Quand Naylor a croisé Lamontagne : le soutien à la politique scientifique a besoin d'une nouvelle feuille de route nationale

Auteurs):

Paul Dufour

Institut des sciences, de la société et des politiques publiques, Université d'Ottawa

Fellow et professeur associé

Portrait de Paul Dufour

Nous suggérons que le financement gouvernemental de la recherche fondamentale devrait mettre l'accent sur la qualité plutôt que sur la quantité, que les sciences sociales, les efforts multidisciplinaires et les projets pertinents aux besoins canadiens devraient avoir une plus grande priorité et que le système de pairs devrait être amélioré.

Non, ce n'est pas la recommandation initiale du groupe consultatif Naylor qui a examiné la science fondamentale, mais cela aurait bien pu l'être. La citation est plutôt tirée du dernier volume du Comité spécial du Sénat sur la politique scientifique en 1977 (autrement connu sous le nom de Comité Lamontagne).

Lors d'une CPSC panel sur l'avenir du rapport d'examen des sciences fondamentales du Canada un panel d'éminents conférenciers ont parlé de l'intersection croissante de la science et de la politique publique; parmi eux le président du rapport David Naylor. Dans son allocution, il a fait référence au fait que cela fait 40 ans qu'il n'y a pas eu un tel examen; un commentaire que la ministre des Sciences a souvent fait dans ses propres déclarations au sujet du groupe d'experts qu'elle a nommé.

Mais cet examen vieux de quatre décennies – le Comité sénatorial spécial sur la politique scientifique présidé par l'économiste formé à Harvard, Maurice Lamontagne – avait un mandat beaucoup plus large à une époque où l'interface entre la science et la politique était naissante au Canada. Le Comité sénatorial a été créé il y a 50 ans en 1967 pour examiner et faire rapport sur la politique scientifique du gouvernement fédéral dans le but d'évaluer ses priorités, son budget et son efficacité à la lumière de l'expérience d'autres pays et des exigences de la nouvelle âge scientifique. En effet, le gouvernement fédéral disposait déjà d'une structure d'avis et de recherche scientifiques sous la forme du Conseil national de recherches, du Secrétariat des sciences du Bureau du Conseil privé et du Conseil des sciences du Canada, et l'OCDE venait tout juste de terminer un examen de la politique scientifique du Canada vu du point de vue international. Mais ce n'était pas suffisant selon l'enquête du Sénat ; un écart subsistait dans une meilleure compréhension de la façon dont tous les systèmes de science et d'innovation étaient connectés.

Lamontagne a apporté beaucoup d'eau au moulin du Sénat et a lancé une enquête publique à grande échelle qui devait durer une décennie lorsque son quatrième et dernier volume a finalement été publié en 1977. Commencé en mars 1968 avec un certain nombre d'audiences et plus de 12,000 XNUMX pages de mémoires écrits et des preuves, le premier volume a passé en revue l'évolution historique de la politique scientifique canadienne et ses efforts par rapport à d'autres pays sélectionnés; le deuxième volume décrivait les objectifs et les stratégies nécessaires pour renforcer la science, la technologie et, oui, l'innovation ; et le troisième décrivait l'organisation gouvernementale qui serait nécessaire pour mettre en œuvre une politique scientifique nationale plus cohérente.

C'est le quatrième et dernier volume qui a retenu l'attention du panel d'experts Naylor mais uniquement dans l'optique du rôle de la recherche fondamentale ou fondamentale. Le rapport final de Lamontagne, quant à lui, a exploré l'évolution du soutien scientifique au Canada, la crise alors émergente au sein du gouvernement (érosion des laboratoires fédéraux) et le financement insuffisant des secteurs universitaires ainsi que la faiblesse persistante du secteur industriel à soutenir la R&D et l'innovation. .

Il se terminait par quelques commentaires sur les affaires inachevées. Parmi cette dernière liste figurait la manière d'impliquer plus efficacement les parlementaires dans le débat sur la science dans les politiques publiques ; la nécessité d'un institut sur les études futures (semblable à la prospective entourant les technologies émergentes); une Banque canadienne de l'innovation pour le soutien au capital de risque et un nouveau Prix canadien de l'innovation; augmenter les budgets des conseils subventionnaires, y compris en s'attaquant aux coûts indirects de la recherche; transformer le CNRC; et faire en sorte que les ministères et organismes gouvernementaux nomment des conseillers en politique scientifique, pour n'en nommer que quelques-uns. De nouvelles structures de gouvernance pour la politique scientifique doivent être examinées.

Aujourd'hui, 50 ans après ses débuts et malgré les appels du Comité Lamontagne à une certaine cohérence à l'échelle nationale, nous avons encore un cadre politique de la science et de l'innovation plutôt disparate qui a encore beaucoup de chemin à faire si le pays et ses citoyens veulent relever les défis de l'ère du savoir émergent avec toutes ses lumières et ses ombres. Comme l'a dit Lamontagne, le niveau et la qualité de vie dans ce pays seront en grande partie déterminés par la façon dont les gens et leurs institutions réagiront aux perspectives et aux périls des applications de la science et de la technologie.

N'est-il pas temps d'avoir une nouvelle feuille de route véritablement nationale ?