COVID-19 et santé mentale

Publié le: mai 2020Catégories: Réponse à la COVID-19, Éditoriaux, Impacts sociauxMots clés:

Auteurs):

Shawna L.Thompson

Université McMaster - Programme d'études supérieures en neurosciences

Shawna Thompson

En raison de la pandémie de COVID-19, il est fort probable qu'il y aura une augmentation mesurable du nombre de Canadiens souffrant de problèmes de santé mentale et neurologiques. Les causes de ces troubles cérébraux peuvent résulter directement d'une infection au COVID-19, comme les patients ayant des accidents vasculaires cérébraux causés par le virus augmentant la coagulation à des niveaux pathogènes [Beyrouti et al. 2020], ou indirecte, comme les personnes souffrant de symptômes anxieux et dépressifs exacerbés par l'incertitude et l'isolement [Domènech-Abella et al. 2019]. Les recherches sur les épidémies passées ont montré que les mères infectées par certains virus à des moments précis de leur grossesse sont beaucoup plus susceptibles de donner naissance à un enfant qui sera plus tard diagnostiqué avec un trouble du spectre autistique ou une schizophrénie [Patterson 2009]. Cela signifie que nous pourrions faire face aux conséquences de cette pandémie pendant des décennies, surtout si les Canadiens continuent d'être infectés en nombre croissant avant qu'un vaccin efficace ne soit disponible.

Ce problème met en évidence la nécessité de réponses proactives de la part des gouvernements fédéral et provinciaux du Canada, des scientifiques et chercheurs canadiens et des responsables de la santé publique. Il est plus important que jamais pour nous de glaner des informations sur les épidémies et pandémies du passé, ainsi que sur les épidémies de santé mentale actuelles. Il est possible d'atténuer ou d'éviter certains des pires effets en soutenant des groupes dont les recherches récentes ont montré qu'ils sont vulnérables, tels que les peuples autochtones, les agriculteurs, les étudiants diplômés et les prestataires de soins de santé.

Il existe plusieurs institutions et politiques canadiennes en place qui sont bien placées pour répondre à la perspective d'un besoin accru d'initiatives sur la santé du cerveau dans les mois et les années à venir alors que nous faisons face à cette pandémie. Tout d'abord, nous pouvons nous assurer que la politique et le financement sont en place pour les soutiens en santé mentale existants, à la fois les services de proximité et les ressources publiques. Plus les Canadiens ont maintenant un meilleur accès au soutien en santé mentale, moins il faudra de ressources pour faire face aux crises à l'avenir.

Sur cette note, nous devons nous assurer que les personnes vulnérables disposent du financement et de l'accès aux ressources financières nécessaires pour garantir l'accès à la nourriture, au logement et à d'autres besoins essentiels. Le stress est un facteur précipitant pour de nombreux troubles de santé mentale et neurologiques, donc soutenir nos citoyens maintenant coûtera presque certainement moins cher aux contribuables que de payer pour les soins de santé plus tard.

Nous pouvons également investir maintenant dans la recherche, la science, l'ingénierie, la santé publique et l'épidémiologie, entre autres domaines. Alors que certains domaines scientifiques sont clairement importants à stimuler en cas de pandémie (y compris l'épidémiologie, la microbiologie, l'immunologie et la médecine), il est essentiel que nous élargissions notre vision maintenant pour nous assurer que les informations clés provenant de domaines moins évidents sont utilisées aussi rapidement et efficacement que possible. . Par exemple, des recherches récentes de la ville de New York suggèrent que l'AVC aigu est un symptôme de l'infection au COVID-19 chez certains patients [Avula et al. 2020]. L'AVC nécessite une assistance médicale d'urgence rapide, donc si des personnes qui ne seraient généralement pas à haut risque d'AVC sont maintenant dues à une infection au COVID-19, la sensibilisation du public à cela pourrait sauver des vies et atténuer les symptômes permanents chez les personnes touchées. Le financement de recherches comme celle-ci est primordial pour nous assurer que nous sommes aussi préparés que possible aux futures vagues d'infection. Il est également important de s'assurer que la recherche sur les problèmes de santé secondaires à l'infection, ou chez les personnes non infectées, soit également financée par les organismes subventionnaires canadiens. La recherche en santé mentale est encore plus importante pendant cette pandémie qu'elle ne l'était auparavant, nous devons donc nous assurer que les neurosciences sont financées et que les chercheurs peuvent accéder à leurs laboratoires et cliniques en toute sécurité.

Les initiatives d'application des connaissances sont également essentielles à notre réponse à la COVID-19 et méritent également un soutien politique et financier. Les Canadiens doivent avoir accès à de bons renseignements sur les pratiques qu'ils peuvent adopter pour maintenir une bonne santé mentale en période de stress élevé et à des ressources en cas de maladie mentale. Savoir quand demander de l'aide professionnelle et auprès de qui peut minimiser le fardeau de notre système de santé surchargé et empêcher les personnes non infectées d'avoir besoin de se rendre aux urgences, où elles sont plus susceptibles d'être exposées au COVID-19. Nous pouvons également inciter le public à participer à la recherche en tant que patients ou témoins sains, et les encourager à lire et à soutenir la science canadienne.

Dans l'ensemble, la meilleure façon pour le Canada de se préparer et de réagir à cette pandémie est d'agir rapidement et avec prévoyance, afin que nous puissions investir maintenant dans la science et la recherche qui nous protégeront des répercussions beaucoup plus importantes pour les générations à venir.

Bibliographie
Avula, A. et al. Cerveau Behav Immun. 2020;S0889-1591(20)30685-1.
doi : 10.1016/j.bbi.2020.04.077.En ligne avant impression.

Beyrouti, R. et al. J Neurol Neurosurg Psychiatrie. 2020 avril 30;jnnp-2020-323586.
doi : 10.1136/jnnp-2020-323586. En ligne avant impression.

Domènech-Abella, J et al. J Affect Disord. 2019er mars 1;246:82-88.
doi : 10.1016/j.jad.2018.12.043. Publication en ligne du 2018 décembre 17.

Patterson P. Behav Brain Res. 2009 décembre 7 ;204(2):313-21.
doi : 10.1016/j.bbr.2008.12.016. Publication en ligne du 2008 décembre 24.