« Rien sur nous sans nous » : Comment l’Université Simon Fraser bâtit un autre type d’école de médecine

Auteurs):

Dr Joy Johnson

Université Simon Fraser

Président

Clause de non-responsabilité : La version française de cet éditorial a été auto-traduite et n’a pas été approuvée par l’auteur.

Avant de devenir président et vice-chancelier de l’Université Simon Fraser (SFU), j’étais chercheur en soins de santé. Et avant cela, inspirée par le choix de carrière de ma mère, j'étais infirmière.

Dans ces deux rôles, j’ai développé une appréciation profonde et constante de la valeur des soins de santé publics au Canada.

En tant qu'infirmière, j'ai vu à quel point l'accès à des soins de santé de qualité pouvait complètement changer le cours de la vie d'une personne. En même temps, j’ai commencé ma carrière au milieu de la crise du sida et j’ai vu le contraire : à quel point le système de santé pouvait nuire et exclure de nombreuses personnes marginalisées et vulnérables.

En tant que chercheur en santé, j’ai observé ces mêmes schémas se manifester. Une recherche en santé inclusive et réfléchie peut améliorer considérablement la qualité de vie des gens. Si cela est mal fait, cela peut faire plus de mal que de bien.

Depuis, beaucoup de choses ont changé dans notre système de santé. Ce qui n’a pas changé, c’est le rôle central que jouent les soins de santé en tant que mesure des obligations que nous avons les uns envers les autres et en tant que baromètre du bien-être général et de l’inclusion de notre société.

Pour cette raison, comme les Canadiens du monde entier, je suis profondément préoccupé par les défis importants auxquels est confronté notre système de santé – de la grave pénurie de médecins et la crise des opioïdes aux faiblesses révélées dans notre système par la COVID-19 – et par ce qu'ils signifient pour l'avenir de notre pays.

Ainsi, lorsque la province de la Colombie-Britannique a demandé à l’Université Simon Fraser de créer la première nouvelle école de médecine dans l’Ouest canadien en 55 ans sur notre campus de Surrey, je connaissais à la fois le poids de cet engagement et l’opportunité passionnante qui en découlait.

Pour que la faculté de médecine de SFU réussisse et tienne la promesse des soins de santé publics, elle devra non seulement former les nouveaux médecins dont nous avons tant besoin, mais elle devra également contribuer à transformer la façon dont les soins de santé sont dispensés. , en particulier auprès des communautés marginalisées et mal desservies.

À cet égard, l'engagement de l'université de SFU à défendre la vérité et la réconciliation revêt une importance particulière pour l'avenir de la faculté de médecine, un avenir qui doit refléter les expériences vécues et les voix des peuples autochtones victimes de racisme au sein du système de santé.

Cette histoire est bien documentée et se poursuit jusqu'à nos jours.

En 1941, le premier « hôpital indien » de la Colombie-Britannique a été créé en réponse aux craintes liées à l'infection tuberculeuse. À l’intérieur de ces sanatoriums, les patients autochtones étaient soumis à des conditions dangereuses et à des contraintes physiques forcées, souvent prises en charge par un personnel sous-formé et non agréé. En septembre dernier, la nation Stó:lō de la vallée du Fraser, en Colombie-Britannique, a identifié 96 enfants autochtones âgés de cinq à 20 ans décédés à l'hôpital indien de Coqualeetza.

Plus de quatre-vingts ans plus tard, tous les rapports, travaux et recherches dans ce domaine indiquent que le racisme et la discrimination systémiques continuent de persister dans les établissements de soins de santé.

Si l'engagement de SFU envers la vérité et la réconciliation doit avoir un sens, alors nous avons la responsabilité de veiller à ce que la nouvelle faculté de médecine affronte l'histoire coloniale de l'éducation médicale en intégrant la réconciliation, l'antiracisme ainsi que la santé et le bien-être des Autochtones dans le programme d'études de médecine.

Les appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation contiennent des recommandations spécifiques concernant les soins de santé et ont joué un rôle déterminant lors du processus de planification. Nous prenons également l'exemple des étudiants, du personnel et des professeurs autochtones, qui ont clairement indiqué que le principe « rien sur nous sans nous » doit être inscrit dans l'ADN de l'école.

À cette fin, SFU s’engage à travailler avec les communautés autochtones pour s’assurer que la faculté de médecine reflète leurs commentaires et que les médecins diplômés sont prêts à répondre aux besoins de la communauté.

Au cours de ces premiers jours de planification, nous avons consacré beaucoup de temps à des réunions et à des discussions avec des groupes autochtones, y compris la Régie de la santé des Premières Nations, dont le partenariat sera essentiel à ce travail. Nous avons organisé plusieurs séances de consultation avec des étudiants, des professeurs et du personnel autochtones de SFU et entamé des discussions avec les Premières Nations hôtes et d'autres groupes pour obtenir des commentaires sur la façon dont la faculté de médecine peut et devrait leur être bénéfique. Sur la base de ces conversations, nous accordons la priorité à l’embauche de dirigeants, de médecins et de personnel autochtones pour l’école. À mesure que le processus de planification se poursuit, nous réfléchissons également à la manière dont nous pouvons créer des parcours permettant aux étudiants autochtones d’étudier la médecine et créer des opportunités permettant aux étudiants d’apprendre directement auprès des aînés et des gardiens du savoir autochtones au cours de leur formation médicale.

C'est un travail difficile. Mais il s’agit d’un travail important et nécessaire dont nous sommes fiers de nous être vu confier.

Même si je pratique la profession infirmière depuis de nombreuses années, je me souviens encore des visages et des histoires de mes patients. Alors que nous nous préparons à ouvrir la faculté de médecine de SFU en 2026, j’ai beaucoup pensé à ces patients et à notre responsabilité d’étendre le droit à des soins de santé publics de qualité à chaque personne au Canada.

Depuis trop longtemps, ce droit a été refusé à de nombreuses personnes partout au pays. Mais grâce au travail des peuples autochtones, des groupes de défense et de leurs alliés partout au Canada, cela commence à changer. La nouvelle école de médecine de SFU constitue un élément important de ce parcours.

Bibliographie

  1. https://bcanuntoldhistory.knowledge.ca/1930/indian-hospitals
  2. https://www.cbc.ca/news/canada/british-columbia/st%C3%B3-l%C5%8D-nation-residential-schools-missing-children-unmarked-burials-1.6974053