Optimiser la valeur et l'efficacité de la recherche fondamentale au Canada

Auteur:

Lorne A. Babiuk

Babiuk
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Le lancement de la Examen des sciences fondamentales du gouvernement du Canada envoie un message important aux Albertains et aux Canadiens : la science fondamentale axée sur la découverte est un élément essentiel du paysage de la recherche au Canada. En faisant avancer ce discours public, le gouvernement franchit une étape importante vers le renforcement d'une culture scientifique riche où la curiosité et la découverte dans tous les secteurs de la société sont encouragées et favorisées.

Le moment de cet examen est critique. Nous sommes à un moment où d'autres pays reconnaissent de plus en plus le rôle central que joue la recherche fondamentale menée par les universités dans leur capacité d'innover. Le classement de l'intensité des dépenses d'enseignement supérieur pour le développement de la R&D (DIRDES) du Canada a chuté de manière significative, passant de la troisième place en 2006 à la septième place en 2014, alors que d'autres pays dépassent le Canada en matière d'investissements dans leurs fondations scientifiques et de recherche. 1

Une base de recherche fondamentale solide est une composante nécessaire de tout écosystème d'innovation florissant, mais elle a souvent été reléguée au second plan par rapport à la recherche appliquée, à la fois en termes de reconnaissance et de financement. Bien que les deux soient indispensables et se renforcent mutuellement, la recherche axée sur la découverte axée sur la curiosité doit être encouragée si le Canada veut être reconnu à l'échelle internationale comme un chef de file scientifique avant-gardiste de classe mondiale qui prend des risques et repousse les limites du savoir pour le bien public. Sans recherche de découverte, il y aura très peu à commercialiser à l'avenir. La recherche de découverte stimule l'application.

Bien qu'il existe une myriade d'éléments nécessaires à un système de recherche qui fonctionne bien, j'aimerais souligner quatre mécanismes essentiels pour optimiser la valeur et l'efficacité de la recherche fondamentale au Canada : favoriser les liens avec des collègues internationaux; encourager la multidisciplinarité et la collaboration; la mise en œuvre d'une vue d'ensemble pour englober tous les coûts de la recherche ; et investir dans le potentiel des chercheurs en début de carrière.

La recherche est bien servie lorsque les barrières entre les disciplines et les domaines de recherche sont réduites, ce qui permet un échange fructueux d'idées et de points de vue de personnes possédant une vaste expertise. Une diversité de personnes, d'idées et de ressources inhérente aux projets interdisciplinaires est une composante indispensable de l'excellence en recherche dynamique, encourageant de nouvelles approches aux défis qui répondent aux besoins d'une grande variété de Canadiens. Bien que les organismes subventionnaires de la recherche du Canada aient pris des mesures pour coopérer entre les disciplines, il reste encore beaucoup à faire pour encourager activement la multidisciplinarité et en faire une priorité centrale du système canadien de financement des sciences afin qu'il s'attaque efficacement aux problèmes de société, dont bon nombre ne sont pas propres à une discipline. .

Comme exemple de la valeur de la collaboration interdisciplinaire, l'Université de l'Alberta crée le Future Energy Systems Research Institute (FESRI) grâce à une subvention de 75 millions de dollars du CFREF. Le FESRI intégrera des équipes provinciales, nationales et internationales de recherche sur l'énergie, élargissant les collaborations interdisciplinaires dans des domaines clés - y compris l'ingénierie, les sciences, les sciences sociales, les sciences humaines, les affaires et le droit - tout en abordant la production d'énergie comme un système, plutôt qu'une série de processus discontinus. défis. En travaillant en collaboration entre les disciplines et les établissements, les établissements postsecondaires de l'Alberta adoptent une approche à l'échelle du système pour stimuler l'innovation afin de développer de manière responsable les ressources naturelles du Canada et permettre une transition en douceur vers une économie énergétique à faible émission de carbone.

Afin d'encourager le développement de projets novateurs et multidisciplinaires, le Canada doit adopter une approche globale en matière de financement de la recherche. Comme il est impossible de prédire quand et où des découvertes révolutionnaires et des innovations perturbatrices se produiront, des mesures doivent être prises pour s'assurer que le cycle de vie des projets de recherche est soutenu, notamment : des subventions de base pour la recherche fondamentale, les coûts initiaux d'infrastructure et d'équipement, les besoins opérationnels et d'entretien continus, les coûts administratifs et les salaires du personnel, le financement flexible pour la mise à l'échelle des projets, les coûts associés à la commercialisation et même le démantèlement final d'un projet.

Fournir un environnement de financement sûr en prenant en charge l'intégralité des coûts de la recherche offre aux chercheurs de classe mondiale la flexibilité et la liberté d'effectuer leur meilleur travail, de prendre des risques audacieux et de suivre leurs recherches où qu'elles puissent les mener, augmentant ainsi les chances de résultats de recherche nouveaux et innovants au bénéfice direct de la société. Cela rapportera d'autres dividendes au Canada, car la prochaine génération de chercheurs et de scientifiques sera formée pour mener des recherches d'une manière tout aussi audacieuse et motivée par la curiosité. Bien qu'il soit important de soutenir nos chercheurs et professeurs hautement qualifiés à toutes les étapes de leur carrière, il est de plus en plus important d'investir dans nos futurs innovateurs - la cohorte talentueuse, énergique et ambitieuse de chercheurs en début de carrière, y compris les étudiants diplômés et les boursiers postdoctoraux. (postdoctorants) – au début de leur carrière de chercheur et d'enseignant.

L'embauche de chercheurs en début de carrière au Canada a diminué, remplacée par une dépendance excessive à l'égard des nominations à temps partiel. Les nouvelles embauches menant à la permanence pourraient être désavantagées dans un environnement hautement concurrentiel et incertain, en concurrence avec des chercheurs plus établis pour des subventions limitées. Le Canada ne peut pas se permettre de perdre ses talents naissants; davantage peut être fait pour favoriser un environnement favorable permettant aux jeunes chercheurs de s'épanouir et d'atteindre le sommet de leurs domaines respectifs.

À mesure que progresse le dialogue national sur l'importance de la recherche fondamentale axée sur la découverte, j'espère qu'un large éventail de personnes contribueront à cet examen et qu'ensemble, nous pourrons faire en sorte que le Canada devienne plus concurrentiel. Nous attendons avec impatience les résultats de l'Examen des sciences fondamentales du gouvernement du Canada et les mesures qui sont prises pour améliorer la compétitivité mondiale de notre pays.

1 OCDE, Principaux indicateurs de la science et de la technologie, p.63, 2016.