La science, le savoir autochtone et la réconciliation

Auteur:

Dr Frank Deer

Université du Manitoba

Professeur

Société royale du Canada

Avertissement : La version française de ce texte a été traduite automatiquement et n'a pas été approuvée par l'auteur.

L’engagement autochtone – l’engagement délibéré avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis de manière significative dans le but d’apporter un changement institutionnel guidé par les principes de la réconciliation – est un domaine de préoccupation relativement nouveau et de plus en plus important pour les institutions publiques telles que les écoles et les universités. Souvent, l’engagement autochtone est principalement compris comme un exercice d’inclusion des peuples autochtones dans les efforts universitaires traditionnels. Au fur et à mesure que notre compréhension de l’engagement autochtone a évolué, l’idée selon laquelle cet enjeu concerne principalement l’inclusion de la voix autochtone a été tempérée par un autre domaine d’intérêt important – celui du savoir autochtone et de sa place dans les divers domaines disciplinaires.

Dans certains domaines d’intérêt universitaire, les perspectives autochtones sont représentées depuis longtemps. Dans certains domaines comme l’histoire, la littérature et le travail social, le contenu autochtone est depuis longtemps un aspect important du contenu des programmes. D’autres disciplines, comme celles des sciences, n’ont pas autant d’expérience en matière d’intégration de contenu et de perspectives autochtones dans leurs programmes. De nombreuses institutions publiques comme les universités et les districts scolaires s’engagent en faveur de la réconciliation et l’attention accrue accordée à des domaines d’études jusque-là sous-développés a conduit à mettre davantage l’accent sur les connaissances autochtones dans les sciences. Alors que nous nous efforcions auparavant d’inclure les peuples autochtones dans les activités scientifiques des universités, nous explorons et intégrons désormais également les perspectives autochtones dans l’effort scientifique. Comme il s’agit d’une évolution relativement récente dans de nombreuses facultés et écoles de sciences, il reste encore beaucoup à explorer et à discuter.

Sur la science

On peut dire que la science moderne s’intéresse fondamentalement à la production de modèles de la réalité par le biais de la recherche scientifique. En d’autres termes, la science est une entreprise par laquelle les gens s’efforcent de comprendre le monde naturel et les phénomènes qui y résident. Les produits de l’activité scientifique ont, à travers l’histoire et le présent (et parfois de manière imparfaite), aidé l’humanité en termes d’industrie, de santé et de sécurité, pour n’en citer que quelques-uns. Il ne fait aucun doute que la recherche et l’initiative scientifiques ont bénéficié au bien-être de l’humanité et constitueront un aspect essentiel de certaines des préoccupations pressantes de l’humanité telles que le changement climatique et les maladies transmissibles.

Malgré tous les avantages que l’on peut attribuer à la science moderne et à la méthode scientifique, on lui reproche parfois une incapacité relative à étudier certains aspects fondamentaux de l’expérience humaine, comme les valeurs humaines, les préoccupations morales et d’autres aspects importants de la conscience. Par exemple, bien que de nombreuses avancées en neurosciences aient contribué à développer une compréhension du fonctionnement du cerveau humain, la manière dont les humains se construisent une image de soi, établissent une boussole morale et jugent des qualités esthétiques d’un environnement, sont apparemment des domaines dans lesquels la science moderne ne peut apporter aucune contribution utile. L’une des raisons pour lesquelles, croit-on, la science est incapable d’étudier des questions comme celles-ci est due à l’une de ses caractéristiques centrales – la réduction scientifique – la réduction délibérée de phénomènes complexes en leurs éléments constitutifs pour faciliter l’étude du phénomène en question. L’un des arguments parfois avancés à ce sujet est le suivant : en décomposant des phénomènes complexes en éléments constitutifs à des fins d’étude et de compréhension, le caractère fondamental des phénomènes en question est obscurci ou, au pire, rendu impossible à étudier de manière adéquate.

Le processus de réduction scientifique a été exploré dans l'essai de Thomas Nagel intitulé What is it Like to be a Bat? Dans cet essai, Nagel s'est concentré sur le problème corps-esprit et sur la difficulté, voire l'impossibilité, d'étudier la conscience pour les scientifiques modernes. Il affirme que les méthodes considérées comme allant de soi par la communauté scientifique ont « ... conduit à l'acceptation de descriptions invraisemblables du mental, en grande partie parce qu'elles permettraient des types de réduction familiers ». 1 L’une des observations clés de Nagel dans son étude de la difficulté d’étudier scientifiquement la conscience est l’omniprésence de la conscience dans toutes les espèces ainsi que la place centrale qu’elle occupe dans la condition humaine. L’exploration par Nagel de la manière dont la conscience réside dans la condition humaine mène à son affirmation fondamentale : « un organisme a des états mentaux conscients si et seulement s’il y a quelque chose qui fait qu’il est cet organisme – quelque chose qui fait qu’il est cet organisme ».1

Les contributions de Nagel sur la conscience humaine sont présentées ici parce qu’elles reflètent une dimension importante des points de vue des visions du monde autochtones ; la compréhension de nous-mêmes, de notre monde et de notre relation avec lui et les uns avec les autres nécessite de prendre en compte les manifestations uniques des connaissances, du patrimoine et de la conscience autochtones.

Sur les connaissances et les sciences autochtones

L’accent mis sur les perspectives autochtones dans les sciences est important en raison de la différence de portée qui est fondamentale pour sa prise en compte – là où l’on pourrait employer une sorte de réductionnisme méthodologique aux fins d’une étude dans des contextes scientifiques familiers, ces contextes dans lesquels les peuples et les perspectives autochtones résident exigent des approches holistiques ouvertes aux dimensions physiques, mentales, émotionnelles et spirituelles de nous-mêmes et du monde dans lequel nous sommes en relation.

Souvent qualifiées de savoir écologique traditionnel, les traditions scientifiques autochtones s’écartent de l’approche anthropocentrique qui se reflète dans une grande partie de la recherche scientifique occidentale. Cette rupture avec l’hypothèse d’une hiérarchie où les humains se situent au sommet d’un monde soumis à nos besoins et à nos désirs n’est pas due à une différence d’orientation scientifique en soi, mais résulte plutôt de l’idée générale selon laquelle nous existons dans une relation non hiérarchique avec le monde.2 Nous constatons ici une compréhension émergente au sein du milieu universitaire canadien : l’effort scientifique pourrait être mieux servi en considérant comment les manifestations uniques du savoir, du patrimoine et de la conscience autochtones pourraient contribuer à une meilleure compréhension de nous-mêmes, de notre monde et de notre place dans celui-ci.

Au cours des dernières décennies, nous avons été témoins de développements passionnants, où de nombreux enseignants et chercheurs en sciences prennent au sérieux l’idée que le savoir autochtone peut être un atout pour leur travail. Les scientifiques issus des sciences biologiques intègrent le savoir autochtone dans leurs travaux sur la flore et la faune. De nombreux chercheurs en astronomie intègrent les connaissances et les histoires des corps célestes. De nombreux chercheurs en chimie étudient de près les impacts de la science et de l’industrie sur l’eau douce afin de déterminer son impact indésirable sur la vie humaine et animale et s’appuient sur le savoir autochtone pour éclairer leurs travaux.

Il semble que dans ces domaines et dans d’autres, tout en reconnaissant l’importance du cheminement vers la réconciliation, les scientifiques, les enseignants en sciences et les membres des communautés autochtones se soient demandés comment ils pouvaient intégrer les connaissances autochtones dans leur enseignement et leurs recherches. Ces conversations ne sont peut-être pas faciles, car elles nécessitent une volonté d’ajuster ses orientations scientifiques, qui peuvent être fortement ancrées. Cependant, grâce à l’initiative de certains membres de la communauté scientifique canadienne – en partenariat avec les peuples et les communautés autochtones – nous avons commencé à comprendre comment la science peut considérer les connaissances autochtones comme une voie vers la réconciliation.


Références

  1. Nagel, T. (2012). Questions mortelles. Presses universitaires de Cambridge.
  2. Aikenhead, G. et Michell, H. (2011). Relier les cultures : les approches autochtones et scientifiques de la connaissance de la nature. Pearson Canada.