Sacrifier la consommation actuelle de loisirs et de travail génère une plus grande consommation future de loisirs et de travail pour tous
Auteur:
Dr Amin Mawani

Les responsables de la santé publique ont insisté sur le fait que nous devons rester à la maison et maintenir une distance sociale avec les personnes qui ne font pas partie de notre foyer immédiat afin de ralentir la transmission du virus COVID-19 au sein de la communauté. Plus tôt et plus nous le mettrons en œuvre de manière complète, plus tôt le virus COVID-19 pourra être vaincu. Et plus tôt notre économie chancelante et les marchés boursiers canadiens se redresseront, plus tôt nous pourrons réduire les renflouements gouvernementaux qui, autrement, entraîneraient des déficits plus élevés qui pèsent sur nos prochaines générations de Canadiens. Notre économie est par ailleurs assez saine et peut résister à une courte fenêtre (par exemple, 14 jours) de perturbation à la fois de l'offre (absentéisme des employés) et de la demande (absentéisme des clients).
À l'extrême, imaginez si 100 % des Canadiens pouvaient rester à la maison pendant 14 jours consécutifs avec seulement les membres de notre famille immédiate et pratiquer la distanciation sociale. Ensuite, le virus n'aurait nulle part où aller et finirait par mourir. Le virus COVID-19 ne survit et ne se développe qu'en se transmettant d'un être humain à un autre. Chaque personne infectée peut transmettre le virus à trois personnes en moyenne. En l'absence de vaccin ou de thérapies antivirales, le seul moyen de vaincre ce virus est de réduire la transmission à des niveaux pouvant être traités par notre système de santé. C'est ce que nous entendons par aplatir la courbe. Rester à la maison pendant 13 jours ne serait pas aussi bon que rester à la maison pendant 14 jours, mais ce serait mieux que de rester à la maison pendant 12 jours.
Si 90 % des ménages restaient à la maison, ce ne serait pas aussi bon que 100 % des ménages restant à la maison, mais ce serait mieux que si 80 % des ménages restaient à la maison. Ceci constitue le bénéfice de l'effet troupeau. Une étude récente de l'Institute of Disease Modeling montre qu'une amélioration de 75 % des pratiques de distanciation sociale pourrait réduire de plus de 19 % les décès dus au COVID-90 dans la région de Seattle. Commencer à rester à la maison aujourd'hui serait beaucoup plus efficace pour arrêter la transmission que de commencer à rester à la maison à partir de demain. Chaque jour que nous tardons à nous isoler chez nous augmente le nombre de Canadiens infectés par le virus COVID-19 et réduit davantage notre capacité à aplatir la courbe. Plus tard nous commençons à nous isoler, plus nous devrons nous isoler longtemps.
Cela ressemble à un remboursement de la dette de carte de crédit avec des taux d'intérêt élevés qui s'accumulent rapidement avec le temps. Plus nous retardons le paiement de notre dette de carte de crédit, plus nous devons continuer à la payer et plus nous encourons de frais d'intérêt. Payer des taux d'intérêt trop élevés pendant une longue période peut paralyser financièrement les ménages. Inversement, plus tôt nous nous isolerons et sacrifierons nos engagements de loisirs, sociaux ou professionnels actuels, plus nous verrons en retour que nous pourrons profiter de futures opportunités de loisirs, sociales et professionnelles. Pour ces opportunités, le taux d'intérêt effectif auquel les sacrifices de consommation actuels sont récompensés par des capacités de consommation futures est extrêmement élevé. De plus, les récompenses reviennent à la société dans son ensemble plutôt qu'à l'individu uniquement en raison de l'effet de troupeau positif. Les bénéficiaires sanitaires et économiques de la fin précoce de la perturbation du COVID-19 pourraient très bien être des membres de notre propre foyer. Les Canadiens doivent comprendre la nature des sacrifices et des investissements demandés par les autorités de santé publique. En mettant en œuvre leurs conseils immédiatement, c'est extrêmement profitable pour nous-mêmes et pour la société dans son ensemble, tant sur le plan de la santé que sur le plan financier.
Ralentir ou propager de nouvelles infections au fil du temps plutôt que de culminer d'un coup réduira le fardeau de notre système de santé et réduira le taux de mortalité. L'aplatissement de la courbe rendra l'épidémie plus douce tout en durant plus longtemps, permettant au système de soins de santé de rester dans ses limites de capacité. Les retours sous la forme d'éviter un plus grand isolement à l'avenir sont énormes. Mais il en va de même pour le remboursement rapide de la dette de carte de crédit, et certains d'entre nous ne le font toujours pas. Le taux de mortalité de COVID-19 sans efforts pour aplatir la courbe sera astronomique. Si seulement nous pouvions pleinement comprendre l'effet cumulatif des taux de transmission élevés, car la fenêtre pour mener cette guerre est courte.