Pourquoi la gouvernance – et le financement – ​​de l'écosystème de la recherche au Canada ont besoin d'un plan directeur pour le 21e siècle

Publié le: novembre 2022Catégories: Éditoriaux de la conférence 2022, Éditoriaux

Auteurs):

Paul Dufour

Paulicyworks

Directeur

Institut des sciences, de la société et des politiques publiques, Université d'Ottawa

Senior Fellow

Récipiendaire du Prix CSPC pour l'ensemble de ses réalisations

Paul Dufour

Soyons clairs. Le monde va devoir faire quelque chose contre le changement climatique. Alors pourquoi ne pas considérer le Canada comme un chef de file, comme ayant un avantage concurrentiel? Pourquoi ne pas faire du Canada le berceau des technologies les plus récentes, en s'appuyant sur ses points forts et en s'intéressant aux nouvelles tendances en matière d'énergie et de technologies de production? Certains parlent de l'hydrogène
l'économie du 21ème siècle ? Pourquoi ne pas tirer parti de ce que nous avons réalisé dans le domaine des piles à combustible et inventer l'économie de l'hydrogène ici ? Qu'en est-il de la fabrication basée sur des bioprocédés non polluants, des énergies renouvelables – solaire, éolienne, biocarburants, hydroélectriques – développés ici même au Canada ?
C'est le défi de notre génération de construire sur ce qui s'est passé avant, de travailler ensemble dans une cause commune pour faire passer notre nation au niveau supérieur.
(Allan Rock, ministre de l'Industrie, Innovation and Learning Summit, Toronto, 19 novembre 2002)

Le Sommet sur l'innovation et l'apprentissage tenu en novembre 2002 il y a vingt ans à Toronto pour faire avancer les jalons d'une stratégie d'innovation et d'apprentissage vaut peut-être la peine d'être souligné aujourd'hui dans le contexte de plusieurs consultations et examens en cours sur les politiques et les programmes.

En 2002, le gouvernement réagissait à une autre crise un an après le 9 septembre. La mobilisation d'investissements dans les domaines de la science, de la recherche, de la sécurité et de la santé pour relever les divers défis de cette crise a permis de souligner les avantages d'investir dans le pouvoir de la connaissance.

Il y a vingt ans, le ratio DIRD-PIB du Canada était de 1.97, l'un des plus élevés jamais enregistrés. La Stratégie d'innovation du Canada avait un objectif majeur : faire reconnaître le Canada comme l'un des pays les plus innovateurs au monde. Cela signifiait investir dans les personnes, attirer des immigrants hautement qualifiés, investir dans des capitaux et attirer des IDE tout en améliorant les performances globales en matière d'innovation - d'où l'objectif de se classer parmi les cinq premiers pays du monde d'ici 2010 et d'au moins doubler les dépenses publiques en R&D. , ainsi que le développement d'un certain nombre de grappes technologiques reconnues à l'échelle internationale. Le Canada avait déjà commencé à mettre en place des programmes STI uniques et novateurs pour aborder une nouvelle économie mondiale du savoir – la FCI, les chaires de recherche du Canada, Génome Canada, les bourses du millénaire, ne sont que quelques-unes de ces expériences.

Les provinces et territoires se mobilisaient autour de nouveaux investissements en science et en innovation, dont le financement de la recherche universitaire, à la suite d'une importante rencontre des ministres responsables de la recherche, de la science et de la technologie.

Le Canada a également créé un Conseil consultatif de haut niveau sur la science et la technologie (CCST). Alan Rock, dans son discours au sommet de novembre 2002, a signalé les deux mandats qu'il a confiés aux membres du Conseil :

Tout d'abord, pour nous aider à travailler à la création d'un cadre stratégique pour les entreprises de recherche du Canada afin que nous puissions nous entendre sur les objectifs généraux de nos investissements dans la recherche afin que, lorsque nous recevrons des demandes de financement supplémentaires en tant que gouvernement, nous ayons des cadre dans lequel décider quels investissements seraient les plus efficaces pour faire avancer nos objectifs stratégiques.
La deuxième chose que je leur ai demandé de faire était de travailler avec nous pour simplifier et consolider le paysage de la recherche. C'est trop compliqué ? Y a-t-il trop de sources de financement ? Peuvent-ils être consolidés ? Et peut-on faciliter la vie des chercheurs ? – Nos chercheurs passent trop de temps à remplir des formulaires plutôt qu'à développer de nouvelles idées et l'ACST a accepté de
travailler avec nous dans cette tâche. Les universités et les collèges de ce pays sont à l'épicentre de la Stratégie d'innovation. C'est sur ces campus que nous développerons les idées et les processus qui nous permettront de diriger le monde.

En 2002, le Comité permanent de l'industrie, de la science et de la technologie de la Chambre des communes a examiné l'examen par les pairs et l'attribution des fonds de recherche fédéraux, affirmant qu'il fallait un mécanisme plus officiel pour établir et modifier la politique S&T, décider des priorités de financement et s'assurant de leur mise en œuvre. Un tel cadre devait comprendre un organisme consultatif scientifique pangouvernemental et un conseiller scientifique en chef qui relèverait directement du Parlement.

En outre, le Conseil des conseillers scientifiques et technologiques (CSTA) au sein du gouvernement avait publié des lignes directrices acceptées par le Cabinet pour assurer l'utilisation efficace de la science et de la technologie dans la prise de décision gouvernementale. En effet, Santé Canada avait nommé son premier scientifique en chef un an plus tôt.

Si tout cela vous semble quelque peu familier, cela devrait être le cas. Aujourd'hui, les avis scientifiques et l'utilisation de preuves solides sont intégrés dans divers secteurs du gouvernement. Les lettres de mandat adressées à tous les ministres du Cabinet soulignent la nécessité de respecter les scientifiques et de valoriser une science et des preuves solides - rendues d'autant plus essentielles compte tenu du rôle déterminant des connaissances et de la recherche dans la lutte contre la pandémie. Une conseillère scientifique en chef en est maintenant à son deuxième mandat, assistée d'un conseil des jeunes créatif et de plusieurs scientifiques en chef dans les ministères et organismes d'exécution. Un comité consultatif nouvellement nommé explore comment mieux « moderniser l'écosystème fédéral de financement de la recherche afin de maximiser l'impact des investissements dans l'excellence de la recherche et l'innovation en aval ».

Dans le dernier budget fédéral, une proposition d'Agence canadienne pour l'innovation et l'investissement vise à « travailler de manière proactive avec les industries et les entreprises canadiennes nouvelles et établies pour les aider à faire les investissements dont elles ont besoin pour innover, croître, créer des emplois et être compétitives dans l'économie mondiale en évolution ». ”. Le Conseil national de recherches pourrait clairement s'engager dans un rôle aussi proactif à mesure que le débat pour la mise en œuvre de cette nouvelle expérience évolue.

L'approche STI internationale quelque peu décousue du Canada pour renforcer des partenariats mondiaux plus efficaces a besoin d'un redémarrage, non seulement avec les partenaires habituels du G7, mais aussi pour s'attaquer aux ODD et aux changements climatiques avec les pays du Sud. De plus, une stratégie indo-pacifique est en cours d'élaboration qui créera un nouveau pivot pour notre connaissance mondiale et notre présence diplomatique. Un groupe d'experts du CCA explore actuellement les options autour de certaines des bonnes pratiques à l'échelle mondiale dans ce domaine.

Nous avons encore d'autres lacunes. Il n'y a pas de poste permanent pour un conseiller scientifique en chef niché au Parlement, ni de conseil consultatif pancanadien pour aider le travail du bureau. Mais peut-être que le gouvernement agira pour mettre en œuvre certaines des principales recommandations connexes des deux récents rapports sur le talent et l'innovation du Comité permanent des sciences et de la recherche de la Chambre des communes.

Mettre en place des actions politiques cohérentes et une vision solide à l'appui de la science, de la technologie et de l'innovation avec tous les Canadiens n'a toujours pas été une tâche facile dans la fédération. Cela fait un certain temps que le Canada n'a pas eu de stratégie conjointe en matière de science et d'innovation. En effet, le Canada a eu plus que sa part d'études, d'examens et de consultations sur sa propre approche de la recherche et de l'innovation. Il n'a pas d'écologie organisationnelle bien conçue. La durabilité reste insaisissable. il souffre de CPA – attention partielle continue. L'urgence est rarement un moteur. Et, pour être clair, les engagements de nouveaux financements n'ont pas toujours été suivis d'une véritable mise en œuvre.

Certes, il se passe de bonnes choses. Il a juste besoin de conseils, de vision et de leadership à tous les niveaux. Une capacité de prévision serait utile, comme l'a démontré le Sommet sur l'innovation et l'apprentissage il y a deux décennies. Et en parlant de compétences et d'apprentissage, le Canada possède un bassin de talents inégalé avec une prochaine génération émergente d'étoiles qui nécessite plus de soutien à tous les niveaux. Un récent rapport du Conseil des jeunes conseillant le conseiller scientifique en chef décrit certaines mesures à prendre pour renforcer les talents de la prochaine génération qui sont plus ouverts, inclusifs, collaboratifs, interdisciplinaires et réfléchis. L'encouragement des compétences STEM et le renforcement de l'enseignement et de l'enseignement des sciences de la maternelle à la 12e année pour guider de nouvelles carrières et opportunités seront une condition sine qua non pour aider à faire face aux défis émergents de la prochaine normalité.

Dans l'ensemble, une approche d'innovation stratégique et axée sur la mission pourrait clairement contribuer à une grande partie de cela dans le cadre d'un plan réinventé pour le 21e siècle. Le climat, la Covid, les catastrophes, les conflits et d'autres crises nécessiteront tous des investissements sérieux et une collaboration bien articulée au sein de l'ensemble de l'écosystème de connaissances et de recherche du Canada pour aider à résoudre les problèmes épineux de notre époque et ceux qui se profilent à l'horizon.

N'est-il pas temps de s'attaquer à ces nouveaux défis et opportunités ? Le pays peut-il faire preuve d'un leadership national et mondial indispensable auprès de tous les secteurs de notre société et de notre économie, du genre pour lequel le Canada était connu dans le passé?

Juste dire….