétés grâce à des connaissances et des recherches solides avec et pour nos citoyens.