Relever les défis de la main-d'œuvre dans la transition du Canada vers une production manufacturière à faibles émissions
Clause de non-responsabilité : La version française de cet éditorial a été auto-traduite et n’a pas été approuvée par l’auteur.

Bassel Kazzaz
Directeur de la recherche
Centre de recherche sur les politiques automobiles et initiative FOCAL

Ken Delaney
Directrice Générale
Coalition canadienne pour la formation professionnelle et l'emploi et initiative FOCAL
Le secteur manufacturier canadien est un moteur essentiel de la croissance économique, de l’innovation, de la création d’emplois et du commerce. En 2023, le secteur a contribué à hauteur de plus de 250 milliards de dollars canadiens au PIB du Canada, a employé plus de 1.56 million de personnes et a exporté des marchandises d’une valeur de plus de 450 milliards de dollars canadiens. Alors que le Canada s’oriente vers une économie à faibles émissions de carbone, le secteur et ses industries sont confrontés à des possibilités et à des défis importants. Le Canada a la possibilité d’investir et d’élargir son empreinte dans la fabrication de technologies, de produits et de composants à faibles ou zéro émission, comme les véhicules électriques (VE) et leurs batteries. Le Canada peut également se concentrer sur l’élimination progressive des procédés à forte empreinte carbone dans le secteur manufacturier et introduire des technologies de production plus efficaces et à faibles émissions, comme les fours à arc électrique (FAE) dans la production d’acier. Les annonces récentes de plusieurs fabricants partout au Canada témoignent de l’engagement des entreprises, des gouvernements et d’autres intervenants à positionner le Canada comme un chef de file de la fabrication à faibles émissions.
Cependant, à mesure que le secteur manufacturier canadien s'oriente vers des produits et des procédés à faibles émissions de carbone, il fait face à des défis importants, notamment en ce qui concerne la pénurie de main-d'œuvre qualifiée. Comme les employeurs de nombreux autres secteurs, les fabricants canadiens auront de plus en plus de difficultés à recruter dans les années à venir. Nous avons examiné les données démographiques et conclu qu'avec l'augmentation des départs à la retraite et des départs d'employés qualifiés dans les professions clés, et avec l'arrivée de nouveaux chercheurs d'emploi dans ces professions à un rythme similaire à celui des années précédentes, il y aura ce que nous appelons un déficit de recrutement. Les déficits de recrutement sont dus à de multiples facteurs, notamment la demande de travailleurs qualifiés liée à l'expansion de l'industrie, la demande découlant de la nécessité de remplacer les employés qui partent à la retraite et le nombre de nouveaux entrants dans le secteur. Les changements démographiques et la demande de remplacement à eux seuls ont resserré le marché du travail. Avec le pari important du Canada sur les technologies propres et la fabrication durable, et avec les nouvelles annonces d'investissement dans les technologies et les procédés à faibles émissions, la demande de main-d'œuvre qualifiée du Canada en raison de l'expansion devrait également augmenter à mesure que de nouvelles installations de production seront créées.
Une étude récente menée par l’Initiative pour l’avenir de la main-d’œuvre canadienne de l’automobile (FOCAL) démontre un écart croissant en matière de recrutement avec la transition vers des technologies de fabrication à faibles émissions ou à zéro émission. Les recherches de FOCAL prévoient qu’avec la transition vers la fabrication de véhicules électriques dans la chaîne d’approvisionnement de la fabrication automobile, le secteur sera confronté à un déficit de recrutement de plus de 90,000 15 travailleurs au cours des XNUMX prochaines années. Malgré certaines pertes d’emplois résultant de la fermeture prévue de certaines opérations de fabrication de moteurs à combustion interne dans la chaîne d’approvisionnement canadienne de la fabrication automobile, l’expansion dans d’autres parties de la chaîne d’approvisionnement de fabrication de véhicules électriques et de batteries devrait non seulement compenser, mais également dépasser ces pertes d’emplois. Les recherches de FOCAL démontrent également que toutes les catégories professionnelles, y compris les métiers spécialisés et les professions de production, seront essentielles à mesure que la chaîne d’approvisionnement de la fabrication automobile passera à la production de véhicules électriques et de batteries.
Des défis similaires sont attendus dans l’industrie de la fabrication de métaux, qui évolue vers des technologies de production à faibles émissions. Avec la volonté de réduire les émissions de carbone des industries clés comme la production d’acier, des procédés tels que la mise en œuvre de fours à arc électrique (EAF) et la fabrication d’acier à base d’hydrogène deviennent de plus en plus courants. Si ces avancées réduisent considérablement les émissions de carbone pendant la production, la mise en œuvre, l’exploitation et la maintenance de ces technologies nécessitent une main-d’œuvre qualifiée. L’industrie de la fabrication de métaux, tout comme la construction automobile, devrait être confrontée à des difficultés de recrutement de travailleurs qualifiés.
Selon des données récentes de Statistique Canada, plus de 47 % des entreprises manufacturières ont du mal à recruter, notamment des travailleurs qualifiés. La main-d’œuvre du secteur manufacturier vieillit : plus d’un quart des travailleurs sont maintenant âgés de 55 ans ou plus. Sans offre de main-d’œuvre qualifiée, le secteur risque de connaître un ralentissement de la productivité et de ne pas être en mesure de répondre à la demande croissante de produits et de technologies à faibles émissions de carbone. Ce défi croissant est exacerbé par le fait que de nombreux jeunes travailleurs n’intègrent pas le secteur manufacturier à un rythme suffisant pour remplacer les retraités. Il est donc nécessaire de concentrer les efforts sur le recrutement des talents et les initiatives de reconversion afin d’attirer et de former une nouvelle génération de travailleurs dans les technologies de fabrication avancées.
Malgré l’introduction de technologies de pointe dans de nombreux secteurs de l’industrie manufacturière, le rôle de nombreuses professions traditionnelles demeure essentiel dans ce secteur. La capacité du Canada à saisir les occasions offertes par ses investissements dans les technologies propres et la fabrication durable dépendra de sa capacité à remédier à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Oui, nous avons besoin de scientifiques, de concepteurs et d’ingénieurs dotés de capacités avancées. Mais nous avons également besoin de caristes, de mineurs, de mécaniciens-monteurs, d’électriciens et d’outilleurs-ajusteurs. La mise en œuvre de programmes de formation adaptés aux besoins changeants du secteur manufacturier, comme l’apprentissage et l’enseignement spécialisé dans les technologies vertes, est essentielle. Sans un bassin suffisant de travailleurs qualifiés, le secteur risque de stagner dans ses efforts d’adoption de technologies novatrices à faibles émissions.