Stimuler l'innovation, l'alimentation durable et l'autonomisation des femmes

Auteur:

Kelly Hodgins et Evan Fraser

Hodgins et Fraser
Hodgins Fraser

Le budget fédéral contient deux thèmes apparemment sans rapport qui positionneront le secteur agroalimentaire canadien pour stimuler la croissance économique. Ces thèmes contribueront également à réaliser l'aspiration du gouvernement à ce que le Canada devienne le fournisseur mondial de confiance d'aliments sûrs et durables.

Le premier thème est que le budget fédéral souligne l'importance du travail interdisciplinaire. Deuxièmement, il présente une stratégie solide pour approfondir le rôle des femmes dans l'innovation et l'entrepreneuriat.

Bien que ces thèmes puissent ne pas sembler immédiatement pertinents pour l'agriculture et l'alimentation, ils sont deux des aspects les plus importants sur lesquels se concentrer si nous voulons un système alimentaire prospère, durable et économiquement robuste.

Par exemple, le budget fédéral définit un objectif en quatre étapes pour l'autonomisation des femmes qui comprend : la collecte de données pour comprendre les écarts entre les sexes dans la main-d'œuvre actuelle ; reformater tous les programmes fédéraux d'innovation pour améliorer la participation des groupes sous-représentés, y compris les femmes; offrir aux femmes un meilleur accès au capital; et l'augmentation de la disponibilité du mentorat, du réseautage et du perfectionnement professionnel pour les femmes entrepreneures. Plaçant son argent là où il veut, le gouvernement fédéral s'est engagé à travailler avec Financement agricole Canada pour financer les femmes entrepreneures du secteur agroalimentaire. Cela aura des effets directs sur la catalyse des innovations agricoles.

Cependant, le financement seul n'est pas suffisant, et pour cette raison, nous sommes ravis de voir l'accent mis sur le quatrième pilier : "aider les entreprises dirigées par des femmes à se développer". La disponibilité des possibilités de développement des compétences et de formation est aussi importante – sinon parfois plus – que le financement.

Ici, à l'Université de Guelph, nous voyons le potentiel de l'agroalimentaire à la pelle. Le Canada est à l'aube d'une nouvelle révolution technologique très perturbatrice. Il y a quatre emplois disponibles pour chacun de nos diplômés de notre Collège d'agriculture de l'Ontario. Mais ce ne sont pas des "emplois agricoles" traditionnels : le système alimentaire de notre futur appelle des programmeurs d'applications, des entrepreneurs, des ingénieurs en robotique, des data scientists, des professionnels de la cuisine et des innovateurs sociaux. Les rôles traditionnels dans l'élevage, la science des cultures, la science du sol sont importants, mais la main-d'œuvre du futur système alimentaire est beaucoup plus multidisciplinaire.

Pour cette raison, l'Arrell Food Institute de l'Université de Guelph propose désormais des programmes uniques au premier cycle et aux cycles supérieurs pour amener les étudiants de toutes les disciplines à un apprentissage pratique, basé sur des projets, sur des sujets liés aux systèmes alimentaires (financé en partie par le Canadian Fonds d'excellence en recherche Apogée Canada du gouvernement, Food from Thought). En façonnant notre future main-d'œuvre, nous comprenons l'impératif d'impliquer les jeunes de toutes les disciplines, de toutes les compétences et de tous les horizons dans les sujets liés à l'alimentation et à l'agriculture, et nous sommes heureux de voir que le gouvernement fédéral reflète également un engagement supplémentaire envers l'interdisciplinarité dans ses programmes.

Il est également essentiel de fournir un espace pour l'incubation d'entreprises. Et des organisations telles que Food Starter à Toronto, ainsi que le nouveau programme « accélérateur » du Bureau de l'innovation en recherche de l'Université de Guelph contribuent à occuper ce créneau. Les deux ont connu une augmentation spectaculaire du nombre de candidatures de femmes et ont également connu une augmentation mesurée du nombre de projets entrepreneuriaux liés à l'agroalimentaire qui recherchent un soutien au développement des entreprises. Le boom des innovations agricoles, des startups alimentaires et des agriculteurs entrepreneurs est impossible à ignorer. Il est important qu'un soutien adéquat aux entreprises soit mis à disposition (par le biais des instituts d'enseignement supérieur, du secteur privé, des organisations à but non lucratif et du gouvernement) pour permettre à cette tendance de se poursuivre.

Le rapport du Conseil consultatif sur la croissance économique (alias le rapport Barton) a fixé un objectif pour le Canada : doubler nos exportations agroalimentaires et devenir le fournisseur mondial de confiance d'aliments durables au 21e siècle. La formation traditionnelle doit se combiner avec l'innovation sociale pour créer la prochaine génération d'entrepreneurs agricoles et alimentaires qui atteindra cet objectif.

Nous sommes fiers de prendre des mesures réelles et tangibles pour atteindre ces objectifs en développant et en gérant des programmes d'éducation et de formation pour façonner la prochaine génération d'acteurs innovants du système alimentaire à l'Université de Guelph. Dans ce travail, nous sommes soutenus par l'engagement évident du gouvernement fédéral envers les approches interdisciplinaires pour résoudre des défis complexes et envers les femmes entrepreneures tout au long du budget de 2018.