Pourquoi la vision est importante ; ou comment diriger en science

Publié le: octobre 2016Catégories: Opinions en vedette 2016 : Réflexions, Éditoriaux

Auteurs):

Paul Dufour

ISSP, Université d'Ottawa

Fellow et professeur associé

Portrait de Paul Dufour

À l'approche de son premier anniversaire au pouvoir, l'administration Trudeau fait face à de nombreuses consultations et défis. Cette voie à suivre est incertaine, même pour ce gouvernement majoritaire.

Dans le domaine de la science, de la technologie et de l'innovation, beaucoup de choses sont en cours. Après tout, c'est un gouvernement qui a promis de « valoriser la science et de traiter les scientifiques avec respect » après l'ère antédiluvienne de Harper. Les premiers jours au pouvoir du régime Trudeau, deux ministres ont déclaré que les scientifiques du gouvernement pouvaient désormais parler aux médias sans filtres encombrants ; bien que cela ait été appliqué à tous les niveaux avec de nouvelles directives reste incertain. Le formulaire détaillé de recensement a été rétabli avec un taux de retour élevé, bien que le statisticien en chef ait depuis démissionné en faisant valoir que les tentatives maladroites de Services partagés Canada de centraliser tous les services de technologie de l'information dans l'ensemble du gouvernement ont compromis la capacité de Statistique Canada à remplir son mandat. Le financement de la recherche a été stimulé dans le premier budget et certains des programmes Harper (CFREF par exemple) ont été suivis d'annonces; mais les changements apportés au processus d'examen par les pairs des IRSC ont mené à une importante controverse au sein d'éléments de la communauté de la recherche en santé exigeant que le ministre de la Santé intervienne (jamais une chose saine). La principale institution de recherche publique du Canada, le CNRC, qui célèbre son centenaire, a fait remplacer un président controversé par un réparateur de l'intérieur de la bureaucratie, vraisemblablement pour aider à résoudre les problèmes au temple. Et l'annonce par le gouvernement de 11 nouveaux CERC pour un nouveau concours pour tenter une fois de plus de combler l'écart d'équité entre les sexes a été lancée - cette fois avec émotion.

Bref, les choses ont peut-être semblé plus ensoleillées, mais quelques nuages ​​ont plané sur le paysage de la connaissance.

En cours de route, la ministre des Sciences a eu ses propres problèmes de mandat à régler. Un directeur scientifique (faites ce scientifique) doit être nommé avec un rôle encore indéfini et un examen scientifique fondamental est en cours avec un groupe consultatif de haut niveau. Un programme d'innovation vague est en train d'être promulgué par le ministre principal responsable des sciences et de l'innovation (il est toujours utile de se rappeler ce que le premier ministre des sciences du Canada a déclaré en 1971 : « en tant que politiciens, nous avons la responsabilité majeure d'expliquer ce qu'est l'innovation aux autres politiciens et à nos électeurs. »)

Un exercice axé sur les données pour éclairer ce programme est en bonne voie avec le travail du Conseil des académies canadiennes ainsi qu'au sein de l'organe consultatif confidentiel hérité du gouvernement précédent. L'équité entre les sexes et une plus grande participation avec la prochaine génération de talents entrepreneuriaux sont un élément clé de ces plates-formes politiques, sans parler des tentatives renouvelées d'intégrer les connaissances et l'éducation traditionnelles au sein de l'écosystème STI du pays. Et la refonte de l'image du Canada en tant qu'acteur clé de la science et de l'innovation mondiales demeure primordiale, en particulier en ce qui concerne l'énergie propre et l'excellence en recherche dans des domaines clés. Tout cela a apporté une certaine bonne volonté de la part de la communauté des chercheurs et des entrepreneurs, en partie démontrée par le nombre énorme de soumissions fournies lors des consultations, à la fois traditionnelles et via les médias sociaux.

Mais... est-ce que ça va durer. Cela dépend bien sûr du leadership. Comme Trudeau lui-même l'a dit à propos de son mantra progressiste : Il n'est pas difficile de voir comment les connexions entre l'informatique, l'information, la robotique et les biotechnologies pourraient apporter des progrès spectaculaires. Il n'est pas non plus difficile d'imaginer comment cela pourrait produire un chômage de masse et une plus grande inégalité. La technologie elle-même ne déterminera pas l'avenir que nous obtenons. Nos choix le feront. La direction le fera.

En 1983, son père, Pierre, a dit à peu près la même chose: le gouvernement doit être plus qu'un patron d'entreprise technologique, plus qu'une source de financement, car la responsabilité du gouvernement est encore plus fondamentale d'aider à gérer l'impact du changement technologique et d'agir comme un intermédiaire honnête entre des forces concurrentes dans le mouvement vers une société technologiquement sophistiquée. La préoccupation du gouvernement doit être de s'assurer que les avantages de cette la révolution l'emporte sur ses coûts.

Alors, à quoi peut-on s'attendre de ce leadership hippique centré sur le respect de la science, utilisant des données probantes pour éclairer la prise de décision et soutenant des connaissances fiables - qui n'a pas encore défini de vision convaincante avec les Canadiens ?

Pour commencer, le Canada a un anniversaire à venir. Des initiatives sont en cours pour célébrer et signaler les réalisations; et avec raison. La science a fortement contribué à l'édification de la nation. Toute approche pancanadienne efficace d'une vision future pour le pays nécessitera un réengagement prudent avec tous les paliers de gouvernement.

Il y a près de trente ans, en 1987, le Conseil des ministres des sciences et de la technologie (représentant toutes les provinces, tous les territoires et le gouvernement fédéral) déposait un document de travail à la Conférence des premiers ministres sur l'effort de recherche et de développement du Canada. Dans ce document, ils ont plaidé pour un effort de R&D industriel plus important ; l'excellence en recherche fondamentale (soutenant le concept alors proposé de réseaux nationaux de centres d'excellence); une orientation vers les sciences et la technologie dans la culture canadienne (en s'appuyant sur le rapport novateur du Conseil des sciences du Canada sur l'enseignement des sciences dans les écoles); et assurer un plus grand niveau de consultation entre les paliers de gouvernement, l'industrie et le milieu universitaire sur les nouvelles initiatives proposées en S et T. Le Conseil disposait également d'un consortium pancanadien de groupes consultatifs pour l'aider – le Forum national des conseils consultatifs sur la science et la technologie. Ce forum avait pour mandat « d'examiner les questions touchant la capacité du Canada à développer et à appliquer la science et la technologie; et de formuler des conseils pour influencer les politiques scientifiques nationales et provinciales du Canada pour l'amélioration de l'économie canadienne. Tout cela est passé à la trappe depuis.

Aujourd'hui, une nouvelle fenêtre d'opportunité se présente dans l'exploration d'une approche nationale du programme de science et d'innovation. En ce qui concerne 2017, il existe un certain nombre d'initiatives en cours conçues pour combler les lacunes du système de gouvernance des connaissances ainsi que pour stimuler et s'engager avec une société de plus en plus assoiffée de connaissances. Ceux-ci, s'ils sont correctement canalisés et soutenus, contribueront à façonner un dialogue public plus efficace et de nouvelles actions dans le domaine de la science et de l'innovation. Une tendance porteuse d'espoir se dessine au Canada où la néophobie n'est plus le mot d'ordre et où une expérimentation institutionnelle entêtante est en cours; une grande partie provient d'esprits brillants tirant parti de nouveaux partenariats et de modèles commerciaux uniques alors que les gouvernements s'efforcent de répondre aux attentes de leurs citoyens. Leadership et choix seront en effet les maîtres mots. Nous attendons avec impatience le prochain discours et le programme d'action du premier ministre alors qu'il cherche un terrain d'entente avec ses homologues de tout le pays sur la vision de l'importance du savoir.