Réinventer le système canadien de formation postdoctorale

Auteurs):

Joseph S. Sparling, Ph.D.

Président, CAPS/ACSP

éclatant

Depuis des décennies, le financement de la recherche au Canada n'a pas réussi à suivre le rythme de la pression constante pour accroître la productivité et la production afin de maintenir une position pertinente pour la science et l'innovation canadiennes sur la scène mondiale. C'est dans ce contexte que notre écosystème de recherche universitaire est devenu de plus en plus dépendant des étudiants diplômés et des chercheurs postdoctoraux (postdocs) en tant que source de main-d'œuvre peu coûteuse pour aider à faire avancer le programme de recherche et d'innovation de notre pays.

La dépendance à l'égard d'une main-d'œuvre stagiaire dans la recherche universitaire a contribué à accroître le recrutement de postdoctorants, mais elle a également corrompu la finalité de notre système de formation postdoctorale. L'objectif initial de ce système était de fournir une formation et une expérience aux jeunes chercheurs pour qu'ils poursuivent des carrières en tant que professeurs de recherche universitaire. Le fait que les postdoctorants aient contribué à la production de la recherche pendant leur formation était un avantage pour le système, et la rémunération et les avantages relativement faibles fournis en retour étaient largement considérés comme un compromis équitable contre la promesse d'une carrière plus lucrative et prestigieuse. Bien que tout le monde n'ait pas réalisé ces objectifs, dans le passé, on pensait au moins que le postdoc moyen bénéficiait de sa formation supplémentaire et la plupart de ceux qui ne se retrouvaient pas dans des postes de professeur de recherche universitaire s'attendaient à trouver des emplois correspondant à leur formation et à leurs capacités avancées. .

Malheureusement, ce n'est plus le cas, car le doctorat est devenu si courant par rapport à la disponibilité des postes qui exigent ce niveau de formation que sa valeur a diminué au point qu'il faut maintenant 22 ans au titulaire moyen d'un doctorat pour réaliser tout marché du travail bénéficier de leur formation complémentaire1. La situation est devenue encore plus sombre pour les postdoctorants, car rien ne prouve que le postdoctorant moyen formé au Canada aujourd'hui récupère jamais le revenu perdu pendant sa formation postdoctorale2,3.

L'incapacité du système canadien de formation postdoctorale à régler ce problème découle de nombreux facteurs, mais l'absence quasi totale de surveillance fédérale et provinciale en est probablement le principal. En l'absence de politiques gouvernementales globales, les établissements ont été en grande partie obligés d'élaborer leurs propres politiques concernant la formation et les conditions de travail des postdoctorants. Cette approche a conduit à notre système actuel, qui est truffé de disparités, incité à donner la priorité à la nécessité de maintenir de faibles coûts de main-d'œuvre par rapport à la nécessité d'un soutien et d'une formation adéquats, et généralement incapable de surveiller, et encore moins de s'adapter, aux besoins changeants de la prochaine génération de chercheurs canadiens.

Notre système de formation ne tient plus la promesse d'un poste de professeur pour plus de 80 % des postdoctorants actuellement en formation1, et bien qu'il existe des avantages non monétaires à la formation postdoctorale qui ne peuvent être saisis par de simples mesures des résultats sur le marché du travail, une formation programme qui nuit financièrement à long terme au stagiaire moyen ne peut être considéré comme un succès. Certes, en tant que nation, nous pouvons faire mieux que cela.

L'Association canadienne des boursiers postdoctoraux (CAPS/ACSP) se consacre précisément à cet objectif et dans notre récent mémoire prébudgétaire au gouvernement fédéral4, nous avons fourni une feuille de route pour réinventer le système canadien de formation postdoctorale en tant qu'entité spécialement conçue pour assurer un norme minimale de soutien et réduction des disparités en matière de revenus et d'accès aux avantages légaux et professionnels et aux pensions pour tous les post-doctorants. Nous croyons que le système qui forme les postdoctorants devrait reconnaître la valeur de tous les postdoctorants pour l'entreprise canadienne de recherche et d'innovation et devrait donc, au minimum, fournir :

1) un revenu minimum raisonnable par rapport aux qualifications avancées des post-doctorants ;
2) un système salarial proportionnel où le salaire augmente avec les années supplémentaires de formation postdoctorale et d'expérience;
3) un accès uniforme aux avantages, aux protections et aux droits pour tous les postdoctorants ; et
4) d'autres soutiens (accès aux services de santé, de santé mentale et de garde d'enfants sur le campus) couramment fournis aux étudiants et aux professeurs des universités canadiennes.

Alors que certaines institutions donnent désormais accès à des avantages, des protections et des droits à une partie de leurs postdoctorants, le fait est que ces avancées sont presque toutes dues à la syndicalisation et à des batailles juridiques entre les postdoctorants et leurs institutions, et non par une réforme institutionnelle volontaire. Ainsi, il semble clair qu'une intervention fédérale et/ou provinciale descendante sera nécessaire pour établir des politiques globales concernant la formation postdoctorale et les conditions de travail au Canada. Nous demandons aux gouvernements fédéral et provinciaux de mettre en œuvre cette intervention.

Les postdoctorants jouent un rôle majeur dans le façonnement de l'avenir de la recherche et de l'innovation au Canada et font donc partie intégrante du succès futur de notre pays. Il est temps que nous le reconnaissions en corrigeant les lacunes de notre système de formation postdoctorale. Le faire coûtera de l'argent, mais ne pas le faire peut nous coûter beaucoup plus à long terme.

Références
1. Bord, J & Munro, D (2015). A l'intérieur et à l'extérieur de l'académie : Valoriser et préparer les docteurs aux carrières. Ottawa : Le Conference Board du Canada.
2. Ferguson, SJ et Wang, S (2014). Diplômé au Canada : profil, résultats sur le marché du travail et endettement étudiant de la promotion de 2009-2010. Statistique Canada.
3. Sparling JS et Jadavji NM (2016). CAPS Official Report to the Advisory Panel for Canada's Fundamental Science Review. Canadian Association of Postdoctoral Scholars / l'Association Canadienne des Stagiaires Postdoctoraux.
4. Sparling JS (2018). Mémoire prébudgétaire 2019 : Investir dans le système de formation postdoctorale du Canada. Canadian Association of Postdoctoral Scholars / l'Association Canadienne des Stagiaires Postdoctoraux.