Pourquoi l'organisme fédéral de financement de la recherche proposé comme « pierre angulaire » ne devrait pas devenir une « pierre tombale »
Auteur:
Paul Dufour

Clause de non-responsabilité : La version française de cet éditorial a été auto-traduite et n’a pas été approuvée par l’auteur.
Capstone – utilisé pour terminer un monument ou un bâtiment.
Vous avez probablement entendu parler des divers investissements en science et en recherche prévus dans le budget fédéral annoncé il y a plusieurs semaines. Dans l’ensemble, plusieurs des investissements proposés ont été bien accueillis, notamment ceux liés au talent et aux nouvelles subventions de recherche.
Mais au moins un ensemble d’éléments identifiés dans le budget 2024 semble délibérément flou (ce qui n’est pas inhabituel). Les auteurs du budget ont annoncé la création d’un nouvel organisme de financement de la recherche. De plus, un Conseil consultatif sur la science et l'innovation sera créé pour orienter les priorités de recherche et examinera l'établissement d'une stratégie nationale en matière de science et d'innovation.
Ça a l’air bien ? – peut-être
Cela semble indéfini ?– oui
Cela semble nouveau ?–non
En effet, le concept de synthèse répond essentiellement à une recommandation du rapport réfléchi du comité consultatif sur le système fédéral de soutien à la recherche présidé par Frédéric Bouchard de l'Université de Montréal. Il plaide en faveur d’un nouveau mécanisme de gouvernance – une Fondation canadienne du savoir et de la science – pour favoriser la collaboration à travers le système à l’appui de recherches urgentes, multidisciplinaires et axées sur une mission visant à aider à relever les défis sociaux, technologiques, économiques et de santé urgents. La fondation proposée contribuerait également au continuum des talents grâce à une meilleure coordination des programmes en s'appuyant sur le mandat du Conseil canadien de coordination de la recherche (CCRC), qui serait supprimé, et assumerait l'aspect axé sur la mission du financement de la recherche.
Cette recommandation a une histoire plus longue puisqu'elle a été évoquée en partie avec le vaste comité consultatif Naylor de 2017 sur l'Examen du fondement scientifique du Canada, qui à son tour a été inspiré par les efforts du Comité sénatorial spécial sur la politique scientifique présidé par le sénateur Maurice Lamontagne à la fin des années 60. au début des années 70, lorsque des débats nationaux étaient en cours sur la manière de structurer l'avenir des conseils de recherche.
Le rapport Lamontagne proposait la création d'un Conseil canadien de la recherche pour soutenir la recherche fondamentale dans les universités et institutions similaires dans les domaines des sciences physiques, des sciences de la vie et des sciences sociales et humaines.
Mais pour en revenir au rapport Naylor, le comité a également recommandé la création d'un conseil de coordination officiel pour les trois conseils subventionnaires, présidé par le conseiller scientifique en chef, ainsi que d'un conseil consultatif appelé NACRI (Conseil consultatif national sur la recherche et l'innovation). Et le rapport Bouchard plus récent préconisait également quelque chose dans le même sens, affirmant que : fSuite à la suppression du Conseil des sciences, de la technologie et de l'innovation et au retard dans le lancement du Conseil de la science et de l'innovation (CSI), le Canada se trouve dans une vulnérabilité inquiétante en matière de capacité de conseil stratégique indépendant.
En effet, les candidatures au CSI ont été lancées fin 2018 et le formulaire est toujours accessible sur :
À l’époque, le ministre d’ISDE et le ministre des Sciences et des Sports (aboli depuis) ont décrit le mandat de l’ICS d’alors. Cela permettrait :
- fournir des analyses fondées sur des données probantes et des conseils politiques aux ministres sur des questions complexes qui nécessitent des recherches de base et des consultations/engagement avec des experts, des parties prenantes et/ou la société civile ;
- fournir une « caisse de résonance » aux ministres sur les questions à court terme et/ou urgentes ; et,
- rendre compte publiquement des enjeux liés à la science et à l’innovation qui sont importants pour le gouvernement du Canada et pour les citoyens canadiens.
Cela pourrait encore être adopté comme mandat pour un nouveau CSI, qui pourrait être présidé par le Premier ministre. Cela dit, il n'est pas nécessaire ici d'entrer dans la litanie des expériences passées pour les conseils consultatifs en matière de science et d'innovation dans ce pays (voir le tableau chronologique du rapport Naylor à ce sujet), mais il suffit de dire qu'il y en a eu un bon nombre, dont certaines ont eu un impact. , d'autres moins.
Un aspect plus intéressant de la ligne budgétaire pour un CSI (franchement, le mot « Connaissance » devrait être inclus dans le titre) est l'idée selon laquelle cela contribuerait à l'élaboration d'une politique scientifique et technologique nationale. Notez qu’il n’y a aucune mention des gouvernements provinciaux ou territoriaux et de leur rôle dans l’élaboration d’une telle politique. Ce n’est pas comme si le champ d’action fédéral disposait de tous les leviers en matière de recherche, de technologie et d’innovation.
Les autres niveaux de gouvernement ont leurs propres stratégies, conseils scientifiques et d'innovation, conseillers et régimes de financement, sans parler des divers flux de financement et de politiques qui peuvent façonner l'enseignement primaire et secondaire et l'enseignement supérieur.
Encore une fois, le Canada a connu des tentatives avortées pour créer de telles politiques en matière de STI, mais celles-ci ont tendance à émerger sous la forme de stratégies fédérales – la dernière remontant à 2014 sous le régime Harper. Dans le cadre d'une tentative notable d'adopter une approche pancanadienne, une politique nationale en matière de sciences et de technologie a été signée par tous les niveaux de gouvernement à Vancouver en 1987. (voir le développement de cela dans l'article Dufour-Gingras-Évolution de la politique scientifique et technologique canadienne). Cette initiative, avec ses six principes généraux, était soutenue par une stratégie fédérale intitulée InnovAction. Elle a été suivie d'une conférence des premiers ministres sur les efforts de recherche et de développement du Canada à Toronto, et renforcée par le soutien des réunions annuelles d'un Forum national des conseils consultatifs des sciences et de la technologie ainsi que d'un plan d'action dirigé par un conseil fédéral-provincial-territorial. des ministres de la Science et de la Technologie.
Peut-être que ces expériences passées pourraient être réinventées aujourd’hui pour poser la nouvelle pierre angulaire de la base de recherche que le pays a bâtie, y compris un CS(K)I pleinement fonctionnel et un leadership pancanadien efficace dans la mise en œuvre d’une stratégie véritablement nationale.
On ne voudrait pas voir une autre pierre tombale de notre corps politique STIK.