Une capsule temporelle du budget fédéral S&T - science, compétences et innovation

Auteurs):

Paul Dufour

Institut des sciences, de la société et des politiques publiques, Université d'Ottawa

Fellow et professeur associé

Portrait de Paul Dufour

La semaine dernière, l'actuel ministre fédéral des Finances a indiqué qu'il était temps de réinvestir dans les sciences, les compétences et la recherche dans le prochain budget. En effet, la communauté du savoir est gonflée par les attentes de répondre à certains éléments du rapport Naylor ainsi que les supergrappes nouvellement annoncées, distribuées au niveau régional et dirigées par l'industrie avec 950 millions de dollars d'argent des contribuables.

Rétrospectivement, il est important de reconnaître que le Canada n'a jamais eu de budget explicite pour la science ou l'innovation. Dans la mesure où les investissements dans le savoir font leur chemin dans la planification budgétaire, ils sont largement intégrés dans les récits politiques thématiques. Ainsi, lorsque le gouvernement libéral a annoncé une « économie forte et une société sûre » comme leitmotiv du budget de 1998-99, les investissements prévus pour les connaissances, les compétences et l'apprentissage dont les Canadiens avaient besoin étaient axés sur de meilleurs emplois et un meilleur niveau de vie dans la 21e siècle. Dans son budget subséquent, « Bâtir aujourd'hui pour un avenir meilleur », le gouvernement a investi plus de 1.8 milliard de dollars en 1999-2000 pour rendre la réalisation de ces objectifs plus accessible et plus abordable; y compris une promesse qui devait inclure plus de 300 millions de dollars par année dans les bourses d'études canadiennes du millénaire à compter de 2000.

En 1998-99, les libéraux dirigés par le premier ministre Jean Chrétien avaient amorcé une remontée par rapport aux coupes dans l'examen des programmes du milieu des années 90. Une Fondation canadienne pour l'innovation de 800 millions de dollars avait été créée en 1997 – le budget de 1999 devait augmenter ce montant de 200 millions de dollars pour aider la FCI à répondre aux demandes d'infrastructure de recherche. Les conseils subventionnaires fédéraux ont été rétablis à leurs niveaux de financement de 1994-95 et 405 millions de dollars supplémentaires ont été investis, la recherche en santé bénéficiant d'un plus grand soutien, en particulier pour la population autochtone.

Le CNRC, un favori éternel du financement gouvernemental, a reçu plus de financement; 55 millions de dollars ont été versés aux ministères et organismes gouvernementaux pour la recherche en biotechnologie et la diffusion des connaissances a été améliorée grâce à un nouveau financement par l'intermédiaire de CANARIE, Rescol et GéoConnexions pour rendre disponibles des données intégrées sur la géographie, l'environnement, les ressources et la population du Canada (en s'appuyant sur un rapport du Conseil consultatif sur l'autoroute de l'information de trois ans plus tôt). Un financement supplémentaire pour les Réseaux de centres d'excellence avec un montant supplémentaire de 90 millions de dollars a été annoncé ; et un engagement de 430 M$ sur trois ans a été pris envers l'Agence spatiale canadienne avec la promesse de stabiliser le financement à un niveau de 300 M$ annuellement.

Dans une large mesure, ce mouvement de réinvestissement dans le savoir avait été signalé dans la stratégie Science et technologie pour le nouveau siècle de 1996. Cette stratégie, élaborée au cours d'une longue période de consultation, énonçait plusieurs objectifs tels que la création d'emplois durables et l'amélioration de la qualité de vie ainsi que l'avancement des connaissances. Le plan examinait également les principales activités scientifiques et technologiques du gouvernement fédéral et décrivait un nouveau système de gouvernance fondé sur des mécanismes permettant de recevoir des conseils externes d'experts; une meilleure coordination interministérielle et une gestion plus efficace, ainsi que des principes de fonctionnement pour guider les ministères et organismes dans l'exécution et l'investissement dans la S et T.

Le rapport d'étape de 1998-1999 sur la stratégie fédérale en matière de S et T — Créer un élan — a souligné les réalisations alors que le Canada se préparait pour le millénaire. Le changement climatique mondial était à l'ordre du jour avec un effort pancanadien pour mettre en œuvre le Protocole de Kyoto sur les émissions de gaz à effet de serre. Les questions de gouvernance ont été traitées avec un conseil consultatif sur les S & T présidé par le premier ministre et un groupe consultatif interne pour la science du gouvernement fédéral, le Conseil des conseillers en science et technologie, et une Stratégie canadienne de la biotechnologie a été renouvelée. La capacité de prospective au sein de l'appareil fédéral a également été élargie grâce à l'Initiative de recherche sur les politiques.

Ces mesures sur une période de quatre à cinq ans ont mené à une renaissance de la recherche et de l'innovation au Canada. De nouvelles expériences telles que les chaires de recherche du Canada 2000, Génome Canada, les Instituts de recherche en santé du Canada, ont toutes contribué plus tard à combler diverses lacunes en matière de politiques, sans parler des préoccupations concernant l'exode des compétences et des talents.

L'anxiété – comme c'était le cas dans les années qui ont précédé 2000 – est toujours avec nous alors que nous tournons le coin du 150e anniversaire du Canada vers un monde incertain et fracturé où le Canada accueillera le Sommet du G7 en juin 2018. La superposition de la diversité, de l'équité entre les sexes, une politique fondée sur des données probantes et une innovation et une croissance inclusives, seront la toile de fond des efforts à venir.

L'avancée rapide de la technologie et ses effets perturbateurs dès les premières années d'Internet ont conduit à des perspectives prudentes. Comme le disait récemment le sous-gouverneur de la Banque du Canada : Nous savons que les avancées technologiques sont essentielles pour améliorer le potentiel de croissance d'une économie. La vague actuelle d'innovation - numérisation et automatisation - promet d'augmenter encore plus la croissance tendancielle de l'économie. Cependant, les progrès technologiques peuvent laisser les gens derrière. Et plus loin,

Il existe des preuves irréfutables que l'innovation a été une raison importante de l'augmentation des revenus. La recherche révèle également que la montée des inégalités peut entraîner des résultats macroéconomiques plus faibles et moins stables. Cela nous place, en tant que décideurs politiques, à la croisée des chemins. Choisissons-nous de rester sur la même route et de répéter le passé ? Ou devons-nous appliquer une nouvelle réflexion à la politique et choisir une nouvelle voie où l'innovation génère une croissance encore plus forte et plus inclusive ?

En effet, certains problèmes insolubles avec des choix difficiles nous font tous face aujourd'hui. Des engagements à long terme sont nécessaires. Nous attendons avec impatience le leadership continu de tous les secteurs au-delà du budget de la semaine prochaine. De toute évidence, les Canadiens devraient participer activement à ces choix avec la prochaine génération assoiffée de connaissances et férue de technologie.