Prendre le temps de se connecter – réflexions sur le programme La science Canadienne rencontre le Parlement

une bannière avec le titre « Prendre le temps de se connecter – réflexions sur le programme La science canadienne rencontre le Parlement » à côté d'un portrait d'une femme asiatique portant des lunettes

Auteurs):

Rachel Chang

Université de Dalhousie

Professeur agrégé et Chaire de recherche du Canada - Sciences de l'atmosphère

Parler aux autres en personne fait tellement partie intégrante de notre culture. Pour beaucoup d'entre nous, nos interactions en face à face ont été sévèrement limitées au cours des deux dernières années en raison de la pandémie mondiale. Cela nous a isolés à bien des égards et il peut être difficile de se souvenir de ce que l'on ressent lorsque l'on échange des idées avec une autre personne, que ce soit avec désinvolture ou dans un but précis, tout en répondant en temps réel aux idées, réactions et sentiments de l'autre personne. 

Le travail des scientifiques et des politiciens est à la fois responsable devant la société, avec la promesse que la science améliorera nos vies et que les politiques bénéficieront à la population. À ce titre, il est important que ces deux groupes se rencontrent régulièrement et parlent au public. Les scientifiques sont un sous-ensemble de personnes que les politiciens devraient rencontrer, tout comme les décideurs politiques sont un sous-ensemble de personnes avec qui les scientifiques devraient partager leur travail. Malgré cela, les opportunités pour les scientifiques de rencontrer les décideurs politiques sont généralement limitées à des occasions formelles telles que des réunions de comité, où l'interaction peut sembler conflictuelle, ou des moments où une partie cherche la faveur d'une autre (par exemple, financement pour la science, période électorale). Dans un monde idéal, des réunions informelles sans ordre du jour où ces deux groupes pourraient découvrir le monde de l'autre auraient lieu régulièrement. Cependant, les différences de culture, de calendrier et d'objectifs finaux constituent tous des obstacles à la communication plus régulière de ces deux groupes.1. Pour lutter contre cela, le Centre canadien de la politique scientifique2 a beaucoup travaillé pour construire une communauté de politique scientifique forte et efficace, réunissant des scientifiques, des décideurs et tout le monde entre les deux. Leur programme La science rencontre le Parlement était l'un de leurs efforts, réunissant des chaires de recherche du Canada de niveau 2 de partout au Canada avec une représentation démographique diversifiée. L'objectif du programme était de réunir ces chercheurs en sciences naturelles, en génie, en sciences de la santé et en sciences sociales avec des parlementaires dans un cadre où il n'y avait pas d'agenda précis au-delà d'en apprendre davantage sur le travail de l'autre partie. 

En préparation de ces réunions en personne à Ottawa, moi-même et 42 autres participants de l'édition 2021/2022 de Science Meets Parliament avons assisté à 14 sessions de formation à distance entre mai 2021 et avril 2022 couvrant des notions de base telles que le système gouvernemental de Westminster, le rôle de la science dans les communications politiques et scientifiques, ainsi que de participer à des conversations ouvertes avec d'anciens parlementaires, des dirigeants de la bureaucratie et les dirigeants des organismes des trois Conseils. Même si j'ai fait toutes mes études, de la maternelle au doctorat, au Canada et que je me considère raisonnablement bien informée sur le fonctionnement de notre pays, j'ai réalisé tout au long de ce programme qu'il y avait de graves lacunes dans ma compréhension du gouvernement, en particulier en ce qui concerne l'interface entre la science et politique, même si cela définit implicitement ma carrière. Ces séances faisaient suite à notre Journée sur la Colline, où j'ai eu le privilège d'accompagner mon député Andy Fillmore pendant une partie de la journée, puis de rencontrer l'honorable Dan Vandal, ministre des Affaires du Nord, ministre responsable des Affaires économiques des Prairies Développement Canada et ministre responsable de l'Agence canadienne de développement économique du Nord. Pour la première fois de ma vie, j'ai assisté à la période des questions, témoin de notre démocratie à l'œuvre, puis j'ai assisté à la réunion du Comité des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires sur la Stratégie nationale de construction navale, qui était d'un intérêt particulier puisque le Canada atlantique dépend tellement de l'océan -secteur. 

Ce qui ressort le plus de mon expérience avec le programme La science rencontre le Parlement, c'est que la communication directe avec les parlementaires, en particulier votre député, est un moyen très efficace de participer à notre processus démocratique. Par exemple, pendant la période des questions, les députés ont cité les courriels de leurs électeurs décrivant les longs délais d'attente pour les passeports. Il ne me serait jamais venu à l'esprit que ma petite plainte pourrait devenir une affaire nationale digne d'être traitée par le premier ministre du pays, mais ma journée à Ottawa m'a montré que n'importe qui, y compris les préoccupations scientifiques, pouvait être amené à un scène nationale. Le programme m'a également fait prendre conscience de l'importance de développer des relations avec les parlementaires. En tant que citoyen lisant les reportages des médias sur scandale après scandale, il peut être facile d'être privé de ses droits par les politiciens et de s'interroger sur leurs motivations à rejoindre la politique. Cependant, parler à mon député dans un environnement non structuré m'a donné l'occasion d'apprendre que sa trajectoire n'était pas exceptionnellement différente de la mienne, la principale différence étant que lorsqu'il a vu un problème avec le système, il est intervenu et a abandonné sa carrière pour aider à rendre notre pays meilleur. Mon respect pour les parlementaires s'est grandement accru après cet événement. J'espère que nos interactions leur ont également rappelé que l'élaboration de preuves scientifiques nécessite souvent des mois et des années de travail acharné, contrairement aux faits alternatifs, qui coûtent un centime à la douzaine. À une époque où n'importe qui peut trouver une plate-forme pour exposer ses idées dans le vide d'Internet, développer une connexion personnelle et vraiment parler, écouter et interagir avec quelqu'un en face à face est plus important que jamais. 

1-Saner, Marc, Une carte de l'interface entre la science et la politique (1er janvier 2007). Documents du personnel, Conseil des académies canadiennes, 2007, disponible au SSRN : https://ssrn.com/abstract=1555769

2- https://sciencepolicy.ca/