Pouvons-nous accélérer notre réponse au changement climatique avec une nouvelle approche de l'innovation dans l'agriculture ?

Publié le: novembre 2019Catégories: Panels et conférenciers du CSPC 2019, Éditoriaux

Auteur:

Chris McPhee

Margaret Bancerz

Chris et Marguerite
Chris-Margaret

La pression est là ! Les agriculteurs du monde entier sont confrontés à des défis incroyables pour augmenter la production alimentaire et protéger l'environnement, tout en s'adaptant au changement climatique et en l'atténuant. À ce jour, les approches de la manière dont nous abordons ces problèmes agricoles complexes et interconnectés ont été ternes.

Trop souvent, des approches unidimensionnelles pour développer de nouvelles technologies et pratiques sont utilisées. Bien qu'ils apportent certains gains, leur focalisation étroite conduit généralement à des taux d'adoption faibles ou lents des pratiques et technologies agricoles durables, limitant ainsi leurs avantages à grande échelle. Cela conduit à son tour à des politiques et des programmes qui peuvent ne pas être suffisamment ambitieux ou ne pas refléter l'urgence du changement climatique.

Ce qu'il faut vraiment, c'est un changement de paradigme dans la façon dont les technologies et les pratiques agricoles durables sont développées.

Conscient de cela, le gouvernement du Canada a proposé un nouveau modèle d'innovation lors de la réunion des scientifiques en chef du G2018 en agriculture (G20-MACS) de 20 (https://www.macs-g20.org/) qui reconnaît et travaille avec la complexité du changement climatique et d'autres défis auxquels le secteur agricole est confronté. Il s'appelle Agroecosystem Living Labs, que le Canada, ainsi que neuf autres pays et la Commission européenne, définissent comme :

"des approches transdisciplinaires qui impliquent les agriculteurs, les scientifiques et d'autres partenaires intéressés dans la co-conception, le suivi et l'évaluation des pratiques et technologies agricoles nouvelles et existantes sur les paysages fonctionnels afin d'améliorer leur efficacité et leur adoption précoce." (MACS du G20, 2019)

L'approche Agroecosystem Living Lab repose sur trois principes fondamentaux (Figure 1) :

  1. Co-conception et co-développement avec les utilisateurs finaux : Les agriculteurs sont au centre de l'innovation et participent activement au développement de nouvelles technologies et pratiques du début à la fin.
  2. Une approche transdisciplinaire : Des partenaires de diverses disciplines travaillent ensemble pour développer des solutions à un problème commun.
  3. Évaluation sur les paysages fonctionnels : Les nouvelles technologies et pratiques sont évaluées dans le cadre réel où elles sont utilisées : les fermes en activité et leurs paysages environnants.

 

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Figure 1. Les trois principes fondamentaux d'un laboratoire vivant d'agroécosystème (ALL)
Source : MACS du G20. 2019. Laboratoires vivants de l'agroécosystème : rapport exécutif. Réunion du G20 des scientifiques en chef de l'agriculture (MACS) Groupe de travail International Agroecosystems Living Laboratories (ALL).

Cette nouvelle approche d'innovation permet des réponses efficaces et co-créées à des enjeux agro-environnementaux persistants d'importance nationale. Il tient compte des conditions locales uniques, des différences entre les systèmes de production agricole et des besoins et expériences des agriculteurs. Essentiellement, des solutions locales et pratiques peuvent être développées pour résoudre les principaux problèmes internationaux et nationaux tels que le changement climatique, la santé des sols, la gestion de l'eau, la biodiversité et la conservation de l'habitat, tout en garantissant que les exploitations agricoles restent productives et prospères.

Alors que les pays du monde entier élaborent leurs propres politiques et stratégies spécifiques basées sur cette nouvelle façon de penser, au Canada, l'approche Laboratoire vivant de l'agroécosystème est appliquée par le biais de l'Initiative des laboratoires vivants d'Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) (www.agr.gc.ca/laboratoirevivant).

L'Initiative des laboratoires vivants est un réseau de sites à travers le pays où des agriculteurs locaux, des chercheurs de diverses disciplines, y compris des experts socio-économiques, développent et créent ensemble des technologies pratiques et des pratiques agricoles durables dans des fermes en activité. La phase initiale du Living Lab Network a débuté en avril 2019 avec l'établissement de deux sites, un au Canada atlantique et un dans la région des Prairies canadiennes. Deux sites supplémentaires, au Québec et en Ontario, seront lancés en 2020, et un cinquième site en Colombie-Britannique sera mis en place progressivement d'ici 2021.

L'approche du laboratoire vivant des agroécosystèmes reconnaît implicitement que les sciences sociales jouent un rôle crucial à la fois dans la mise en œuvre des processus d'innovation et dans la compréhension de leurs résultats socio-économiques, qui affectent fortement l'innovation et la mise en œuvre réussies des politiques agricoles ciblant le changement climatique. Pour cette raison, en plus des composantes scientifiques de développement et de mise à l'essai de pratiques et de technologies de gestion bénéfiques, l'Initiative des laboratoires vivants comprend également une composante socio-économique. La recherche socio-économique basée sur les données recueillies au niveau de l'exploitation fournira aux agriculteurs des estimations crédibles des coûts et des avantages à l'exploitation des pratiques et des technologies adoptées ainsi que des avantages publics impliqués. De cette façon, les analyses aideront les agriculteurs à prendre des décisions plus éclairées lorsqu'ils envisagent la mise en œuvre d'une pratique ou d'une technologie sur leur ferme.

Cette nouvelle approche vise à accélérer notre réponse au changement climatique grâce à une adoption plus rapide de pratiques et de technologies de gestion bénéfiques. Il s'agit également d'une expérience en soi, car les chercheurs et les spécialistes des politiques étudient, peaufinent et développent les meilleures pratiques lors de la mise en œuvre d'une telle approche. Par exemple, l'Initiative des laboratoires vivants est aux prises avec des questions telles que, quelle est la meilleure façon d'engager diverses équipes, y compris des agriculteurs, pour s'assurer que les processus sont efficaces et efficients ? Et, bien que cette nouvelle direction soit prometteuse, pouvons-nous prouver qu'elle fait vraiment une différence pour aider notre pays et le monde à s'attaquer à d'importants problèmes environnementaux ? En effet, la pression monte.